Pas question de nier les dangers que peuvent provoquer les médias sociaux. Les récentes manifestations au Sénégal suite à l’arrestation du responsable politique Ousmane Sonko et leader du parti PASTEF ont fini de démontrer la puissance manipulatrice que certains groupes peuvent faire des médias sociaux. Ces derniers aussi ont participé à la mobilisation politique au Mali en fin 2020, ce qui a participé à la démission du président Ibrahima Boubacar Keita, président démocratiquement élu. Au USA la montée sur le Capitole a choqué le monde entier. On le sait »Une fake news a un potentiel viral six fois plus élevé qu’une information vérifiée”.
L’influence de l’ancien président des Etats-Unis Donald Trump sur Twitter est une preuve manifeste des contre-modèles d’usage des réseaux sociaux.
Désinformation et information sont nécessairement, et depuis toujours, intimement liées.
Est-il possible de tenir un consensus sur le réel?
Quel est ce pouvoir inédit des technologies de communication et quels conflits autorisent-il entre les médias, sans parler de l’incroyable influence que les médias sociaux ont sur les chaînes d’information continue qui jouent un double jeu: nos sources sont les médias sociaux, donc à vous de prendre en compte cette réalité.
Ce monde où chacun croit ce qui lui plaît est bien le nôtre, celui où les « Fake News », “l’Intox” exercent une fascination toxique sur l’opinion publique et notamment les classes d’âge les plus jeunes.
Ce phénomène rend d’autant plus vital le recours à des solutions et savoir-faire de détection, de décryptage, de communication adaptée. La bonne nouvelle est que les associations citoyennes (mouvements citoyens) se sont emparées du sujet issu de différents métiers: journalistes, enseignants, experts en sécurité. Et en 2020 l’urgence était vraiment là, la crise Covid-19 a tout transformé en quelques semaines. D’où l’urgence aujourd’hui plus qu’hier et bien moins que demain d’apprendre la pensée critique via les médias sociaux. Sous condition que ce soient des parcours pédagogiques précis, validés, éthiques, qui poussent les portes des écoles et allument les écrans. Les possibilités d’utilisations pédagogiques des médias sociaux sont multiples et variées.
Longtemps diabolisés et cantonnés à la stricte sphère privée ou commerciale, de nombreux enseignants réfléchissent aujourd’hui à l’utilisation de ces outils comme vecteurs d’apprentissage.
En guise d’exemple, une deuxième génération de réseaux sociaux éducatifs se profile en Chine. Tal Education est une application mobile éducative mais aussi une plateforme de contenus qui propose des conférences, des cours de physique et également un apprentissage du mandarin à destination des enfants de provinces reculées. En un sens, Tal Education suit le principe de base des réseaux sociaux: connecter les individus entre eux et leur fournir un contenu adapté. Capable de remplacer l’école, l’application est centrée sur les fondamentaux pour les tout petits à savoir lire, écrire et compter en chinois. Tous ces réseaux sociaux éducatifs représentent un marché estimé à 58 milliards de dollars en 2020. L’impact de cette innovation sociale associée aux réseaux sociaux impactera positivement les résultats du système éducatif chinois dans les 10 années à venir.
L’éducation à l’esprit critique à l’ère du numérique nous permettra de réduire considérablement les Fake News:
1) Aborder le contenu numérique (texte, image, vidéo) en faisant preuve de pensée critique de façon à l’évaluer avant de l’utiliser;
2) élaborer son jugement envers le numérique de façon intentionnelle en se basant sur des critères d’analyse rigoureux, en exploitant des ressources numériques et en les comparant entre elles;
3) poser un jugement réflexif sur son utilisation du numérique en faisant preuve d’autocritique;
4) prendre conscience des enjeux liés aux médias, aux avancées scientifiques, à l’évolution de la technologie et à l’usage que l’on en fait pour poser un jugement critique, notamment en ce qui concerne les bénéfices et les limites du numérique.
Il faut retenir que les médias numériques sont une formidable occasion, parmi tant d’autres, de mettre les élèves et étudiants en activité. Cette activité a cependant plusieurs caractéristiques remarquables. La pédagogie va devoir faire sa révolution. Aux avant-gardes, les enseignants eux-mêmes vont devoir maîtriser des milieux complexes, et parfois incertains, voire novateurs. L’enjeu est immense.
En s’inspirant du modèle chinois et Canadien en matière de pédagogie 4.0 et de la ludification des enseignements et apprentissages, nous pouvons sans doute réinventer notre école de demain. Une vraie politique de l’Éducation Nationale est impérative, concrète et urgente.
Malick FAYE
Digital project manager