Comme chaque année, le Prix Nobel de médecine et de physiologie a été attribué ce lundi 3 octobre 2022. Il s’agit de Svante Pääbo. Le Suédois âgé de 67 ans est honoré pour ses travaux sur le séquençage du génome de l’homme de Néandertal et son rôle dans l’émergence de la paléogénomique.
« En révélant les différences génétiques qui distinguent tous les humains vivants des hominidés disparus, ses découvertes ont donné la base à l’exploration de ce qui fait de nous, humains, des êtres aussi uniques », a salué le jury.
Grâce au séquençage d’un os retrouvé en Sibérie en 2008, le scientifique a également permis de révéler l’existence d’un autre homininé distinct et inconnu jusqu’alors, l’homme de Denisova, qui vivait dans l’actuelle Russie et en Asie.
Agé de 67 ans et installé en Allemagne depuis des décennies – il travaille au prestigieux Institut Max-Planck –, Svante Pääbo a découvert en 2009 qu’un transfert de gènes de l’ordre de 2 % avait eu lieu entre ces hominidés disparus, comme Néandertal, et l’Homo sapiens.
Pertinence physiologique
Ce flux ancien de gènes vers l’homme actuel a une pertinence physiologique aujourd’hui, par exemple en affectant la façon dont notre système immunitaire réagit aux infections.
D’après Le Monde, ses travaux avaient ainsi récemment montré que les malades du Covid-19 portant un segment d’ADN de Néandertal – notamment en Europe, et plus notablement en Asie du Sud –, hérité d’un croisement avec le génome humain il y a quelque 60 000 ans, sont plus à risques de complications sévères de la maladie.
« Les différences génétiques entre Homo sapiens et nos plus proches parents aujourd’hui éteints étaient inconnues jusqu’à ce qu’elles soient identifiées grâce aux travaux de Pääbo », a ajouté le comité Nobel dans sa décision.
Le chercheur suédois a surmonté les difficultés posées par la dégradation de l’ADN dans le temps : après des milliers d’années, seules des traces demeurent, de surcroît largement contaminées par des bactéries ou des traces humaines modernes.
L’homme de Néandertal a cohabité pendant une période avec l’homme moderne en Europe avant de disparaître totalement il y a environ 30 000 ans, supplanté par Sapiens, aux racines africaines.
Pääbo, natif de Stockholm, avait été considéré comme nobélisable pendant longtemps. Mais il avait disparu de la liste des favoris ces dernières années. « Il habite Leipzig, donc c’était facile de le joindre, il ne dormait pas », a raconté Thomas Perlmann, le secrétaire du comité Nobel chargé de décerner le prix. « Il était sans voix, très heureux, il m’a demandé s’il pouvait le dire à sa femme, j’ai dit d’accord. Il était incroyablement content. »
Son prix ouvre une dynastie : son père, Sune Bergström (1916-2004), avait également reçu le Nobel de médecine en 1982 pour des recherches liées aux hormones. Celui-ci est le père naturel de Svante, qui avait expliqué publiquement en 2014 être le fruit d’une aventure extraconjugale, d’où leurs noms différents.
Avec Le Monde