L’aéroport de Fès offre désormais une capacité additionnelle de 2,5 millions de passagers, pour répondre à l’attractivité croissante de la ville spirituelle du Maroc
Dans le hall du nouveau terminal de l’aéroport de Fès-Saiss, les premières lueurs de l’aube filtrent à travers de larges baies vitrées, qui rappellent les élégants « moucharabiehs », subtil mélange entre la tradition architecturale du Royaume chérifien et un art plus contemporain.
Construite par l’Office national des aéroports (ONDA), cette aérogare a été conçue par un architecte marocain et réalisée par des entreprises nationales. Ici, les formes finement ciselées révèlent le savoir-faire des artisans de la ville de Fès tandis que les lignes épurées assument leur part de modernité. Dans ce point de rencontre entre tradition et avant-gardisme, les voyageurs sillonnent les nombreux commerces, à la recherche d’un souvenir, quand une voix résonne dans l’aérogare : « Les passagers à destination de Lyon sont invités à embarquer porte n°1. »
Lyon, Francfort, Londres et bien d’autres métropoles… Autant de destinations, ouvertes pour la plupart en 2017, qui illustrent la nouvelle dimension internationale de cet aéroport.
L’aéroport de Fès offre désormais une capacité additionnelle de 2,5 millions de passagers, pour répondre à l’attractivité croissante de la ville spirituelle du Maroc. Entre 2016 et 2019, le trafic a ainsi bondi de près de 60%, passant de 890 000 à 1,4 million de voyageurs.
Si la pandémie de Covid-19 a freiné le transport aérien, la reprise en cours démontre le potentiel de l’aéroport : « Depuis la reprise du trafic en juin 2021, nous observons une croissance de 5% par rapport à juin 2019 », affirme le directeur de l’aéroport, Nourredine Laghni.
Les voyageurs affluent de partout. Pour Nabil Ekkadi, entrepreneur franco-marocain vivant à Montpellier, ce terminal est une opportunité : « Je peux facilement accéder à l’Europe. Je gagne en réactivité et en souplesse. C’est bon pour le développement de mon entreprise ». Aujourd’hui, Nabil a ouvert une filiale dans la périphérie de Fès. Et il n’est pas le seul.
Certaines compagnies aériennes y ont installé leur base d’exploitation. Cet essor a permis d’embaucher du personnel local : agents de bord, gestionnaires au sol, etc. Un pilote de ligne confie que l’aéroport de Fès « est au niveau des standards internationaux. Tout y est fait pour faciliter les flux, de l’accueil des passagers au personnel de bord ». Aiguilleurs du ciel, agents de piste et techniciens, le nouveau terminal suscite de nouveaux espoirs.
Originaire de la région, Fakir Zineb, jeune contrôleuse aérienne employée depuis 2015, affirme que « depuis 2017, les parkings d’avions sont pleins, la fréquence du trafic a augmenté. C’est beaucoup plus vivant », dit-elle, avant d’ajouter : « c’est aussi beaucoup plus de responsabilités et de travail ! Mais maintenant, je peux voyager beaucoup plus facilement partout en Europe. »
Accueillir plus de passagers a aussi généré une nouvelle dynamique touristique. « Il y a plus de vols, donc plus de clients. Nous avons augmenté notre chiffre d’affaires de 70% », se réjouit Nadia El Adjouni, gérante d’une agence de location de véhicules. Et de nouvelles opportunités professionnelles, plus inclusives, ont vu le jour. C’est le cas pour Karima Jamai, embauchée en 2000 : « avant 2017, nous étions 50 personnes détachées à l’entretein. Aujourd’hui, nos effectifs ont doublé. Je gère maintenant une équipe de cinq personnes. »
Ce nouveau terminal a consolidé les emplois existants et en a créé d’autres. « Avec 1,4 million de passagers par an, c’est un projet moteur pour l’économie locale, explique Noureddine Laghni. Si chacun d’entre eux dépense 100 euros, cela fait 140 millions d’euros par an pour la région. »
La Banque africaine de développement a ainsi mobilisé 240 millions d’euros en faveur de projets lancés par l’ONDA afin de moderniser les aéroports du pays. Pour Achraf Hassan Tarsim, le responsable-pays de la Banque au Maroc, « il s’agit d’un maillon supplémentaire pour renforcer l’intégration avec le Maroc en tant que hub régional qui relie l’Afrique au reste du monde ».
Porté par cet élan, Nourredine Laghni, voit plus loin : « notre région doit pouvoir rayonner plus loin, en particulier dans des zones du monde avec lesquelles nous entretenons des liens pluriels, comme le Moyen-Orient… et, pourquoi pas, l’Amérique ! »