Malgré la réforme de 2011 qui est venue réorganiser l’espace universitaire avec l’instauration du système LMD, et qui avait fini de donner un brin d’espoir tant chez les apprenants qu’au niveau du corps professoral, l’université sénégalaise peine à décoller. Entre violences physiques, verbales, séquestrations, intoxications alimentaires ou violations des franchises, les universités sénégalaises sont en passe de devenir de véritables nids de violences.
Le Sénégal est-il en train de revivre l’épisode de Mai 68 ? En tout cas, des mesures idoines doivent être prises pour résoudre de manière définitive la crise qui sévit au sein des universités sénégalaises. En effet, au lendemain du décès de Badara Ndiaye suite, selon ses camarades, à une intoxication alimentaire à l’université Alioune Diop de Bambey (Uadb), la violence s’est aussitôt répandue comme une traînée de poudre dans l’ensemble des universités du Sénégal. La mort du jeune Badara (étudiant en Licence 1 d’ingénierie juridique) a fait couler beaucoup d’encre et de salive chez les étudiants qui exigent l’ouverture d’une enquête judicaire afin de situer les responsabilités. Toutefois, l’administration de l’université Alioune Diop de Bambey nie toute idée faisant état d’une intoxication alimentaire. Selon le médecin-chef Dr Ahmadou Bamba Guèye, «le patient ne pré- sentait aucun signe d’intoxication alimentaire. Il a reçu un traitement sous réserve d’un retour de suivi dans les 48 heures. Malheureusement, l’étudiant a opté pour un retour à domicile à Kaolack». Une thèse qui a été confortée par le certificat de genre de mort délivré par le mé- decin légiste de l’hôpital Aristide le Dantec et qui renseigne que le patient est décédé des suites d’une maladie hépatique avec défaillance multi céréale. Cette situation a provoqué de violents affrontements entre étudiants et forces de l’ordre au sein de l’université Alioune Diop de Bambey qui ont occasionné plusieurs blessés, des arrestations ainsi que la séquestration de deux policiers.
SEQUESTRATION, VIOLATIONS DES FRANCHISES : LA NOUVELLE FORMULE
Pour manifester leur mécontentement et contraindre les autorités à payer les bourses, les étudiants ont trouvé une formule : celle de la séquestration. En 2010, à la suite de violents affrontements entre étudiants et forces de l’ordre, 20 parmi eux ont séquestré puis saccagé le bureau du recteur de l’université de Dakar, Abdou Salam Sall. D’ailleurs, ils seront traduits en justice plus tard et certains d’entre eux seront virés de l’espace universitaire tandis que d’autres ont été juste suspendus pour un moment. En mai 2014, des étudiants de l’université de Ziguinchor qui exigeaient le paiement intégral de leurs bourses ont séquestré un agent de la sécurité de proximité pendant plus d’une heure après avoir barré toutes les artères menant à l’université. Pour réclamer justice à la suite du décès de Badara Ndiaye, les étudiants de Bambey ont séquestré le 7 décembre dernier, un agent des GMI
VAGUE DE SOLIDARITE A L’UCAD, L’UGB ET L’USASZ
Venant en appui à leurs camarades de l’université AD de Bambey, les étudiants de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) se sont frottés aux forces de l’ordre dans la matinée du lundi. A l’origine, ces apprenants exigent la réhabilitation immédiate de l’Amicale au niveau de Bambey, une enquête plus approfondie sur la mort de Badara Ndiaye et l’achèvement des chantiers au sein des universités. A cela s’ajoutent la cessation totale de toutes activités pédagogiques et sociales au sein de l’Ucad, décrétée par l’amicale des étudiants de la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Ucad, ainsi que l’introduction d’une plateforme revendicative. Même Tempo à l’université Gaston Berger de Saint-Louis où la Coordination des étudiants de Saint-Louis a menacé de prendre part au combat qui, selon elle, doit être commun, au moment où « les autorités de l’Uadb ont fini de démontrer leur incompétence flagrante et leur insouciance à l’endroit des étudiants de ladite université ». A l’université Assane Seck de Ziguinchor (UASZ) les étudiants ont aussi exigé le retrait immédiat des Forces de l’ordre du sein du Campus de l’Uadb. Lesquelles forces auraient fait objet de séquestration hier. En outre, face à la recrudescence des cas de violences au sein des universités, des propositions de sortie de crise ne cessent d’être faites par les acteurs. Néanmoins, aucune solution à ce jour ne semble avoir été trouvée pour protéger l’espace universitaire d’éventuelles crises.
Aïssatou DIOP, L’As