lundi, novembre 25, 2024

Mieux protéger les projets de recherche pour capter des financements

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A cette occasion, vingt-six enseignants-chercheurs et chercheurs ont été sensibilisés et formés sur la propriété intellectuelle, trente-un sur la recherche de financement et vingt-neuf étudiants à la rédaction de projets de recherche.

L’objectif étant de rendre leurs travaux à venir plus pertinents pour pouvoir capter des financements grâce à une protection intellectuelle adéquate et impacter le développement socio-économique de nos pays.

Selon Arnaud Kevin Dagnoro, membre du Conseil Scientifique du FONSTI, il s’agissait « vraiment de rapprocher la science des populations parce que l’enjeu de la science, ce n’est pas de faire la science pour la science (…), mais c’est une production de connaissances qui doivent penser non seulement les problèmes de société mais résoudre ces problèmes. Donc, les universités doivent s’ouvrir de façon générale, être en partenariat avec les entreprises, les secteurs public et privé, travailler utile. »

« On est plus dans le paradigme de la recherche utilitaire », afin de permettre aux entreprises et aux communautés de « tirer profit des réflexions des universitaires », défend Arnaud Kevin Dagnoro qui estime qu’avec le peu de financements disponibles, « il est possible de faire mieux ».

Roger Lebeau, sous-directeur chargé de la recherche à l’université Alassane OUATTARA reconnaît que « la recherche scientifique coûte cher ». Il pense que c’est peut-être une des raisons du peu d’intérêt des enseignants d’université à s’intéresser à la recherche.

Il estime néanmoins que la formation à une meilleure présentation des projets pourrait être une solution de captation de financement. D’autant plus que, soutient-il, c’est la recherche qui peut bien positionner les universités ivoiriennes parmi les autres universités.

Université innovante

Chantal Palé, épouse Koutouan, secrétaire générale adjointe de l’université Alassane Ouattara, a salué cet appui technique du FONSTI qui entend positionner la recherche scientifique au cœur du développement national. « Nous ne sommes pas encore à la hauteur des attentes du développement. Et donc, cette formation nous aide à atteindre notre objectif qui est d’avoir une université innovante », a-t-elle affirmé.

L’expert-formateur de l’UNESCO, Léon Rivière Komenan, a, pour sa part, mis en relief les faiblesses du système universitaire ivoirien et des bénéficiaires de la formation en matière d’accès au financement.

Il a estimé que des objectifs clairs devraient être édictés pour les UFR, le tout, inclus dans la feuille de route de l’université elle-même. A partir de ce paradigme, les travaux de recherche pourront s’inscrire dans le Plan national de développement 2021-2025 de la Côte d’Ivoire ainsi  que dans l’Agenda 2063 de l’Union Africaine et les Objectifs de développement durable des Nations unies.

« Aujourd’hui, il est question d’aider à capitaliser un peu l’impact social des travaux de recherche afin de pouvoir transformer la recherche de financement liée à l’émotion pour pousser les bailleurs de fonds à inverser la tendance », recommande-t-il.

Ainsi, il a préconisé l’implication des industriels, des ONG et des anciens étudiants des universités publiques devenus travailleurs pour pallier au déficit infrastructurel de leurs anciennes universités. « L’africain a un certain nombre de connaissances, il est question de valoriser ces connaissances endogènes aujourd’hui reconnues par le milieu scientifique mondial », ajoute Léon Rivière Komenan.

Plagiat

Sévérin Konin de l’université Félix Houphouët-Boigny s’est appesanti sur la question du plagiat et des similitudes dans les projets de recherche, faisant ressortir les capacités des chercheurs africains dont les travaux sont peu protégés.

A l’en croire, la protection de la propriété intellectuelle est un critère de premier choix. « Car, un organisme de financement ne va pas s’amuser à financer un projet issu d’un plagiat ; l’organisme va se décrédibiliser ainsi que le chercheur. C’est un critère de premier plan dans l’évaluation du financement », martèle ce chercheur.

Il regrette au passage le fait qu’aucune université de la région subsaharienne ne figure dans le classement des publications scientifiques mondiales qui sont en constante augmentation. Il sollicite dès lors une revalorisation des budgets alloués à la recherche scientifique dans nos pays. « Car, on ne peut rien faire avec 10 millions FCFA dans une université publique », dit-il.

Selon Alexis Kouamé de l’Organisation internationale de la propriété intellectuelle (OIPI), « entre 2010 et 2021, la proportion des brevets déposés par les chercheurs africains se situe entre 0,5 et 0,6% quand la Chine, avec 67.6% représente plus de la moitié des brevets déposés dans le monde ».

Il a soutenu que « la propriété intellectuelle confère un monopole d’exploitation de l’actif pendant un certain temps, constitue un moyen de sécurisation des investissements et un moyen de financement de la recherche scientifique ».

Les sanctions au plagiat ont été présentés à la cible de cette formation tout en relevant les avantages et inconvénients du numérique dans un monde interconnecté.

Par : Issiaka N’Guessan  Scidev

Cet article a été produit avec le soutien de l’Initiative des organismes subventionnaires de la recherche scientifique (IOSRS), qui vise à renforcer les capacités institutionnelles de 17 agences publiques de financement de la science en Afrique subsaharienne.