Il y a quelques décennies, les institutions internationales de financement, les partenaires techniques et financiers et les idéologues du retardement des pays en développement ont introduit dans les politiques publiques la notion de « lutte contre la pauvreté ».
En Afrique, où le Fonds monétaire international (FMI) a pignon sur rue, fait la pluie et le beau temps, l’idéologie de la lutte contre la pauvreté a largement pénétré les élites africaines, les cadres et les classes moyennes.
Il est souvent difficile de compter dans un pays africain le nombre d’ONG et d’institutions qui s’occupent de lutte contre la pauvreté.
Nombreux sont les pays africains qui sont voués à ne faire que de la lutte contre la pauvreté à travers des politiques misérabilistes qui ne peuvent, au plus, qu’atténuer la pauvreté.
Si les bourses familiales, les cash, l’aide alimentaire soulagent les familles éprouvées cependant ces actions, qui ne peuvent être soutenues éternellement, n’ont, nulle part au monde, éliminé la pauvreté.
Coincés entre la cravache des échéances de remboursement de la dette qui peuvent en aucun cas être reportées, beaucoup de pays africains ont perdu tout espoir de transformation radicale des conditions de vie de leurs populations.
Beaucoup de pays africains, derrière une communication mensongère de mise en œuvre de politiques d’émergence économique, se complaisent en réalité dans l’exécution de recettes d’atténuation de la pauvreté.
Cette stratégie, sournoise, inélégante et de misérabilisme, acceptée par les pouvoirs politiques, est un échec patent.
La pauvreté est là, criarde, envahissante et décourageante.
Des pans entiers de la classe moyenne ont vu leurs revenus s’effondrer rejoignant ainsi les populations désormais à soutenir. Cette situation prive de soutien les franges de la population qui dépendaient économiquement et financièrement de ces couches plus favorisées.
Il y a une part d’éthique dans les choix des politiques économiques et sociales.
Comme tous les pays sont d’égale dignité, le choix de politique économique et social valorisant, qui confère la dignité et qui démontre la confiance en soi, est celui qui ouvertement, à haute et intelligible voix, s’assigne comme objectif d’enrichir les populations du pays.
Effectivement les africaines et les africains devront devenir riches! C’est une ambition légitime!
Il y a comme un complexe d’infériorité qui traverse l’essentiel de la classe politique africaine.
Les hommes politiques africains ont peur de dire que leur objectif est d’enrichir les populations africaines.
Les populations, elles-mêmes, ont du mal à croire que les ressources extractives, naturelles, culturelles, humaines et sociales, dont regorgent les pays africains, sont suffisantes pour les enrichir et, par conséquent, enrichir les pays africains.
Il est en effet incompréhensible de voir partir vers l’Europe des migrants venant de pays africains qui ont tellement de richesses naturelles qu’ils apparaissent comme des miracles géologiques.
Les politiques de lutte contre la pauvreté participent au travail de sape morale et psychologique des populations africaines notamment de la couche la plus prometteuse et la plus fragile que représente la jeunesse.
Une rupture radicale s’impose.
Nous devons vouloir ce que les populations les plus en vue du monde veulent.
Nous devons désirer ce que n’importe quel citoyen d’un pays développé désire.
Pour y arriver nous devons nous imposer les mêmes exigences de résultat, de réussite, de succès et de vertu que les pays les plus avancés.
La transformation des mentalités deviendra une réalité en Afrique lorsque les citoyens auront l’intime conviction que s’enrichir licitement est possible en Afrique, grâce au travail, au savoir faire, à l’intelligence, dans un environnement économique, social, numérique, aux mains des africains et particulièrement incitatif pour les jeunes.
Nous ne resterons pas éternellement pauvres.
Un jour à venir, très bientôt, nous deviendrons riches.
C’est une certitude !
Prof Mary Teuw Niane