vendredi, novembre 22, 2024

Les blockchains, un moyen de démocratiser l’accès à la monnaie

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Les technologies des blockchains, avec la monnaie digitale, vont démocratiser l’accès à la monnaie, donner aux peuples les pouvoirs monétaires. C’est ce qu’a soutenu l’ingénieur logiciel et spécialiste Bitcoin, Fodé Diop.

Définie comme une technologie de stockage et de transmission d’informations transparentes, sécurisées, la blockchain fonctionne sans organe central de contrôle. Elle est la technologie au cœur du Web décentralisé et de son corollaire, la finance décentralisée. Par extension, selon le site français blockchainfrance.net, une blockchain constitue une base de données qui contient l’historique de tous les échanges effectués entre ses utilisateurs depuis sa création. Cette base de données est sécurisée et distribuée : elle est partagée par ses différents utilisateurs, sans intermédiaire, ce qui permet à chacun de vérifier la validité de la chaîne.  ‘’Aujourd’hui, il y a un boom extraordinaire avec la crypto-monnaie. Malheureusement, nous Africains, nous ne sommes pas en train d’en bénéficier. Il y a actuellement au minimum 9 000 projets de crypto-monnaie et de blockchain dans le monde. Il y a une révolution et les technologies des blockchains vont démocratiser l’accès à la monnaie. Elles vont donner aux peuples les pouvoirs monétaires’’, soutient l’ingénieur logiciel et spécialiste Bitcoin.

Fodé Diop, qui intervenait samedi dans l’émission web ‘’Comprendre l’économie’’, a relevé qu’en Afrique, en ce moment, il y a un problème avec la monnaie, même dans la zone CFA. ‘’On se rend compte que les peuples africains ne contrôlent pas leur monnaie. Les banques vont devenir des dinosaures. Car elles ne servent, malheureusement, pas le peuple. On a beaucoup de banques en Afrique, alors qu’on a le taux de bancarisation le plus faible au monde. Les banques sont devenues un produit de luxe qui bénéficie un peu aux riches. La banque ne va pas s’offrir une succursale dans un village’’, souligne-t-il. 

Ce qui va se passer avec la révolution monétaire du blockchain, explique M. Diop, c’est que le téléphone va devenir la banque, pour pouvoir donner le pouvoir aux peuples, surtout africains. Il note que dans le continent, il y avait des pays qui étaient en avance, tels que le Nigeria, l’Afrique du Sud, le Ghana et le Kenya. Malheureusement, au Nigeria, la Banque centrale a interdit aux banques de se lancer dans la crypto-monnaie. ‘’En Afrique, on utilise trop de technologie et on n’en crée pas trop. Ce qu’il nous faut, c’est de créer nous-mêmes nos propres blockchains. La technologie est là, assez mature pour y arriver. Il nous faut deux systèmes : un système de monnaie digital qui est contrôlé par le gouvernement et un autre qui est beaucoup plus ouvert à l’international. C’est une technologie nécessaire pour le développement de l’Afrique. Il est important, au Sénégal, que l’Etat encadre et soutienne les jeunes qui veulent créer des technologies qui sont basées sur le blockchain. On a besoin de développer des programmes pour encourager et soutenir les jeunes qui en ont la connaissance. Parce que c’est très difficile de programmer un blockchain’’, précise l’ingénieur.

Éduquer sur les systèmes d’investissement virtuels

Répondant à la question sur le système de rémunération Petronpay qui défraie la chronique au Sénégal et dans la sous-région, le spécialiste du Bitcoin affirme que c’est de ‘’l’arnaque’’. ‘’Dans la vie, il n’y a pas de système facile pour se faire de l’argent. Ce qu’on doit faire, c’est d’aider les jeunes à créer des entreprises, investir leur argent dans le réel. Il n’y a pas assez d’argent pour recruter les jeunes qui sortent des écoles de formation et des universités. Certes, il faut investir dans la vie, mais ce qui est plus important, c’est d’avoir de l’argent pour investir. Et ces ressources, pour les avoir, il faut créer un business ; n’importe lequel. Il est nécessaire que les gens soient éduqués sur les systèmes d’investissement virtuels’’, préconise Fodé Diop.

D’après lui, ce qui est plus important, c’est d’investir dans la vie réelle, dans l’économie réelle. Ceci afin de créer de l’emploi, de l’argent réel. ‘’Parce que quand on vend les bitcoins, c’est fini. L’argent fiduciaire crée de l’inflation, alors que c’est le contraire avec le bitcoin. Les gens, quand ils ont de la crypto-monnaie, ils ne veulent pas le dépenser, car ils pensent que la valeur va s’agrandir après. Le danger, c’est que l’économie devient froide. Les gens ne veulent pas dépenser leur crypto-monnaie. Or, pour qu’une économie marche, il faut des transactions, du commerce, etc.’’, insiste-t-il. 

L’ingénieur en logiciel indique, en fait, que la crypto-monnaie ne peut être considérée comme de la monnaie fiduciaire. ‘’Au début, en 2008, c’était une technologie pour remplacer le cash. Mais on s’est rendu compte que ce n’est pas vraiment efficace dans la vie réelle et maintenant, la crypto-monnaie est surtout utilisée comme un outil d’épargne et non pas comme une monnaie fiduciaire. Il y a aussi des risques avec la monnaie digitale, en faisant les transactions avec le téléphone. Mais qu’est-ce qui se passe si la personne n’a pas de charge ou qu’elle n’a pas d’électricité ? Et le bitcoin est un réseau monétaire, un protocole. Il y a Bitcoin et bitcoin. Le premier symbolise le réseau et le second, c’est la monnaie bitcoin’’, fait-il savoir.

MARIAMA DIEME, Enquêteplus