lundi, décembre 23, 2024

Qui est Mouhamed Moustapha Fall : le génie mathématique sénégalais qui a remporté le Prix Ramanujan 2022

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Son nom est devenu viral sur la toile. Mais Mouhamed Moustapha Fall, qui a gagné le prix Ramanuja 2022 pour les jeunes mathématiciens des pays en développement, a aussi ses secrets de mathématicien, ses conceptions et cris du cœur.

Remporter le Prix Ramanuja 2022 pour les jeunes mathématiciens des pays en développement n’est pas arrivé au hasard. Deuxième africain distingué, Mouhamed Moustapha Fall déroule son parcours et secret pour être bon mathématicien. D’emblée, il reste redevable de l’école sénégalaise. «Naturellement, je suis redevable à l’école sénégalaise qui m’a formé dès mes premiers pas et m’a offert un cadre d’expression et d’exploitation de mon potentiel», confie-t-il. Mouhamed Moustapha Fall a fait toutes ses études au Sénégal de l’école primaire au DEA. Le Lycée Limamou Laye et l’Université Gaston Berger de Saint-Louis le marquent toujours. Apres l’université, il s’envole pour l’Europe pour les études doctorales et postdoctorales.

Le prix est une distinction dans les mathématiques. Comment Mouhamed Moustapha Fall y est arrivé ? «Les maths, c’est la rigueur et le sérieux, mais il n’y a rien d’insondable en ce qui les concerne. Cependant, comme toute science, il faut lui consacrer du temps et de la passion. La différence entre les gens qui réussissent dans un domaine et les autres qui pêchent, c’est la passion d’abord et puis le sérieux et la ténacité après», conseille-t-il.
Coté nature, Mouhamed Moustapha Fall se voit comme tel : «Je suis une personne flexible qui connait ses capacités, ses limites et ses priorités dans la vie. Quand j’ai un objectif, j’y fonce au point que mon entourage pense que rien d’autre ne compte. Il faut connaître ses priorités dans la vie et rester concentré sur ce qu’on aime faire malgré les vicissitudes et les déceptions de la vie». Mais il sait jouer avec la craie. «Je m’amuse dans ce que je fais et j’essaye de prendre en compte toutes les facettes importantes de la vie», confie-t-il.

Une question que je me pose très souvent

Gagnant du prix destiné aux jeunes mathématiciens des pays en développement, Mouhamed Moustapha Fall a sa compréhension du concept de pays en développement bien que cela semble lui faire une équation. «C’est une question que je me pose très souvent, mais je n’ai pas encore de réponse satisfaisante, car la définition dépend de celle de la référence pour mesurer le développement. Je me permets de dire que c’est un pays moins développé que les pays que nous considérons unanimement comme développés», formule-t-il.

Les choses n’ont pas commencé par le grand amour. «Au primaire, j’aimais les calculs, mais pas la mémorisation. Il fallait alors que j’excelle dans les calculs», avoue-t-il. Avec les encouragements des maitres et professeurs, les mathématiques, l’anglais deviennent son dada. Mais, il ne se voyait pas encore grand mathématicien. «Après avoir fait la série S3, je voulais continuer dans le dessin industriel. Ce qui n’avais pas marché, car je ne connaissais aucune école spécialisée en la matière au Sénégal. J’ai finalement choisi de faire mathématiques et informatique à l’UGB de Saint-Louis», confie-t-il.

Ce ne sont pas que les études qui ont fait de Mouhamed Moustapha Fall un mathématicien. «Avec le soutien de mes parents et de mes proches, il fallait faire partie des meilleurs pour mériter les sacrifices des parents et les rendre fiers. J’ai eu la chance d’être encouragé par ma famille et mes proches et aussi de trouver du répondant à l’école avec les maitres, plus tard les professeurs et les pairs», reconnait-il. Mieux, il est redevable des enseignants qui avaient cette capacité à simplifier les mathématiques. Grace à eux, il trouvait les théorèmes et les outils de démonstration assez simples.
Son vœu le plus ardent est d’aider les élèves à mieux exceller dans les matières scientifiques, aérer les programmes et les aider à se spécialiser assez tôt.
Mouhamed Moustapha Fall ne perd pas non plus la fibre panafricaine. Il plaide pour les maths. «Le mathématicien a besoin en plus de ses connaissances, de moyens appropriés et d’un cadre qui favorise la recherche. L’Afrique n’est pas le continent le mieux loti dans le domaine des ressources, didactiques, technologiques et infrastructurelles. D’où le besoin de mettre en place un écosystème où la recherche peut prospérer».

Agé moins de 45 ans, Mouhamed Moustapha Fall est par ailleurs président de l’Aims Sénégal. L’originaire de Keur Samba Kane dans la région de Diourbel, il a séjourné en Italie, Belgique, Allemagne. Il est aussi membre d’institution tel que le Conseil scientifique international du programme international des sciences fondamentales de l’Unesco pour la période 2021-2023. Depuis janvier 2023, il a commencé son mandat en tant que membre du comité exécutif de l’IMU pour 2023-2026, apprend-on d’autres sources.