Le ministre du Commerce Aminata Assome Diatta a annoncé hier, mardi, la mise en place d’un observatoire du loyer avec des compétences renforcées afin de mettre fin au désordre dans le secteur en question. C’était à l’occasion d’une rencontre avec les parties prenantes, consommateurs, bailleurs et agences immobilières pour réfléchir sur les modalités de faire appliquer la loi de 2014.
C’est un véritable aveu d’échec que les services du ministère du Commerce ont fait ce mardi, à l’occasion de la rencontre entre les acteurs sur la baisse du loyer. Au cours de cette rencontre, il était question de voir les voies et moyens pour une mise en œuvre effective de la loi de 2014 sur la baisse des loyers. Une rencontre qui fait suite aux instructions données par le Président Macky Sall, après les derniers pics notés sur le loyer et relayés à travers la presse.
A cette occasion, la ministre du Commerce est revenue sur les difficultés qui ont persisté avec la stratégie de contournement mise en œuvre par les bailleurs. Une situation rendue plus difficile par le manque d’effectif du ministère du commerce et la faiblesse des compétences de ses agents du commerce intérieur. « Ils n’ont aucun pouvoir de répression ». Un aveu d’impuissance partagé par les consommateurs qui ont jeté la responsabilité sur les bailleurs. Mais ces derniers, notamment les représentants des agences immobilières, ont refusé de porter la responsabilité de l’échec d’une loi dont « les difficultés de la mise en œuvre étaient prévisibles, car tous les acteurs n’ont pas été associés à son élaboration ».
Selon Mme Faoumata Diack, l’application uniforme du prix calculé sur la surface corrigée est une des difficultés majeures de cette loi. Pour elle, il faut « revoir le mode de calcul de la surface corrigée en prenant en compte les différences de prix sur le foncier entre les quartiers et les zones de construction. Le prix du m2 de terrain n’étant pas le même partout à Dakar ».
Un observatoire annoncé L’échec dans l’application de la loi est reconnu par l’ensemble des parties prenantes qui ont convenu de la nécessité de la mise sur pied d’un instrument dédié pour assurer le suivi de l’application de la loi. Il s’agira, selon Aminata Assome Diatta, d’un observatoire du loyer qui va regrouper les agents des ministères du Commerce, de l’Habitat et des Finances et les représentants des bailleurs, des consommateurs et des autres acteurs du secteur. « Nous sommes tous d’accord que l’observatoire est une nécessité. Si nous faisons la proposition au Président de la République et s’il donne son accord, on peut se réunir avec les acteurs pour revoir le texte, le mettre en adéquation avec les préoccupations des uns et des autres pour nous permettre d’avoir un premier instrument », a dit Assome Diatta. Avant d’ajouter « qu’il faut nécessairement une structure dédiée, compte tenu de la complexité de la question et de son importance pour prendre en charge la question du loyer. Cette structure pourrait s’appuyer sur le ministère des Finances et ses agents pour que toutes les préoccupations soient efficacement prises en charge ».
En plus d’un observatoire, une loi pour que la fixation du montant de la caution à deux mois du prix du loyer maximum et un partage des frais de commission entre l’agence immobilière et le locataire est également préconisée. « L’agence immobilière rend à la fois service au bailleur et au locataire. Donc, il serait beaucoup plus juste que les frais soient partagés entre les deux parties. Il en est de même du taux forfaitaire pour l’enregistrement qu’on va proposer, mais également la réglementation des activités des agences immobilières », a annoncé la ministre. Une telle loi aura l’avantage de permettre à l’Etat de tracer toutes les transactions immobilières et dans le même temps lutter contre le blanchiment d’argent, selon la ministre.
Du côté des agences et des bailleurs, on préconise des mesures plus hardies pour prendre à bras-le-corps la question du logement. Et selon certains d’entre eux, cela doit passer par des programmes de logements sociaux impliquant les privés avec l’accompagnement de l’Etat. « Il faut trouver des modes d’accompagnement aux bailleurs, rétablir les offres de locations simples à Dakar par les sociétés immobilières nationales, accompagner les promoteurs, au niveau des banques, la location-vente pour permettre une baisse des taux qui sont actuellement prohibitifs. Seule la construction de logements sociaux peut permettre de faire face à la situation et cela implique une mobilisation du privé », a dit Mme Diack qui a insisté sur la nécessité « d’assainir le milieu des agences immobilières ».
WORE NDOYE , Sud Quotidien