vendredi, novembre 22, 2024

Le chômage des jeunes, des questions pour avancer

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À chaque élection présidentielle un candidat s’est improvisé comme le sauveur. Celui qui détient la solution. En tribun hors pair, il a harangué les foules de jeunes, a demandé aux chômeurs de lever la main et a conclu en messi qu’une fois élu le chômage des jeunes sera derrière nous. Une fois élu, les jeunes sont devenus plus nombreux à chercher l’emploi, à perdre espoir aux promesses des personnalités politiques sénégalaises.

Rien de substantiel, de transformateur et d’innovant n’a été entrepris pour s’attaquer avec quelques résultats probants au chômage des jeunes. Car jusqu’à présent c’est la démarche parcellaire qui prévaut: le financement de projets, le financement de formations, etc.
Sans doute par cette voie quelques milliers de jeunes ont pu acquérir un emploi mais cette démarche ne peut apporter une solution définitive au chômage des jeunes avec l’arrivée chaque année de plusieurs centaines de milliers de jeunes sur le marché de l’emploi.
La création massive d’entreprises stables, créatrices d’emplois est la solution.
Comment faire pour en arriver là ? Comment susciter la naissance d’entreprises qui ne s’effondreront pas au bout de quelques mois, de quelques années ? Avons nous une politique entrepreneuriale ?
Avons nous clairement défini les secteurs les plus favorables à la création d’entreprises et les moyens d’y créer un environnement favorable à leur naissance, à leur croissance et à leur survie?
Avons-nous préparé le marché national de consommation à l’accueil de leurs produits et services? Avons-nous éduqué le consommateur à préférer consommer la production nationale même si les produits sont de plus faible qualité ?
Avons-nous bâti une culture patriotique de préférence nationale allant du Président de la République à la Sénégalaise et au Sénégalais des banlieues et des villages?
Avons-nous bâti une politique des marchés publics qui instaure la préférence nationale ?
En fait, les entreprises endogènes ont besoin de temps pour asseoir la qualité et de protection pour assurer leur survie.
L’économie du souk n’a développé aucun pays. Sommes-nous prêts à abandonner radicalement ce type d’économie de survie pour emprunter les sentiers d’une économie transformatrice porteuse d’emplois et de création de richesse.
L’entrepreneuriat moderne est intrinsèquement lié à l’incorporation de l’innovation scientifique et technologique.
Avons-nous développé chez nos entrepreneurs et nos jeunes la culture de l’innovation, la capacité de s’approprier les innovations pour créer ou assurer la croissance des entreprises ?
Avons-nous un dispositif de transfert de technologie pour renforcer nos entreprises ?
Avons-nous une politique d’acquisition d’équipements de production pour les entreprises ?
En fait la science , la technologie et l’innovation (STI) sont le cœur de la création et du développement des entreprises viables et compétitives.
Dans notre pays, il y a une absence totale de culture de la science, de la technologie et de l’innovation.
On fait croire aux jeunes et aux femmes qu’il suffit d’avoir une idée, un cartable ou un dossier pour être sur le chemin prospère de l’entrepreneur. Les conséquences, c’est la démoralisation de la jeunesse et des femmes. Et la création d’un un réservoir de candidats pour le départ à l’étranger.
Comment dans ces conditions bâtir un écosystème entrepreneurial massif, durable et compétitif ?
En fin de compte avons-nous une politique de développement industrielle?
Avons-nous une politique de promotion de la production locale et du consommer local?
L’emploi n’est-elle pas la résultante d’une stratégie bien pensée qui coordonne les politiques de base: éducation, formation, science, technologie, innovation, souveraineté nationale, agriculture, élevage, pêche, aquaculture, souveraineté économique, économie, financement, banques, agriculture, eau, ressources extractives et halieutiques, marchés, habitats, réseaux routiers. chemin de fer, transport maritime, commerce, marchés, marchés publics, etc.?
Ce sont des questions que je souhaite poser pour aider à avancer dans la stratégie nationale décennale de création d’emplois durables. Car, il ne faut pas se laisser abuser, le chômage se réglera dans la durée, au moins dix ans. Avec une politique ambitieuse et volontariste un horizon raisonnable peut être fixé à 2034.
Essayons de réfléchir humblement, simplement, sereinement et de manière productive sur les questions essentielles qui taraudent l’esprit de nos concitoyens, chaque jour, sapent leur moral et enfin de compte sont le ferment de la perte de confiance au succès de leur projet de réussite personnelle.
Je soumets ces questions à la sagacité des experts, des compétences et des libres penseurs.
Je vous souhaite une excellente journée sous la protection divine.
Dakar, mardi 8 novembre 2022