vendredi, novembre 22, 2024

L’initiative FassE: originalité et importance pour le développement de la résilience des jeunes au Sahel

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Le projet Fass Émergent (FassE) est né de la volonté du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) d’accompagner le gouvernement du Sénégal dans la réalisation de ses ambitions d’émergence exprimées dans le plan Sénégal Émergent. Il constitue de ce fait un bel exemple, voire un modèle d’opérationnalisation du concept de Dividende démographique à l’échelle locale. Rappelons que la notion de dividende démographique se base sur l’hypothèse selon laquelle une modification sensible de la structure par âge de la population (avec une proportion de la population active supérieure à celle des personnes n’étant pas ou plus en âge de travailler) peut conduite à une accélération de la croissance économique à condition que des investissements nécessaires soient réalisés en faveur de l’autonomisation des femmes et des jeunes, de l’éducation et de l’emploi de ces personnes productives.

Le projet a été formulé dans un contexte marqué par l’adoption par la communauté internationale de divers cadres de développement, notamment l’Agenda 2030 sur le développement durable et l’Agenda 2063 de l’Union Africaine sur « l’Afrique que nous voulons»- ainsi que le programme d’action de la Conférence Internationale sur la Population et le développement (CIPD). Le Projet FassE s’inscrit surtout dans la droite ligne des préoccupations exprimées par les chefs d’Etats africains en Janvier 2017 dans la feuille de route qu’ils ont développée sur le dividende démographique avec le soutien de l’UNFPA; un acte qui a été salué par la communauté internationale et considéré comme une preuve de l’engagement de l’UNFPA pour le développement de l’Afrique.

La commune de Gueule Tapée Fass Colobane (GTFC) dans laquelle est mis en œuvre le projet FassE est, sociologiquement parlant, un « quartier populaire » avec ce que le terme connote d’insuffisances et de déficits au plan économique et social, de vulnérabilité relative des populations qui y résident mais aussi de créativité. Lors d’une visite fortuite que j’y avais effectuée en 2017,j’avais été frappé par la forte densité démographique qui y prévalait, causant de ce fait une certaine promiscuité, la part prépondérante de la jeunesse dans la population et le caractère palpable de la pauvreté dans certains foyers. De retour au bureau, j’avais fait dresser un profil de la commune qui avait fini de me convaincre que GTFC offrait, à l’aune de nombre d’indicateurs socio-économiques, un cadre idéal pour tester l’opérationnalisation du concept de dividende démographique. L’idée d’une initiative pilote a fait son chemin et s’est cristallisée à la fin de l’année 2017 en un projet dont, avec d’autres collègues, je pensais que les résultats pourraient être d’intérêt pour les 557 communes du Sénégal et les autres pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, voire au-delà. Qu’en est-il trois ans après que cette initiative ait été portée sur les fonts baptismaux Qu’en est-il après trois années de mise en œuvre de cette initiative ?

Pour avoir joué un rôle prépondérant à différentes étapes de cette initiative, il m’est difficile de prétendre à l’objectivité lorsqu’il s’agit d’évaluer le chemin parcouru en trois ans. L’intégrité intellectuelle veut qu’en de telles circonstances, et pour limiter les biais subjectifs, l’analyste s’attache à présenter les faits et rien que les faits, conférant ainsi à ces derniers une certaine sacralité. Fort heureusement, nombre de rapports fournissent des éléments de réponse qui renseignent de manière classique et surtout factuelle sur l’histoire de FassE, reviennent sur sa genèse, s’attardent sur les objectifs initiaux, les réalisations, apprécient les avancées mais aussi les difficultés rencontrées dans sa mise en œuvre. A la faveur de ces travaux, menés par des analystes de divers horizons mais tous avertis et rigoureux, l’image de FassE en est venue à se dégager : une image composite faite tantôt d’evidences aussi incontournables que des tendances lourdes, tantôt de germes de changement imperceptibles à l’œil nu mais dont on sent bien qu’ils sont porteurs d’avenir. Dans bien de ces travaux, l’identité de FassE s’est précisée avec le recueil et le traitement des propos officiels des acteurs qui ont porté l’initiative sur les fonts baptismaux, veillé sur son berceau et guidé ses premiers pas, tout comme ceux d’acteurs plus anonymes dont la parole est d’autant plus précieuse qu’elle est rare. De cette littérature non négligeable, synthétisée dans un ouvrage à paraitre très prochainement, il se dégage plusieurs traits que l’on peut considérer comme des caractéristiques majeures de FassE.

