samedi, novembre 23, 2024

Chérif Ndiaye: Le Sénégal dont je rêve

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Créer une classe moyenne productive et encourager l’esprit entrepreneurial

Comme nous le savons tous, l’entrepreneuriat peut être un générateur crucial d’emplois et contribuer largement au développement économique d’un pays. Globalement, les entrepreneurs et les petites et moyennes entreprises (PME) sont largement considérés comme vitaux pour les économies nationales, en particulier parce qu’ils créent une part plus importante des emplois que les autres employeurs.
Mais – mes amis entrepreneurs ne me contrediront pas – être entrepreneur s’avère souvent difficile, malgré la passion et la volonté de réussir dont font preuve ces Femmes et ces Hommes qui ont choisi d’accompagner le développement de leur pays : lorsqu’on démarre son parcours entrepreneurial, on doit croire en soi et trouver la motivation de se lancer (quelques fois seul), il faut trouver des personnes et/ou institutions qui acceptent de nous accompagner financièrement, convaincre les clients qu’on leur propose le meilleur produit (au meilleur prix, ce qui n’est pas non plus évident au pays du wakhalé 1 systématique), tout en dirigeant une organisation d’employés qui croient en l’entreprise.
Autant d’intervenant qui peuvent faire grandir ou tomber une jeune entreprise.
Et c’est là que nos gouvernants entrent en jeu. Nous savons tous que les politiques et principes gouvernementaux sont importants pour le succès de l’entrepreneuriat dans n’importe quel pays.
Dans un de mes billets, je vous disais d’ailleurs que le gouvernement sénégalais avait investi sur les entrepreneurs, notamment avec la mise en place de la DERFJ (Délégation à l’Entrepreneuriat Rapide des Femmes et des Jeunes) qui finance les jeunes et les femmes pour le développement de projets générateurs de revenus pour eux et leurs communautés, la mise en place d’un Guichet Unique facilitant les formalités de création d’entreprise et même la réduction des frais de création.
Malheureusement, malgré ces efforts louables, force est de reconnaître que l’environnement n’est pas encore tout à fait favorable à l’esprit entrepreneurial qui est en train de se développer au Sénégal.
En étudiant les pays africains qui « bougent » (Kenya, Nigeria, Rwanda…), on se rend compte que leurs gouvernements, qui se positionnent comme des acteurs clés de leur écosystème entrepreneurial, élaborent et mettent en œuvre des structures axées sur la croissance et qui permettent le développement des entreprises.
Alors je me dis « pourquoi ne pas capitaliser sur les bonnes pratiques qui ont fait leurs preuves ailleurs ? », en mettant en œuvre des politiques incitatives, qui favoriseront la création d’entreprises, dont voici quelques exemples.
1. Accès au financement pour les PME et les Startups Évidemment le 1 er point de notre liste. L’accès au capital et à l’investissement constitue un défi majeur pour les entrepreneurs. Les fonds d’investissements ne s’intéressent pas aux TPE et les banques locales (qui malheureusement s’apparentent plus chez nous à des structures rentières qu’à des institutions d’investissement) ne veulent pas prendre de risque.
Et même si, comme je l’ai dit plus haut, un premier pas a été franchi avec la DERFJ qui travaille dans ce sens, en accompagnant les jeunes et les femmes entrepreneurs, nos gouvernants pourraient avoir encore:
1. Marchandage
Plus d’impact dans ce domaine en encourageant les banques justement à prendre des risques et à travailler avec les jeunes entreprises en leur accordant des prêts ou des investissements.
2. Inclusion de l’approche entrepreneuriale dans les programmes scolaires
Le gouvernement doit élaborer des politiques qui encouragent l’intégration de programmes d’études sur l’entreprenariat à divers niveaux d’enseignement. Notre système académique reste encore trop théorique et à part quelques établissement supérieurs privés qui proposent des programmes entrepreneuriaux (payants et chers), rien n’est fait pour préparer nos jeunes à participer à la création de richesse.
En abordant les questions liées à l’entrepreneuriat dès le collège, on sera en mesure d’identifier dès le départ les jeunes à fort potentiel, de les former et de les accompagner, afin de développer une pépinière d’individus innovateurs, orientés sur la création de solutions et de valeurs et qui se développeront pour plus tard créer leur propre entreprise et contribuer à l’économie.
3. Lois fiscales incitatives
Le code fiscal d’un pays peut jouer un rôle clé dans la promotion des petites entreprises. Malheureusement, notre fiscalité est lourde et peu favorable à la création d’entreprise au Sénégal. Une réforme des lois fiscales au profit des petites entreprises aura surement, je pense, un effet d’entraînement positif sur l’économie en augmentant la probabilité de la création de nouvelles entreprises.
4. Droit à la propriété intellectuelle
On n’en parle pas suffisamment mais la protection de la propriété intellectuelle est importante pour promouvoir l’innovation en protégeant les idées.
La marge de manœuvre des PME est souvent très limitée face à la puissance financière et commerciale des grandes entreprises, et leur potentiel de développement repose en grande partie sur leurs capacités d’innovation. Seulement, les innovateurs, s’ils ne sont pas protégés par la loi, sont moins susceptibles de partager leurs idées / innovations, ce qui malheureusement limite les occasions de se développer. Combien de fois n’a-t-on pas entendu un entrepreneur se plaindre qu’une personne/structure avec plus de moyens lui a volé son idée ?
Je crois que la stratégie de propriété intellectuelle est un véritable accélérateur de croissance et que nos décideurs politiques doivent donc sérieusement réfléchir à la manière de garantir un environnement stable, qui favorise l’innovation.
Mon propos ici est donc que si nos dirigeants souhaitent promouvoir l’entrepreneuriat, il est important qu’ils mettent en œuvre des politiques qui permettent (1) d’encourager l’esprit entrepreneurial et (2) aux entrepreneurs de croître avec un minimum de restrictions, et ainsi, de créer une vraie classe moyenne productive ;
Même s’il est également important que les jeunes entrepreneurs soient eux-mêmes conscients de l’environnement dans lequel ils développent leur entreprise, ce qui leur permettra de prendre des décisions plus éclairées et de plaider en faveur de politiques qui leur seront bénéfiques.
Chérif Ndiaye
Entrepreneur social