Juan Branco, le avocat d’Ousmane SONKO basé en France est devenu une star au Sénégal depuis quelques mois. Alors, qui est ce jeune avocat médiatique, ce jeune doué qui se sert des réseaux sociaux pour atteindre ses objectifs?
L’affaire Griveaux a mis en lumière le rôle ambigu de Juan Branco, trentenaire doué, mais animé d’une soif de revanche et d’un besoin enragé de reconnaissance.
Le visage dévoré par l’ombre, il parle. Le 27 juillet 2019, un mois avant de fêter ses 30 ans, Juan Branco enregistre un testament nocturne, dix-sept minutes de monologue chuchoté. Aux « insurgés », qui regarderont 76 000 fois ce film posté dans un cercle privé de YouTube, l’essayiste prophétise « une longue agonie où bien des laideurs me seront attribuées » et, au milieu de l’enregistrement, annonce : « J’ai laissé fuiter que ma candidature à la Mairie de Paris pourrait intervenir et que, de ce fait, l’enfant chéri de la macronie, Benjamin Griveaux, pourrait chuter. Il ne s’agirait pas tant de vaincre que de l’écraser en lui renvoyant sa morgue, son mépris, son inanité. Une confrontation qui forcerait à le voir nu dans sa laideur. »
Le 27 juillet 2019, donc, alors qu’il vient d’achever la postface de son ouvrage « Crépuscule », dans laquelle il appelle à la « destitution » du pouvoir en place, Juan Branco prédit la chute de Griveaux « vu nu dans sa laideur ». Il est possible de croire que la précision des mots choisis procède d’un simple hasard. Toutefois, la coïncidence est vertigineuse. Sept mois plus tard, le 14 février, Benjamin Griveaux renonce à sa candidature à la Mairie de Paris. L’avant-veille, l’artiste russe Piotr Pavlenski a mis en ligne deux vidéos dévoilant l’intimité de ce proche d’Emmanuel Macron. Des « sex tapes » adressées en mai 2018 à l’étudiante Alexandra de Taddeo, et conservées par celle qui est aujourd’hui la compagne de Pavlenski .
Ami du couple, l’avocat Juan Branco s’est d’abord réjoui du scandale, jusqu’à le revendiquer : « Ce qu’on a fait, on l’a fait sans haine. On a juste montré un désaccord entre des actes et des paroles, on l’a fait évidemment de façon sauvage », a-t-il déclaré le 15 février sur la chaîne Vécu. A présent, il nie toute implication. « Je n’ai donné que des conseils juridiques en amont, quelques jours avant. Je ne m’associe pas explicitement à ce geste », répète-t-il dimanche en recevant Paris Match dans son bureau, une pièce sans livres ni dossiers, à Saint-Germain-des-Prés. Il a le regard fuyant, la voix douce. Il se dit victime d’un « délire médiatique visant à [l]’écraser ». Deus ex machina ou bouc émissaire ?
La justice ne l’a pas encore entendu mais s’intéresse de près au personnage. Branco intrigue. Il joue depuis si longtemps sur les lignes de crête, militant inclassable, écrivain prolixe, geek obsessionnel, filmant, conservant tout depuis plus de dix ans. Il flatte et conchie l’establishment jusqu’à, parfois, devenir menaçant. Sa jeune vie est une longue fuite en avant.
