En 2005, le Sommet Mondial Sur la Société de l’Information tenu à Tunis a institué The Internet Governance Forum ou encore le Forum sur la Gouvernance Internet.
» Nous reconnaissons que la gouvernance de l’Internet va au-delà des questions de nommage et d’adressage. Elle recouvre aussi des questions de politique publique importantes comme les ressources Internet essentielles, la sécurité et la sûreté du réseau, des aspects touchant au développement et des questions se rapportant à l’utilisation de l’Internet. » –paragraphe 58 de l’Agenda de Tunis pour la Société de l’Information-
Cette rencontre annuelle permet l’élaboration d’une gouvernance collaborative de l’internet avec une implication de tous les acteurs. L’IFG2012 se tient du 6 au 9 novembre à Baku, en Azerbaïdjan. Et il a pour thème : » La gouvernance de l’Internet pour le développement humain, économique et social durable « .
Un forum national pour une » contribution des acteurs à l’IFG 2012 «
C’est dans ce cadre que ISoc, Internet Society Sénégal a organisé le lundi 10 septembre un Forum national sur la gouvernance de l’Internet . Une occasion de s’imprégner des préoccupations de la communauté internet locale, pour une contribution crédible du Sénégal à Baku.
En conséquence, divers thèmes sont examinés dans les panels qui ont été constitués :
Enjeux économiques et sociaux de l’Internet au Sénégal, Points de vue de la société sénégalaise sur Internet, Enjeux économiques de l’Internet au Sénégal, Accès et diversité, Sécurité et Protection des Données Personnelles, Enjeux de la gestion des ressources critiques d’Internet, Gouvernance d’Internet pour le développement et enfin Enjeux de la révision du Règlement Internationale des Télécommunications (RTI).
Une journée qui a rassemblé des organismes incontournables dans le domaine des TIC au Sénégal, des professionnels de la justice, l’Union International des Télécommunications. Avec une présence effective des 8 pays de de l’UEMOA. Et bien sûr, les acteurs sur le terrain, autrement, les techniciens, les blogueurs et les twittos sénégalais.
Un souci majeur, le coût élevé des services
Au Sénégal le principal souci des utilisateurs de l’Internet est l’accès aux infrastructures. Et le blocage c’est le coût élevé et la qualité des services. Ce forum a permis de noter une opinion unanime là-dessus. Et pour y remédier il faut de la concurrence, afin d’avoir de meilleures qualités. La SONATEL, présente à cette journée, premier fournisseur de services télécoms du pays a été interpellée à plusieurs reprises sur cette question. Selon El Hadji M. Sène représentant de ladite société, »Ce qui explique le coût élevé, c’est que les contenus fournis nous viennent de l’étranger, et pour y accéder elle débloque beaucoup d’argent. Mais l’entreprise fait de son mieux pour baisser les prix. »
Le paradoxe en est, c’est cette même société qui récolte des milliards de bénéfices chaque année.
« On ne peut pas comprendre que la Sonatel déclare que le contenu lui coûte beaucoup d’argent et qu’elle a des milliards de bénéfices chaque année c’est vraiment incompréhensible. »Ainsi martela Alex Corenthin, président ISoc Sénégal.
Cependant, il y a un manque d’innovation en matière de contenus au Sénégal, voire dans la totalité des pays africains.
L’enjeu, l’innovation
D’après Tidiane Dème, responsable de Google Afrique francophone, les enjeux sont dans l’éducation et la création d’emploi.
L’Etat doit mettre les moyens dans le côté éducatif dès le bas âge, afin de former des ingénieurs qui créeront des contenus locaux qui seront utilisés dans ce petit village planétaire et ce vaste monde virtuel.
« Bénéficier d’internet, c’est mettre nos propres contenus en ligne, créer des applications pour les mobiles. Et pour cela, il faut : la compétence, l’éducation, la démocratisation (d’internet) et la promotion de l’entreprenariat. Ce dernier, est le meilleur moyen pour développer un pays. », indique le patron de Google Afrique francophone.
Maimouna Diop Diagne, vice présidente ISoc Sénégal a insisté dans le même sens: Créer nos propres contenus pour une identité culturelle, développer l’entreprenariat des jeunes, développer l’économie numérique. Dans l’éducation le paradigme c’est de placer l’apprenant au milieu de l’utilisation de l’internet.
Des idées que viennent renforcer celles de Karim Sy, initiateur de Jokkolabs, « C’est reconnu maintenant, les pauvres peuvent constituer un marché. L’enjeu n’est plus dans l’usine mais dans l’innovation et l’accès à internet. »
Avec les avancements sans cesse et le contenu divers sur la toile, la sécurité et la protection des données personnelles devient un sujet majeur quand on parle de gouvernance d’Internet. C’était le thème du cinquième panel.
Loi sur la cybercriminalité non accompagnée
L’intervention de Pape Assane Touré, juge au tribunal de Dakar et membre du comité de rédaction de la loi sur la cybercriminalité a permis de faire le point sur cette loi qui existe depuis 2008 et « qui a inspiré d’autres pays voisins ». Ainsi il a confirmé que même si la loi existe, « Il n’y a aucune formation effectuée pour les magistrats. Nous n’avons pas encore de Magistrats spécialisés dans ce domaine. » Mais aussi, les policiers et particulièrement les « commissaires devraient être formés ». Par là, nous pouvons comprendre que les utilisateurs de cette loi ne sont pas outillés à son application. Donc il urge d’effectuer des formations sur l’exploitation de l’outil informatique et précisément sur l’Internet.
Il est important de savoir que tout ce qu’on met sur cette vaste toile, la justice le considère comme ce qu’on a mis sur papier et signé. Et peu importe le pays, « Un préjudice sur internet est international. » Facile à comprendre car c’est sur la world wide web.
- Corenthin a demandé que l’Etat mette en place des maisons de l’internet pour informer les populations sur l’utilisation de cet outil, à l’instar des maisons de justice.
« Pour une bonne gouvernance de l’internet il faudra l’implication de tous, la jeunesse est déjà dedans, mais il faut aussi les autres : élus locaux, société civile, agriculteurs, éleveurs, pêcheurs etc. «
Une jeunesse qui s’est bien représentée à ce forum avec,comme panelistes: Cheikh Fall de sunu2012, Moustapha Diop de DakarLUG, Mountaga Cissé de Carrapide, Moustapha Kane de Amarante et Aboubacar Sadikh Ndiaye, spécialiste des réseaux sociaux.
Pour une bonne gouvernance de l’Internet au Sénégal, ce qui a été évoqué le plus, c’est le rôle de l’Etat et la volonté politique, a précisé, Olivier Sagna Modérateur, président du comité scientifique et secrétaire général d’OSIRIS.