mercredi, décembre 25, 2024

AfriCatalyst appelle à la mise en place d’un cadre d’obligations africaines pour la réduction du méthane afin de financer les actions en faveur du méthane

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AfriCatalyst, un important groupe de conseil en développement mondial basé à Dakar, a exhorté les dirigeants africains à élaborer un cadre pour l’émission d’obligations africaines de réduction du méthane (AMAB).

Cet appel urgent accompagne le lancement du rapport novateur d’AfriCatalyst qui met en lumière l’augmentation alarmante des émissions de méthane sur le continent et souligne la nécessité d’une action mondiale immédiate pour mobiliser les ressources nécessaires à la résolution de cette crise environnementale.

Le rapport révèle que les émissions de méthane en Afrique ont augmenté à un rythme annuel de 2 % entre 1990 et 2022, contribuant ainsi à hauteur de 14 % au total des émissions mondiales de méthane.

Notamment, 19 pays africains sont responsables de 80 % des émissions de méthane du continent, le Nigeria, le Soudan, la République démocratique du Congo et l’Égypte contribuant à la moitié du total. Ces émissions proviennent principalement du secteur agricole (51 %), de la production d’énergie (35 %) et de la gestion des déchets (14 %).

Dans ce rapport, AfriCatalyst a identifié plusieurs pistes pour stimuler le financement intérieur et extérieur de la lutte contre le méthane en Afrique. Son lancement fait suite à une table ronde de haut niveau organisée par AfriCatalyst en novembre 2023, sur le thème « Financer l’action sur le méthane en Afrique ».

« Le financement de la lutte contre le méthane se heurte à un certain nombre de difficultés. Le premier concerne la sensibilisation limitée à la réduction du méthane en Afrique et à la manière de financer les efforts de réduction du méthane sur le continent. Il est évident que si nous avons des objectifs ambitieux de réduction du méthane en Afrique, nous pourrons certainement faire en sorte que le continent respecte ses engagements dans le cadre de l’accord de Paris », a fait remarquer Daouda Sembene, PDG d’AfriCatalyst et co-auteur du rapport.

Selon AfriCatalyst, un effort de collaboration entre les 19 principaux émetteurs africains de méthane pourrait débloquer des fonds supplémentaires en tirant parti des financements disponibles auprès de divers partenaires, y compris les subventions de l’Union européenne (UE) qui pourraient s’élever à près de 6,4 milliards d’euros dans le cadre de L’instrument européen pour le voisinage, le développement et la coopération internationale – Europe globale (NDICI). Ce soutien financier pourrait être complété par une assistance technique de la part d’institutions réputées telles que la Banque africaine de développement (BAD), le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale.

Reconnaissant que des financements supplémentaires ne suffiront pas, AfriCatalyst appelle également à des solutions innovantes alignées sur les réalités et les circonstances spécifiques du continent. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), les dépenses nécessaires pour les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire s’élèvent à 6,8 milliards de dollars, tandis que le continent a besoin de 15 à 20 milliards de dollars pour réduire les émissions de méthane liées à l’énergie de 75 % d’ici 2030. Des stratégies innovantes, telles que la mobilisation accrue des recettes nationales, la mobilisation de fonds philanthropiques et le recyclage des droits de tirage spéciaux (DTS) par l’intermédiaire de banques multilatérales de développement comme la Banque africaine de développement (BAD), pourraient permettre de combler ce déficit.

« L’Afrique est la région la moins risquée pour l’investissement – le taux de défaillance pour les projets financés n’est que de 5,5 %, le plus bas au monde », a fait remarquer Abdoul Salam Bello, directeur exécutif du Groupe Afrique II au sein du Groupe de la Banque mondiale, lors du webinaire en novembre. « Nous devons changer la vision du risque en exploitant les technologies numériques, en explorant les financements concessionnels et en créant un guichet unique pour tous les instruments d’investissement. »

Dr. Al-Hamndou Dorsouma, chef de division, Climat et Développement de la Croissance Verte au sein du Groupe de la Banque Africaine de Développement, a ajouté : « L’année dernière (2022), la Banque africaine de développement a alloué 45 % de son financement budgétaire à l’action climatique, et nous sommes déterminés à atteindre les objectifs de l’Accord de Paris d’ici 2025 en appliquant des outils de comptabilité des gaz à effet de serre pour estimer la réduction des émissions de méthane de chacun de nos projets. »

Dans son rapport, AfriCatalyst envisage l’émission d’obligations africaines pour la réduction du méthane (AMAB) comme une étape cruciale vers la mobilisation de financements innovants pour soutenir la formulation et la mise en œuvre de mesures de réduction du méthane décrites dans les plans nationaux des pays.

Le système AMAB créerait également un véhicule d’investissement privé pour soutenir les petites et moyennes entreprises (PME) et les entrepreneurs africains dans le développement de pratiques contribuant à la réduction des émissions de méthane.