Juan Branco n’a pas surgi cet hiver, il est bien connu du petit Paris intello-médiatique ; tous l’ont vu, lui ont parlé, ont reçu ses sollicitations, sa prose enfiévrée qu’il crache si aisément au Café de Flore ou la nuit, seul devant son ordinateur. Il en a séduit des profs, des journalistes, des éditeurs, des célébrités, comme Catherine Deneuve, amie de sa mère, ou Richard Descoings, l’ancien directeur de Sciences po, qui fut son protecteur. Branco était là déjà, au cœur de ce « système » qu’il dénonce désormais avec haine. Sauf que personne ne le prenait au sérieux. Certains le regardaient avec tendresse, touchés par son charme, sa fougue, son regard fragile ; d’autres admiraient sa radicalité d’enfant bien né – un classique – en se disant qu’elle passerait. Quelques-uns seulement, qui l’ont approché de près, avaient perçu sa « capacité de nuisance ». Ceux-là nous confient aujourd’hui, en suppliant de ne pas être cités de peur de représailles, n’avoir pas été surpris en entendant le nom de Branco associé à l’affaire Griveaux. « On a toujours su que Juan était une bombe. »
Il est né en Espagne en 1989. Sa mère espagnole, Dolores Lopez, est psychanalyste. Une femme délicate, enveloppante jusqu’à l’excès, ambitieuse pour ses enfants. Son père portugais, Paulo, producteur de cinéma, est un ancien gauchiste, exilé en 1971 pour fuir la dictature. Grand cavalier, beau cavaleur, joueur de poker, il entraîne sa famille dans une vie de bohème où l’érudition et la fréquentation des plus grands – Pedro Almodovar, David Lynch, Francis Ford Coppola – compensent les fins de mois tendues. Dix fois il a fait faillite ; toujours il s’est relevé, réussissant à présenter ses films à Cannes. Juan Branco dira souvent combien son père est un modèle, combien cette « étrange précarité » éprouvée dans l’enfance, entre les stars et les huissiers, l’a marqué. Il s’est toujours senti un peu à part à l’Ecole alsacienne, le refuge doré des enfants de Saint-Germain-des-Prés. Ses petits camarades avaient droit à des vacances aux Caraïbes et à des anniversaires somptueux, tandis que sa mère proposait au prof de piano de le payer en « séances de thérapie ». Sur la photo de classe prise en 2001, il apparaît à droite, petit brun timide. A l’époque, il est en retrait, pas spécialement bon élève mais déjà passionné par les nouvelles technologies et la puissance du Web. Il ouvre un blog sur les garçons et les filles de l’école, où déferlent les commentaires injurieux. Il cible le petit Gabriel Attal, également fils de producteur mais plus aisé, plus populaire, future étoile montante de la macronie, aujourd’hui secrétaire d’Etat à la Jeunesse. Les deux rivaux se retrouvent en 2007 à Sciences po.
Juan Branco milite alors à droite et lance une revue qui soutient Dominique de Villepin, l’ex-Premier ministre de Jacques Chirac, un ami de ses parents. L’étudiant l’a rencontré à Matignon, quand sa mère y déjeunait avec son amie Marie-Laure de Villepin. Cette dernière garde un souvenir ému de ce garçon « brillant, joyeux et révolté ». Il a fait le même effet au directeur de Sciences po, Richard Descoings, qui apprécie tout chez lui : son verbe ardent, son assurance, son implication dans le ciné-club de l’école (où viennent bientôt Catherine Deneuve ou Louis Garrel), son ambition de bousculer l’establishment, d’être un insider-outsider, comme lui. Descoings l’invite à sa table, ouvre son carnet d’adresses. L’élève timide de l’Alsacienne, qui signe désormais « Jesous Chraist » sur les forums, se transforme. Il se dit copain avec Laetitia Casta, tombe les filles. Une vidéo olé olé de lui avec sa petite amie de l’époque, prise lors du voyage de la promo à Berlin, circule. Un stage à la Cour pénale internationale, en janvier 2010, lui ouvre d’autres horizons. Le procureur Luis Moreno Ocampo se souvient d’« un garçon à l’esprit très indépendant ». Il l’emmène partout, des coulisses de la diplomatie bruxelloise aux réunions avec les chefs d’Etat africains, jusqu’à lui confier une mission en Tunisie.
Mais il faut bien revenir sur les bancs de l’école. Au deuxième semestre 2011, Juan Branco écope d’un zéro à un module sur l’« économie verte ». Branco adresse au professeur un e-mail culotté, s’étonnant de ne pas avoir obtenu son crédit alors qu’ils partagent tant d’amis et qu’ils font tous deux la campagne de François Hollande. L’enseignant maintient le zéro. Richard Descoings demande des explications, furieux qu’on ait blessé son petit « Juan ». « Branco a appelé la moitié de la République pour se plaindre d’être maltraité », assure un responsable de la scolarité de l’époque. A la mort de Descoings, c’est Branco qui, le 11 avril 2012, au nom des élèves, lui rend hommage dans l’église Saint-Sulpice, noire de monde.
