Depuis quelque temps, le DG du Crédit mutuel du Sénégal (CMS), Amadou Jean-Jacques Diop, est l’objet d’attaques de la part d’une poignée de syndicalistes ‘’instrumentalisés’’. Que lui reproche-t-on ? Difficile de répondre à cette question, parce que les éléments à charge semblent être aussi légers qu’une feuille de papier.
‘’Une cabale’’. L’expression a déjà été lancée par des agents même du Crédit mutuel du Sénégal (CMS) avant que le directeur général de l’institution bancaire, Amadou Jean-Jacques Diop, alors absent du territoire national, ne sorte pour réagir aux attaques dont il est l’objet. D’ailleurs, depuis quelque temps, un groupe de presse de la place s’est, comme qui dirait, ‘positionné comme le bras armé d’une dizaine de syndicalistes. Amadou Jean-Jacques Diop souligne qu’une bande circule sur la télévision du même groupe de presse faisant état de la fermeture imminente du CMS. ‘’Ce qui est absolument faux’’, rectifie le DG.
Selon lui, ‘’il s’agit d’une cabale orchestrée, qui vise à faire prendre, par le ministre des Finances, une décision de mise sous administration provisoire du CMS et d’une sanction personnelle (blâme) contre moi’’. En réalité, poursuit-il, ‘’au moment de demander la mission de contrôle de la Commission bancaire, les commanditaires tapis au ministère des Finances et du Budget espéraient que ladite mission aboutisse à l’incrimination du DD, l’organe supranational’’. Des incriminations et sanctions qu’ils (les commanditaires, NDLR) appelaient de leurs vœux et qu’ils espéraient aboutir à un « départ » d’un DG gênant.
‘’Mais n’ayant pas obtenu de la Commission bancaire le résultat souhaité à travers le rapport de contrôle, M. Ka, les commanditaires, partenaires de jeu de certains syndicalistes jouent, à travers le point de presse, la carte de l’embrasement artificiel du climat social du CMS’’. Ceci, ajoute Amadou Jean-Jacques Diop, pour ‘’aboutir à leur objectif qui est de faire prendre au ministre des Finances la décision de mise sous administration provisoire et de sanction personnelle contre lui’’.
Mais quel est précisément le tort de l’actuel DG du CMS ? ‘’C’est parce que je refuse d’être à la solde de personnes qui ont, depuis beaucoup trop longtemps, vécu sur le dos du CMS, d’initier des réformes très fortes pour normaliser le fonctionnement de cette institution ô combien importante pour le pays et pour une importante partie de sa population urbaine et surtout rurale’’, se défend le DG.
Un ‘’crime’’ sans criminel
Sous ce rapport, l’on peut effectivement s’étonner du fait que depuis plus d’un an, ce sont les mêmes acteurs qui formulent des accusations et brandissent les mêmes menaces en des termes très génériques, notamment « DG épinglé », ‘’sans jamais indiquer en quoi’’, et ‘’sans jamais avancer de fautes concrètes que me reproche la Commission bancaire’’, déclare notre interlocuteur.
Par ailleurs, il s’étonne également que la Commission bancaire, cet organe de contrôle très puissant de la BCEAO, n’ait effectué une mission de vérification et de contrôle où elle a relevé de graves fautes de gestion ou de prévarication, ‘’sans sanctionner immédiatement leurs auteurs, et de soi-disant, laisser le ministère des Finances appliquer une sanction à la suite d’une mission qu’elle (la Commission bancaire, NDLR) a personnellement menée’’, explique-t-il.
En conséquence, vouloir faire admettre à l’opinion publique l’idée selon laquelle le DG actuel du CMS est protégé par de puissantes autorités, est ‘’une pure construction très maladroite de personnes ayant un agenda caché, celui de créer artificiellement « une crise » au CMS et de profiter de l’occasion pour passer une mesure de mise en administration provisoire’’ de ladite institution sous le contrôle d’un cadre venant du… ministère des Finances et du Budget’’.
Selon Amadou Jean-Jacques Diop, ‘’tout cela est bien cousu de fil rouge et demeure, malheureusement, dans la tradition bien ancrée au CMS depuis bientôt 15 ans’’.
Le taureau par les cornes
De toute évidence, l’actuelle Direction générale du CMS semble avoir pris le taureau par les cornes, en décidant de nettoyer l’institution ‘’de tous ses cancers’’, en mettant fin aux contrats de certains fournisseurs véreux, licenciant une trentaine de collaborateurs indélicats, renforçant les capacités en ressources humaines de l’établissement par des appels à candidatures ouvertes à l’extérieur du CMS, pour faire venir de profils très pointus, afin d’accélérer la transformation de ce fleuron de la microfinance.
Il est connu que les transformations en profondeur des organisations et/ou organismes se heurtent très souvent à des résistances qui peuvent être internes, de source et de nature diverse. Ici, en l’occurrence, il s’agit de quelques collaborateurs mal à l’aise dans les nouvelles orientations prises par la Direction générale ou menacés dans leurs intérêts personnels, et d’éléments externes (de puissants lobbies dont les intérêts financiers ou zones d’influence ont été touchés).
En tout état de cause, l’avenir proche renseignera sur les ‘’connexions de ces frondeurs avec leurs commanditaires’’. Le cas échéant, des têtes, autres que celle du DG, risquent de tomber.
Par Félix NZALE, Enquêteplus