jeudi, décembre 5, 2024

Ne gardez pas vos écouteurs toute la journée… Vos oreilles aussi ont besoin de respirer !

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Les ventes d’écouteurs sans fil sont en plein essor : la société Apple aurait vendu, à elle seule, 100 millions de jeux d’AirPods en 2020. Ne plus être relié à nos téléphones ou à nos appareils par un cordon exaspérant fait que nous sommes plus susceptibles de garder nos écouteurs sur de longues périodes.

Lorsque cela se produit, vous pouvez remarquer que vos oreilles sont plus collantes ou cireuses… Pourquoi ? Ce phénomène est-il courant ? Et qu’arrive-t-il à nos oreilles ?

Bien que les écouteurs sans fil soient relativement nouveaux sur le marché, de nombreuses recherches ont été menées sur l’utilisation prolongée des aides auditives, dont le mécanisme est souvent similaire. Il ressort de ces travaux que le port d’appareils intra-auriculaires sur de longues durées peut entraîner des problèmes de cérumen.

À quoi sert le cérumen ?

La production de cérumen (cette sorte de « cire », en fait un lubrifiant naturel, de nos oreilles) est un processus normal chez l’homme et de nombreux autres mammifères. Il devrait toujours y en avoir une fine couche près de l’ouverture du canal auditif.

Cette sécrétion est à la fois imperméable et protectrice. Elle humidifie la peau du conduit auditif externe et agit comme un mécanisme de protection pour prévenir les infections, en constituant une barrière contre les insectes, les bactéries et l’eau. Le cérumen humide est brun et collant, tandis que le cérumen sec est plutôt de couleur blanche.

En fait, le cérumen est une barrière tellement efficace que, au XIXe siècle, il était utilisé comme baume pour les lèvres gercées !

Il est produit dans la partie externe du canal auditif. Les glandes sébacées et les glandes sudoripares des follicules pileux locaux libèrent des sécrétions qui vont retenir la poussière, les bactéries, les champignons, les poils et les cellules mortes pour former le cérumen.

Le conduit auditif externe peut être considéré comme une sorte de système d’escalator, le cérumen se déplaçant toujours vers l’extérieur : ce qui empêche les oreilles de se remplir de cellules mortes. Cette migration du cérumen est également favorisée par les mouvements naturels de la mâchoire. Lorsque le cérumen atteint l’extrémité de l’oreille, il tombe tout naturellement.

L’effet des écouteurs

Notre oreille est donc autonettoyante et elle assure parfaitement cette fonction, en continu. Cependant, tout ce qui va bloquer la progression normale du cérumen vers l’extérieur peut causer des problèmes…

L’utilisation normale d’appareils intra-auriculaires ne cause pas souvent de souci. Mais conserver ses écouteurs, par exemple toute la journée, n’est pas sans conséquence. Ils peuvent notamment :

  • comprimer le cérumen, le rendant moins fluide et plus difficile à expulser naturellement par le corps ;
  • bloquer le cérumen au point de causer une inflammation. Les globules blancs migrent alors vers la zone concernée, ce qui augmente encore le nombre de cellules impliquées dans le bouchon ;
  • gêner la circulation de l’air et empêcher le cérumen humide de sécher. Et lorsque le cérumen reste collant pendant de longues périodes, cela favorise son accumulation ;
  • emprisonner la sueur et l’humidité dans les oreilles, ce qui les rend plus sujettes aux infections bactériennes et fongiques ;
  • créer une barrière à l’expulsion naturelle du cérumen, ce qui finit par stimuler les glandes sécrétrices et augmenter la production de cérumen ;
  • réduire l’hygiène générale de l’oreille. C’est encore amplifié si les coussinets des oreillettes ne sont pas nettoyés correctement ou s’ils sont contaminés par des bactéries ou des agents infectieux ;
  • endommager votre ouïe si le volume est réglé trop haut.

Si le cérumen s’accumule trop, cela peut donc provoquer des problèmes d’audition ainsi que d’autres symptômes tels que des douleurs, des étourdissements, des acouphènes, des démangeaisons et des vertiges.

Aussi, si vous devez conserver vos oreillettes pendant une longue période, l’utilisation d’écouteurs supra-auriculaires, ou casques portés sur les oreilles, peut être préférable. Ils permettent le passage d’un petit flux d’air supplémentaire par rapport aux écouteurs intra-auriculaires et oreillettes classiques.

Une adolescente porte son casque autour du cou
Les casques sont moins problématiques que les oreillettes intra-auriculaires. Mais ils doivent aussi être enlevés régulièrement… et nettoyés. Burst/Pexels, CC BY

Comme ils se situent à l’extérieur du conduit auditif, les casques sont également moins susceptibles de provoquer un compactage du cérumen ou d’introduire des bactéries ou des agents pathogènes dans le conduit auditif.

Malgré cela, ce n’est pas idéal et une accumulation de cérumen peut toujours se produire.

« Rien de plus petit que votre coude »

Dans la plupart des cas, la meilleure façon de gérer le cérumen est de… ne rien faire. Il est déconseillé d’utiliser trop fréquemment des cotons-tiges, car cela risque de le refouler dans le conduit auditif. Le conseil de longue date est de ne rien mettre de plus petit que votre coude dans votre oreille – en d’autres termes, n’y mettez rien !

Certaines méthodes dites traditionnelles, comme les gouttes d’huile d’olive ou les bougies auriculaires, peuvent également avoir des effets indésirables et ne sont pas utiles.

Si vous avez des problèmes de cérumen ou d’audition, votre médecin disposera d’une série d’options de traitement pour vous aider. Il pourra également vous orienter vers le service de santé adéquat si cela nécessite une prise en charge à plus long terme. Dans un premier temps, il examinera votre oreille à l’aide d’un instrument spécial (otoscope) et déterminera l’étendue de l’éventuel blocage ou dysfonctionnement.

Quoiqu’il en soit, l’oreille a un merveilleux processus d’autonettoyage et nous devons faire de notre mieux pour laisser ce processus se dérouler naturellement. Dans la plupart des cas, les écouteurs ne posent pas de problème, mais pensez à surveiller le temps que vous passez à les porter. Et veillez à toujours maintenir le volume à un niveau sûr…

Charlotte Phelps, PhD Student, Bond University et Christian Moro, Associate Professor of Science & Medicine, Bond University

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.