« Juan Branco, chercheur Yale Law School », c’est ainsi qu’il signe, en août 2013, une tribune assassine contre François Hollande
Branco cherche activement une place en politique, peu importe l’étiquette. Villepin n’ayant plus d’avenir, il s’est engagé aux municipales de 2008 sur une liste écologiste, avant de rejoindre les partisans de Hollande et d’approcher Aurélie Filippetti, en charge du programme culturel. La normalienne, admirative du père Branco et bluffée par l’entregent du fils, l’embauche comme assistant parlementaire. Le jeunot fait des étincelles. Il lui présente les grands noms du cinéma d’auteur, l’emmène voir les magnats de l’audiovisuel. Après la victoire, Filippetti, devenue ministre de la Culture, ne lui propose qu’un poste de chargé de mission. Grosse déception : « J’ai vécu un traumatisme très violent », confesse-t-il. Branco reprend ses études à Normale sup, où il entre sur dossier et prépare une thèse en droit qu’il soutient le 16 novembre 2014 devant Jean-Louis Debré, président du Conseil constitutionnel, l’avocat Jean-Pierre Mignard, proche de François Hollande, et Catherine Deneuve, dont l’apparition en Saint Laurent a marqué les étudiants. En vertu des accords de coopération de l’Ecole normale supérieure, « Branquignol », comme certains le surnomment rue d’Ulm, se retrouve doctorant à Yale.
« Juan Branco, chercheur Yale Law School », c’est ainsi qu’il signe, en août 2013, une tribune assassine contre François Hollande, à qui il avait écrit quelques mois plus tôt pour lui demander un poste. D’une plume assurée, il compare la situation de la France à celle de l’Italie des années 1970, un pouvoir « en complet décalage avec une situation explosive et des attentes à l’avenant ». Sa détestation de la hollandie prospère. Un jour, Filippetti aura droit à des représailles : la fuite de leurs conversations, huit ans après, sur le compte Twitter de Branco. « Il a montré son intolérance à toute forme de contradiction », confie l’ancienne ministre de la Culture. Branco ne se remet pas d’avoir été écarté du pouvoir alors que tant d’autres de sa génération l’ont pénétré. Un jour de 2014, deux jeunes conseillers de l’Elysée, Constance Rivière à la culture et Gaspard Gantzer à la communication, découvrent que leurs pages Wikipédia sont truffées de méchancetés. La même mésaventure arrive au prof de Sciences po qui avait mis zéro à Branco. Sa notice le présente comme un raté, reçu dernier à l’Ena, fils d’un homme condamné par la justice, autant d’informations mensongères.
Quand sa compagne avocate tente de l’aider à rétablir la vérité en adressant des e-mails de rectification, son cabinet reçoit un message d’un certain Addas Karadas, soi-disant administrateur de Wikipédia, pour l’informer – en menaçant de poursuites – qu’une de ses salariées aurait modifié indûment une page. La jeune avocate est sermonnée par ses supérieurs. Mais Wikipédia précisera, par écrit, ne compter aucun Addas Karadas dans ses équipes… L’accusateur du Web a laissé pour signature un sigle : « brc », derrière lequel apparaît Branco – il s’en amuse aujourd’hui. Son ancien enseignant à Sciences po, lui, vit un cauchemar. Peu après, des lettres anonymes l’accusant d’agressions sexuelles parviennent à son entreprise. Fin 2017, il dépose plainte contre X pour « harcèlement et dénonciation calomnieuse ». Longtemps inerte, la procédure vient d’être jointe au dossier de l’affaire Griveaux.