La première est que FassE est un projet multidimensionnel . Une large palette d’activités sont mises en couvre dans le cadre du projet. C’est ainsi que, par exemple, l’éducation et la santé de la reproduction y sont prises en compte ; que les activités génératrices de revenus y sont associées à l’accès aux services sociaux de base ; que l’établissement d’un guichet unique participe de l’amélioration de la gouvernance ….pour ne mentionner que des activités qui figurent en bonne place dans le projet FassE. Le contraire de cette poly-activité eût été étonnant eu égard aux déficits criants dans ces domaines dans un quartier dont on rappellera qu’il est populaire. On notera par ailleurs que dans FassE toutes ces activités sont considérées comme fondamentales et traitées avec la même attention. Ainsi, la transformation du poste de santé en centre de santé et le relèvement de son plateau technique grâce à l’appui de l’UNFPA ont été salués avec la même allégresse que le renforcement de capacités entrepreneuriales de plusieurs jeunes ayant conduit au financement des idées de projets sous l’égide de l’ONUDI ;dans la même veine, les perspectives de mise en fonctionnement du guichet unique sont perçues comme étant d’égale dignité que l’accroissement de l’offre de services en matière de santé sexuelle et reproductive.

Mais ce qui fait l’originalité de FassE et lui confère une certaine notoriété tient à ce que les préoccupations des bénéficiaires y sont prises en compte de manière holistique. A rebours de nombre d’interventions sectorielles, il y a dans FassE comme un fil, qu’on dira d’Ariane, qui relie des activités qui, en d’autres lieux, sont prises en charge par des structures séparées ;ce fil d’Ariane, c’est l’idée que les déterminants de la capture du DD et ses prérequis ne sont pas exclusivement démographiques mais tout à la fois économiques, sociaux, politiques, culturels, environnementaux et technologiques. Une approche holistique s’impose donc car l’enjeu est le bien-être des individus et des communautés que l’on trouve au début et à la fin du développement, car en constituant tout à la fois le moyen et la finalité, l‘«alpha et l’oméga » pour reprendre les termes du RP Teilhard de Chardin. Le message subliminal de FassE est que le développement du capital humain -de l’humain, de tout l’humain et de tous les humains- et le dividende démographique sont non seulement indissociables mais se renforcent mutuellement.

La deuxième caractéristique qu’il faut retenir de FassE est le large éventail que forment les partenaires. Ceux-ci vont des structures nationales publiques (PADESS, PAMECASS, direction de l’emploi, APIX, etc.) et privées aux partenaires bilatéraux (Italie, France, Belgique, etc.), en passant par les partenaires multilatéraux (ONUDI, ONUFEMME, UNCDF). Je reviendrai sur la question du partenariat qui est un élément essentiel du faciès de FassE, si l’on doit en croire les travaux qui lui ont été consacrés. Cette prégnance du partenariat n’est pas surprenante pour qui est familier des nouveaux paradigmes de développement et se rappelle que le partenariat a été une préoccupation constante de la communauté internationale depuis le début du 21eme siècle puisqu’il figurait déjà comme un objectif (objectif 8) dans les OMD adoptes en 2000 et qu’il l’est encore dans les ODD (objectif 17) couvrant la période 2015-2030.

Voilà ce qu’il en est pour les faits. Mais une lecture factuelle n’est pas la seule possible. Une autre lecture pourrait être faite de FassE. Plutôt que d’être simplement descriptive, littérale et linéaire, celle qui aurait ma préférence serait plus dynamique en ce qu’elle s’attacherait à mettre en exergue les innovations, voire les ruptures, associées à FassE. Une telle lecture serait justifiée car, à bien des égards, FassE est, dirait-on dans un certain langage, un projet disruptif. Et ce serait là une troisième caractéristique de FassE que je suis d’autant plus enclin à mettre en exergue qu’elle se manifeste à un double niveau : conceptuel et opérationnel.

