mercredi, décembre 25, 2024

Aurélie Adam Soulé Zoumarou, bras armé digital de Patrice Talon pour la transformation numérique du Bénin

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Dans sa dynamique de généralisation des e-services et d’accélération de la digitalisation de l’administration publique béninoise au profit des citoyens et des entreprises, le gouvernement béninois a procédé le 26 mars 2020 à Cotonou, au lancement du portail national des services publics www.service-public.bj. Une plateforme de procédures administratives mise en place pour centraliser les services publics.

Dans le confort de leur salon ou très loin dans leur village, les citoyens béninois ont donc accès à près 250 services publics à travers leurs terminaux connectés. 246 services plus précisément au 01er août 2023. 37 services dématérialisés et 31 e-services de l’administration y sont regroupés et disponibles sur ce guichet unique.

Dans la même lancée, la Direction générale du Budget du ministère de l’Économie et des Finances a mis en ligne le 12 avril 2023 cinq nouveaux e-services sur sa plateforme. Il s’agit des services relatifs au relevé des salaires ; au relevé des pensions ; à la domiciliation bancaire ; au bulletin de visite médicale et à la demande de capital décès.

De nouveaux services mis donc à la disposition des fonctionnaires de l’État, des fournisseurs de prestations à l’administration, des pensionnés du Fonds national des retraités du Bénin (FNRB) pour tout besoin de ces différents services et le suivi du traitement de leur dossiers.

Le gouvernement de Patrice Talon ambitionne ainsi de faire de la transformation numérique de l’administration publique une réalité avec la mise en place des outils numériques et la dématérialisation des processus administratifs.

Il est aussi question de moderniser les réseaux informatiques des administrations et institutions, de former ses agents tout en favorisant la synergie entre les secteurs public, privé et autres et bien entendu d’accroitre le nombre de services sur le portail national des services.

A la manœuvre de tous ces projets de digitalisation de l’administration publique béninoise, la jeune, dynamique et élégante ministre du Numérique et de la Digitalisation Aurélie Adam Soulé Zoumarou.

Âgée de 39 ans seulement, c’est elle qui coordonne depuis 2017 le projet de mise en œuvre de l’administration intelligente ou encore la phase 2 du Smart Gouv prévu dans le Programme d’actions du gouvernement pour le quinquennat 2021-2026.

Ce projet évalué à environ soixante-quatorze milliards de francs CFA intègre le renforcement des services publics et leur digitalisation en vue de faciliter la vie aux populations.

Face aux journalistes africains réunis à Cotonou ce 02 août 2023, Aurélie Adam Soulé Zoumarou a accepté de partager les recettes du succès du Bénin dans la digitalisation des services publics, mais également les défis et les réformes engagés. Digital Business Africa vous livre ses explications.

Au sujet du portail national des e-services

“En ce qui concerne la plateforme d’interopérabilité et le portail des e-services, nous nous sommes inspirés du modèle estonien. Mais, cela ne nous a pas empêché à demander que cela soit mis en œuvre avec une structure locale qui, aujourd’hui, est tout à fait en capacité de continuer le travail.

D’autant plus qu’au niveau de notre agence publique (Agence des Systèmes d’Information et du Numérique – ASIN, Ndlr), nous avons des collaborateurs compétents qui développent ces e-services et mettent en œuvre les évolutions de la plateforme.

Nous avons capté ce transfert de compétences et nous sommes en mesure aujourd’hui d’aller de l’avant. Et c’est ce que nous faisons partout. Le dernier exemple que je peux donner c’est au niveau des services de sécurité numérique.”

Sur l’implication des Béninois dans les projets de sécurité numérique

“En application de certaines dispositions réglementaires, nous avons décidé de signer un arrêté ministériel sur les fournisseurs de services de sécurité numérique. C’est un volet important pour nous. Parce que nous ne voulons pas des structures internationales qui viennent et qui ne sont pas acclimatées à nos réalités en terme de sécurité numérique.

Désormais au Bénin, toute structure qui veut fournir des services de Sécurité Numérique aux entités publiques doit remplir un certain nombre de critères. Parmi ces critères, avoir un certain nombre de Béninois dans leurs équipes.

Par ce biais, nous allons créer un écosystème de compétences autour de la sécurité numérique au Bénin. La vision est d’avoir un arsenal de compétences disponible pour les besoins nationaux de sécurité numérique.”

Sur l’hébergement des données publiques

Nos données sont hébergées dans notre data center national construit et équipé. C’est un data center tier 3. C’est le grand avant le plus haut. Nous avons dans ce data center toutes les infrastructures nécessaires pour héberger nos données au plan national.