Branco a tapé dans l’œil de Jean-Luc Mélenchon sur un plateau de télé. En mai 2017, il est envoyé briguer la députation à Clichy-sous-Bois
Branco ose tout. Il se fait présenter au magnat de Free, Xavier Niel, en janvier 2014, avant de lui suggérer par e-mail de le recruter comme précepteur de ses enfants. Il met en avant son CV flamboyant, sa proximité avec Julian Assange, le hackeur de WikiLeaks, qu’il a approché quelques mois plus tôt… Et il se positionne pour prendre la tête des pages débats du « Monde » ou de « L’Obs », dont Niel est actionnaire. Juan Branco, tout miel, écrit souvent au milliardaire. Plus tard, il en fera un symbole de la « pourriture du système », ciblera ses enfants, appellera à manifester devant son hôtel particulier, allant jusqu’à donner son adresse. Aux yeux de Juan Branco, Niel a commis le pire des crimes en soutenant Emmanuel Macron avec son beau-père, Bernard Arnault, l’empereur de LVMH. Le secrétaire général adjoint de l’Elysée est vite devenu son obsession. « Enquêtez un peu sur ce personnage », glisse-t-il aux nombreux journalistes qu’il fréquente. Dans un étrange jeu de miroir, Branco enrage contre ce jeune ambitieux qui, lui aussi, séduit tout Paris et prétend changer le système, mais fort différemment : patiemment, sans fébrilité destructrice. Il pointe aussitôt sa plume acide sur le candidat d’En marche !, dans un pamphlet intitulé « Contre Macron », et rejoint les rangs de La France insoumise.
Branco a tapé dans l’œil de Jean-Luc Mélenchon sur un plateau de télé. En mai 2017, il est envoyé briguer la députation à Clichy-sous-Bois. « Il a fait campagne avec sérieux », se souvient Alexis Corbière, porte-parole du mouvement. Mais les électeurs lui préfèrent le candidat macroniste tandis que son grand rival, Gabriel Attal, entre à l’Assemblée. Branco espère ensuite une bonne place sur la liste FI aux européennes. Mais Mélenchon choisit Manon Aubry, elle aussi issue de sa promo de Sciences po et qu’il dénigre. L’enragé lance alors l’idée d’un putsch et d’une liste concurrente avec les philosophes Alain Badiou et Frédéric Lordon. Personne n’embraie.
Le 16 octobre 2018, Gabriel Attal, l’éternel objet de sa fixette, est nommé secrétaire d’Etat à la Jeunesse. Branco dénonce aussitôt sur Twitter « une promotion canapé », révélant au passage l’homosexualité d’Attal
Désespérément, Branco se cherche. Sa vie donne le tournis. Devenu avocat, il a écrit en prison à Salah Abdeslam, unique survivant des terroristes du Bataclan, pour lui proposer ses services, comme l’a révélé « Valeurs actuelles ». Il part en Centrafrique, se rêve en reporter de guerre, signe quatre articles pour « Le Monde diplomatique ». Il frappe aussi à la porte de ces journaux qu’il pourfend si souvent, les considérant comme asservis ou carrément corrompus. Il veut piger au « Monde », à « Mediapart », et même, pourquoi pas, chroniquer la mode à « Vanity Fair ». En avril 2018, il rencontre l’un des actionnaires de « Marianne », muni d’un projet de sauvetage du journal. Faute de réponse, il relance : « Vous perdez une plume et une intelligence journalistique que je tiens, sans modestie, pour aussi importantes et peut-être plus dignes encore que celles qui firent la grande période de ce journal et, au-delà, les grandes heures de la presse française. Un cerveau prêt à dévorer le monde pour le restituer sans concession et, a fortiori, le changer. »
En attendant, il part fréquemment à Londres visiter le reclus Julian Assange, qui l’a chargé de défendre ses intérêts en France, même s’il n’intègre pas le pool officiel de ses avocats. Branco se démène pour son héros, « l’espion du peuple créant des brèches de lumière pour entailler les rapports de force ». Après avoir tenté de plaider sa cause auprès de Hollande, Branco demande à être reçu par Macron. Deux conseillers de l’Elysée l’écoutent proclamer que son client est « le martyr de la démocratie ». C’est oublier que WikiLeaks avait fait fuiter, deux jours avant le second tour de la présidentielle, quelque 20 000 courriers électroniques piratés depuis 2002 dans l’entourage de Macron. La tentative de rapprochement avec la macronie tourne court.