Au plan conceptuel, FassE procède d’une approche que j’ai nommée holistique mais que l’on pourrait tout aussi valablement caractériser de systémique. Le qualificatif se justifierait pleinement car l’appellation de FassE désigne en fait un projet de transformation structurelle de ladite commune, reposant sur un modèle balisé par quatre hypothèses majeures. La première est que le bien-être des diverses composantes de la population doit rester la finalité du développement de la commune; la démographie constitue à cet égard une entrée incontournable. C’est elle qui permet de savoir quelles sont les dynamiques de population qui donnent forme à la commune.

La seconde est que l’économie, qu’elle soit formelle ou à dominante informelle, est une donnée structurante dans l’espace GTFC. La troisième est que, loin d’être une sphère autonome, l’économie est encastrée dans la société : les liens sociaux comptent à cet égard autant que les biens économiques quand bien même ils relèveraient de differents registres et ne seraient pas de même nature. Comprendre les structures sociales est dès lors un impératif.

La quatrième est que les relations de pouvoir sont consubstantielles à toute communauté humaine et que de ce fait la gouvernance politique ne saurait être passée sous silence surtout lorsque la vitalité démocratique accroit les marges de liberté des milliers de citoyen-nes que la classe politique voit désormais comme autant de cœurs à conquérir, d’énergies à libérer plutôt que de corps à soumettre à des restrictions ou d’esprits à embastiller dans des corsets politico-idéologiques anachroniques.

Lu à travers cette grille, FassE est un programme cohérent et non une collection de volets .Il est, comme tout système, fait de variables et de composantes clairement identifiables mais, quelle que soit l’importance de ces variables constitutives, ce sont moins les variables en elles-mêmes que les interrelations entre elles qui font évoluer le système; ce sont ces interrelations qui, dans le modèle sous-jacent à FassE, vont induire une dynamique de transformation structurelle dans laquelle le tout dépasse la somme des parties constitutives du projet.

L’autre originalité de FassE est d’ordre opérationnel; elle réside dans la place tout à fait privilégiée accordée au partenariat.

Dès les premiers pas du projet, l’UNFPA, collaborant étroitement avec les autorités communales de GTFC, a lancé une vaste campagne de mobilisation des partenaires qui a donné des résultats non négligeables. Mais si les résultats financiers de ce partenariat sont intéressants, le mode de construction de ce partenariat l’est tout autant, sinon plus. En effet, à la différence de beaucoup d’autres projets se revendiquant d’une démarche partenariale , dans le cas de FassE ce sont les partenaires locaux -PADESS, PAMECASS, direction de l’emploi, APIX, etc.- qui ont été ciblés en premier comme pour rappeler que « charité bien ordonnée commence par soi-même ».Un tel choix était judicieux si l’on en juge par les réponses des services contactés :celles-ci ont été au-delà des attentes comme si les partenaires locaux dans leur diversité – organisations de la société civile locale, agences du secteur privé et public, etc.- avaient à cœur de montrer qu’en dépit de la modestie, voire de l’indigence de leurs moyens, leur engagement était acquis au nom du primat qu’il convenait d’accorder à la mobilisation des ressources endogènes pour résoudre les problèmes locaux. Ce n’est que dans un second temps que les organisations internationales, bi et multilatérales, furent sollicitées.

Les agences du système des Nations Unies au Sénégal (UNFPA, PNUD, UNICEF, ONUFEMMES, UNCDF et ONUDI- se distinguèrent par leur réponse enthousiaste qu’ils placèrent sous le signe de l’esprit du « One UN ». Il en a été de même pour nombre d’ institutions de coopération bilatérale parmi lesquelles la France et la Belgique se sont particulièrement illustrées. Ces réponses furent de toute évidence encouragées parce que célébrées par les plus hautes autorités en matière de coopération bi et multilatérale parmi lesquelles l’on citera l’envoyé spécial de l’ONU pour la jeunesse, le premier ministre belge, la Directrice exécutive de l’UNFPA, des directeurs régionaux inter agence de l’ONU pour la région pour ne nommer que les personnalités qui ont honoré FassE d’une visite de terrain.

