samedi, février 8, 2025

Sénégal : la Banque mondiale et le gouvernement œuvrent pour améliorer l’employabilité des diplômés

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Une table ronde organisée jeudi à Dakar par la Banque mondiale et le gouvernement sénégalais a permis de mettre en exergue les initiatives en cours pour améliorer les liens entre les universités, les entreprises et le marché de l’emploi. Un thème central : comment préparer les jeunes diplômés à répondre aux exigences d’un monde du travail en constante évolution.

« Nos établissements d’enseignement supérieur doivent évoluer pour former des citoyens capables de répondre aux exigences d’un monde où les compétences numériques, l’innovation et la flexibilité professionnelle sont devenues essentielles », a déclaré Abdourahmane Diouf, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, lors de cette rencontre.

Le ministre a présidé cette table ronde intitulée « Vers une meilleure employabilité des diplômés de l’enseignement supérieur au Sénégal : pratiques innovantes et opportunités mondiales ». Co-organisée par la Banque mondiale et la Société financière internationale (IFC), la discussion a abordé les défis actuels et les solutions à mettre en place pour améliorer l’employabilité des jeunes diplômés et accélérer la transformation numérique dans l’enseignement supérieur.

Un défi majeur à relever

Le ministre Abdourahmane Diouf a souligné que le Sénégal se trouve à un « tournant décisif » et que sa jeunesse, qui représente une part importante de la population, doit être préparée à un marché du travail en constante transformation. Il a précisé que plusieurs mesures ont été mises en place pour renforcer l’employabilité des diplômés. Parmi celles-ci : la révision des programmes d’enseignement pour intégrer des compétences pratiques et numériques, le renforcement des partenariats publics-privés, et un suivi précis de l’insertion professionnelle des diplômés.

Pour renforcer cet engagement, le ministre a annoncé que des contrats de performance seront signés entre le ministère et les universités publiques avant la fin du mois de mars prochain. Ces contrats visent à assurer une meilleure adéquation entre les formations et les exigences du marché du travail.

Des solutions concrètes et des partenariats innovants

Keiko Miwa, directrice des Opérations de la Banque mondiale au Sénégal, a présenté les efforts de l’institution pour renforcer cette adéquation. Elle a mis en avant l’exemple de l’Institut supérieur d’études professionnelles (ISEP) de Thiès, qui offre une formation axée sur les compétences numériques et les besoins réels des entreprises. Ce modèle a inspiré le projet ESPOIR-JEUNES, co-financé par la Banque mondiale et l’Agence Française de Développement (AFD), qui prévoit de créer huit nouveaux établissements similaires dans des régions stratégiques du pays.

L’experte a également souligné un paradoxe frappant : malgré l’expansion de l’enseignement supérieur, le taux de chômage reste élevé parmi les diplômés. Une étude de 2022 a révélé que le taux de chômage des personnes hautement qualifiées est deux fois plus élevé que celui des personnes ayant un niveau d’éducation de base. Ce constat met en évidence la nécessité d’un lien plus étroit entre le système éducatif et le monde professionnel.

L’importance de l’intelligence artificielle et de la littératie numérique

La représentante de la Société financière internationale (IFC), Nouma Dione, a évoqué les profondes mutations que traversent les établissements d’enseignement supérieur. Elle a insisté sur l’importance d’intégrer l’intelligence artificielle (IA) et la littératie numérique dans les programmes d’études, afin de répondre aux exigences croissantes des employeurs dans un monde de plus en plus digitalisé.

L’experte a rappelé que l’IFC, au cours des 25 dernières années, a investi plus de 3,1 milliards de dollars dans des solutions éducatives innovantes pour soutenir le développement du capital humain. Selon elle, cette transformation numérique est essentielle pour préparer les jeunes aux métiers de demain.

Cette rencontre a été une occasion de souligner la nécessité de repenser les méthodes d’enseignement pour mieux préparer les jeunes diplômés aux défis d’un marché de l’emploi de plus en plus exigeant et technologique. Une chose est certaine : le Sénégal, en s’engageant sur cette voie, entend bien être un acteur clé dans la formation des talents du futur.