Excellents en maths et en physique, les étudiants marocains brillent aux concours des meilleures écoles d’ingénieurs françaises comme l’École polytechnique et CentraleSupélec.
«Réussir le concours n’a pas été plus difficile pour moi que pour un étudiant français, j’ai été très bien préparé», affirme Mohammed El Asri, un étudiant marocain de 21 ans, élève ingénieur à Télécom Paris. Mohammed n’est pas passé par le lycée Louis-le-Grand à Paris mais par le lycée Benguérir à Lydex, situé dans les environs de Marrakech. L’établissement est situé dans la ville verte Mohammed-VI, une «cité du savoir et de l’innovation» créée en 2009 par l’Office chérifien des phosphates (OCP). En 2021, 11 élèves de l’établissement qui a ouvert en 2015 ont intégré l’École polytechnique.
« Au Maroc, décrocher un diplôme d’ingénieur français est perçu comme un sésame pour intégrer l’élite dirigeante» Philippe Dufourcq directeur général adjoint de CentraleSupélec
Chaque année, les étudiants marocains font des étincelles aux concours des écoles d’ingénieurs françaises. L’École polytechnique accueille actuellement 160 étudiants marocains, dont 110 suivent le cycle ingénieur. Il faut dire que le pays compte une vingtaine d’établissements proposant 19 classes préparatoires scientifiques: un record. Il existe une École centrale à Casablanca, et l’EIGSI La Rochelle y a ouvert un campus. Les Marocains sont la première communauté à venir étudier en France, avec 44 933 étudiants en 2020-2021 selon Campus France. Et 13 % ont opté pour les écoles d’ingénieurs. «Au Maroc, décrocher un diplôme d’ingénieur français est perçu comme un sésame pour intégrer l’élite dirigeante. Des Marocains, passés par Centrale ou Polytechnique, peuvent y exercer le métier d’ingénieur mais aussi créer des entreprises, diriger un grand groupe, faire de la politique», décrypte Philippe Dufourcq directeur général adjoint de CentraleSupélec, qui poursuit: «La francophonie, la proximité culturelle et affective», jouent bien sûr aussi.
Un niveau incroyable en maths et en physique
Pour ne citer que l’École polytechnique, l’association marocaine des anciens élèves de l’établissement compte plus de 300 membres, et notamment les anciens ministres M’hamed Douiri (le premier polytechnicien marocain) et Mohamed Kabbaj ou Driss Benhima, PDG de Royal Air Maroc de 2006 à 2016. Les systèmes scolaires des deux pays sont proches, avec de nombreuses classes préparatoires disséminées dans le royaume. Le niveau en mathématiques est élevé. «Les étudiants marocains sont très bien formés en mathématiques et en physique, leur niveau est incroyable», constate Gaëlle Le Goff, directrice des relations internationales de l’École polytechnique. Mossaab Moustaghit, étudiant à l’Ensea de Cergy et président de l’Association des Marocains aux grandes écoles (AMGE), titulaire d’un bac marocain sciences et mathématiques en témoigne.
Revenir au Maroc après une expérence internationale
«Quand j’ai intégré une classe prépa en France, j’avais déjà assimilé en terminale au Maroc de nombreux cours dispensés au premier semestre de prépa.» Gaëlle Le Goff décrit des élèves qui «se démarquent en remportant des prix ou des concours. Ils impulsent une bonne dynamique d’équipe.» Ainsi à la rentrée, Issam Tauil et Ayman Echagraoui, deux étudiants marocains de Polytechnique, ont décroché des médailles d’or aux Olympiades internationales de mathématiques. Comme la majorité, Mohammed El Asri compte vivre une première expérience en France ou à l’international avant de repartir au Maroc. Il veut devenir ingénieur dans les data sciences, un métier d’avenir des deux côtés de la Méditerranée.
Avec Lefigaro