Le 16 octobre 2018, Gabriel Attal, l’éternel objet de sa fixette, est nommé secrétaire d’Etat à la Jeunesse. Branco dénonce aussitôt sur Twitter « une promotion canapé », révélant au passage l’homosexualité d’Attal. Durant cet automne, l’avocat écrit frénétiquement. Charge obsessionnelle contre Gabriel Attal, haine envers Macron et son fidèle Benjamin Griveaux. Le pamphlet, intitulé « Crépuscule », devient en mars 2019, malgré le silence de la presse, un best-seller. « Enfin, l’heure est venue », souffle Juan Branco à un ami. Sur les ronds-points, des dizaines de milliers de gilets jaunes manifestent leur colère et conspuent le président Macron. Juan Branco les rejoint à l’acte III. Entre Maxime Nicolle, le manifestant casquette à l’envers, et l’avocat au verbe précieux, qui s’autorise parfois un costume trois pièces, la fusion est totale. Branco défend Nicolle quand celui-ci est arrêté, l’accompagne dans sa tournée médiatique, lui fait découvrir le Flore et les nuits au Montana, une boîte huppée de Saint-Germain-des-Prés où le whisky-Coca est offert par la maison. « Branco nous permet de voir plus loin dans le système politique, il préfère être avec nous alors qu’il aurait pu être procureur de Paris », s’enthousiasme son ami Nicolle, alias Fly Rider. Le lyrisme intello de Branco et son décryptage de l’establishment, simpliste, souvent complotiste mais diablement efficace, résonnent avec la désespérance des gilets jaunes. L’avocat jubile, l’Histoire enfin l’appelle. Il organise des conférences dans toute la France, multiplie les vidéos. Appel à la lutte, à la destitution du pouvoir, puisqu’« on ne peut changer le système de l’intérieur », et voilà des noms, des adresses. Lui-même se trouve rue de Grenelle – « par hasard » prétend-il – lorsque le ministère de Benjamin Griveaux est pris d’assaut par un engin de chantier sous les vivats des gilets jaunes. Que le peuple se lève et s’arme pour l’« assainissement de la société » ! Cette obsession de pureté effraie ceux qui l’entendent désormais éructer, sur le Web, contre le « néofascisme » macronien.
« Des mecs d’ultra-gauche se sont incrustés, nous explique aujourd’hui l’avocat. Ils voulaient se faire du Branco. Ils nous ont provoqués et s’en sont pris à Pavlenski. »
Voici quatre ans, Juan Branco est tombé amoureux d’une jolie lycéenne, Lola. Grâce à un ancien de l’Ecole alsacienne, il se fait placer à son côté lors d’un dîner et charme la blonde sylphide. Le lendemain, il lui adresse un roman, un second, réclame des fiches de lecture. Lola est envoûtée par ce mentor. Il veut vibrer, toujours plus, écrit et filme, comme d’habitude. La jeune femme s’amaigrit ; les parents, inquiets, la poussent à rompre, l’envoient étudier à Londres. Branco insiste par e-mail, évoquant des détails intimes, des vidéos suggestives. Il est quitté, désespéré, mais réussit à reconquérir Lola avec un week-end à Venise. Aux dernières vacances de Noël, elle se casse la cheville. La voilà clouée à Paris. Ses parents l’autorisent à organiser un réveillon dans leur bel appartement, situé au-dessus du Café de Flore. Cette nuit-là, Juan débarque avec des amis, dont Piotr Pavlenski, le Russe qui s’apprête à diffuser les vidéos sexuelles de Benjamin Griveaux.
A 2 heures du matin, l’ambiance dégénère. L’artiste est frappé avec une bouteille de champagne ; il sort alors un couteau, entaille la cuisse d’un invité, le visage d’un autre. « Des mecs d’ultra-gauche se sont incrustés, nous explique aujourd’hui l’avocat. Ils voulaient se faire du Branco. Ils nous ont provoqués et s’en sont pris à Pavlenski. » Les parents retrouvent leur appartement en sale état et leur fille terrorisée. En 2016, Juan Branco confiait à « Ouest France » ne s’être « jamais fixé sur des personnes, mais plutôt sur des idées ». Quatre ans plus tard, Lola pleure, Griveaux aussi. Et Branco, l’ange noir de Saint-Germain-des-Prés, donne un entretien au « New York Times ».
Source: ParisMartch