Tous nos projets sont hébergés dans ce datacenter. Cela ne veut pas pour autant dire que nous n’allons pas dans le cloud. Il y a des projets pour lesquels nous avons démarré la mise en production dans le cloud.

Mais, nous nous assurons toujours que nos données soient protégées et lorsque nous terminons le projet, nous nous assurons que les données soient hébergées au Bénin. C’est très important pour nous.

Nous avons d’ailleurs dans le code du numérique toute une section consacrée à la protection des données. Nous avons une autorité dédiée à la protection des données personnelles qui agit avec beaucoup de conviction.

Pour nous, il ne fait aucun doute qu’il faut que nos données restent au Bénin. C’est important. Surtout pour une stratégie IA.”

Sur le coût de la data

“Au Bénin, il y a de la data pour toutes les bourses. Avec 100 francs Cfa, vous avez de la data au Bénin. Selon l’Alliance for Abordable Internet, le Bénin a fait un bon positif en termes d’accessibilité des coûts. Nous sommes sur une trajectoire positive et nous allons continuer de cette façon.”

Au sujet des centres numériques communautaires

“Nous disposons des centres numériques communautaires où les populations peuvent aller se connecter sur Internet. Sans forcément avoir besoin de disposer d’un ordinateur qu’elles y retrouvent. Ces centres où vous pouvez accéder à l’internet et aux services en ligne sont présents partout dans le pays.”

Sur l’identité numérique

“En ce qui concerne l’identité numérique, nous avons commencé par un recensement de la population en 2016. Ce qui nous a permis d’avoir plus de 10 millions d’entrées dans la base du registre national des personnes physiques qui existe et qui est aujourd’hui exploité. C’est sur cette base que nous délivrons des cartes nationales d’identité qui sont des cartes biométriques à puce.

Chaque personne qui retire sa CNI a accès à une identité numérique. Ce qui lui permet de faire beaucoup de choses. Dans le volet social par exemple, il y a l’assurance. L’État a décidé de fournir une assurance gratuite aux pauvres extrêmes du Bénin.”

“Nous avons pu par la même occasion leur délivrer cette carte avec une puce et c’est avec cette carte que toutes ces personnes vont dans les centres de santé où nous avons un lecteur par le biais duquel on arrive à les identifier et à savoir qu’ils font partie du programme de gratuité.

Beaucoup d’autres services vont suivre. L’Agence nationale d’identification des personnes (ANIP) a aussi dématérialisé l’ensemble des services. Les demandes de CNI, les demandes d’acte de naissance sont digitalisées.

Dans nos centres de santé, vous avez des personnes attitrées qui ont un terminal et à chaque naissance ils déclarent à distance par le biais d’un processus mis en place par l’ANIP.”

Des frais supplémentaires pour les services publics en ligne ?

“Il n’y a pas des surcoûts ajoutés aux frais des services publics dématérialisés. Si vous aviez l’habitude de payer 10 000 F.Cfa pour un service public, ce même service en ligne coûte toujours 10 000 F.Cfa.

Le surcoût peut intervenir au niveau des frais d’envoi imposés par les opérateurs d’argent mobile qui ont un barème qu’ils appliquent pour ces paiements. L’administration publique ne prend pas de surcoûts. Même pour les barèmes retenus par les opérateurs, nous sommes allés plus loin.

Avec le ministre des Finances, nous avons travaillé avec les opérateurs pour avoir une structure de prix différente.

Par exemple, lorsque vous payez pour la facture SBEE (eau et électricité), quel que soit le montant de votre facture, vous ne payerez jamais plus de 1000 F.Cfa de frais.

Si le barème de l’opérateur vous permettait de payer un montant inférieur à 1000 F.Cfa, vous payez ce montant-là. Par exemple, si votre facture est de 5 000 F.Cfa, les frais sont autour de 550 Francs.

Par contre, si vous êtes une entreprise et que vous voulez payer une facture de 200 000 F.Cfa, cela vous aurait peut-être coûté 5000 francs Cfa. Ce que nous avons convenu avec les opérateurs c’est que vous ne payerez pas plus de 1000 F.CFa.”

Sur la lutte contre la cybercriminalité

“Nous sommes très conscients de l’importance de notre sécurité numérique. Il y a une agence qui s’en occupe (l’Agence des systèmes d’information et du numérique, Ndlr)). Nous avons des structures comme l’OCRC (Office central de répression de la cybercriminalité au Bénin) également qui s’en occupe.

Nous avons des infrastructures comme le laboratoire d’investigation numérique où nous avons la possibilité d’asseoir une unité technologique autour de la cybersécurité. Nous entendons compléter ces investissements dans le futur.”

Propos recueillis par Beaugas Orain DJOYUM

(Source : Digital Business Africa, )