Somme toute, il s’est constitué, à la faveur de FassE, un partenariat protéiforme : d’abord entre des services nationaux publics et privés; ensuite entre agences de coopération bilatérales et multilatérales; enfin, entre agences internationales et structures nationales. Il y a là une originalité qui ne saurait être passée sous silence. L’originalité doit d’autant plus être soulignée qu’elle est assez inhabituelle. En effet, Il est plutôt de coutume que la multiplicité d’intervenants rende malaisée leur coordination ; tel n’a pas été le cas avec FassE. Pourquoi cette exception ? Dans le faisceau de raisons que l’on peut mettre en avant, une me parait résider dans le fait qu’avec FassE le partenariat s’est, d’entrée de jeu, constitué et consolidé autour d’un seul objectif: le renforcement des capacités des populations à devenir les acteurs de leur propre développement .Et c’est ainsi que, loin de se contenter d’être un temps dans la vie du projet, le partenariat s’est imposé comme une dimension transversale de FassE. De ce point de vue-là, il n’est pas exagéré de soutenir que FassE traduit à merveille l’esprit de l’Objectif 17 des ODD.

Ces deux innovations d’ordre conceptuel et opérationnel étaient-elles voulues ou est-on, avec les résultats de FassE, dans un cas classique de serendépité comme l’histoire des sciences en offre de multiples exemples? Sur le plan conceptuel, l’approche systémique était-elle entièrement pensée d’entrée de jeu ou s’est-elle invitée et imposée chemin faisant ? Sur le plan opérationnel, le primat accordé au partenariat procédait-il d’un choix délibéré fait en toute connaissance et conscience des difficultés qu’il pose dans un environnement où de multiples stratégies sont déployées ou est-il fruit du hasard ? Sur ces deux plans, ne serions-nous pas en train de justifier et de rationaliser a posteriori une démarche qui, au départ, était simplement pragmatique et empirique ? Aux chercheurs de demain de trancher !

Pour l’heure, ce qu’il importe de retenir c’est que FassE a produit des résultats et que ceux-ci peuvent et doivent être valorisés pour combattre les fléaux qui mettent en péril notre développement. Évoquons -en deux qui sont d’une brulante actualité.

Le premier qui vient à l’esprit est constitué par la recrudescence des migrations clandestines vers l’Europe par voie maritime. Au cours des douze derniers mois, les falaises qui bordent la façade maritime de la commune GTFC ont vu s’échouer des pirogues dans lesquelles étaient embarquées des dizaines de candidats à la traversée périlleuse de l’Atlantique. La plage de Soumbedioune, qui servait depuis des lustres de débarcadère pour des mool mariniers lebu qui bravaient la mer pour en ramener diverses espèces de produits halieutiques, a pris ces derniers mois les allures de repaire où se rencontrent, dans une atmosphère régie par la loi de l’omerta, d’anciens pécheurs devenus passeurs et des jeunes candidat-e-s à l’émigration clandestine faute de trouver dans leur environnement les moyens de vivre dignement.

Qu’ils soient passeurs ou passagers, quelques-uns de ces acteurs et/ou victimes potentiels sont originaires de la commune GTFC et rien n’interdit de penser qu’un projet FassE plus robuste pourrait leur offrir des opportunités qui les écarteraient des migrations clandestines et sans lendemain même pour ceux qui échappent à la mort ou au refoulement lorsque, par miracle, ils foulent le sol d’une Europe qui se barricade au motif qu’elle ne saurait accueillir toute la misère du monde. Faire des quartiers populaires comme ceux de la commune GTFC des lieux de vie, de création de richesses, d’épanouissement social pour des jeunes qui en constituent la majorité démographique et sont ouverts aux innovations technologiques et organisationnelles les plus prometteuses, et aujourd’hui largement accessibles : voilà ce qui pourrait résulter de l’expansion du projet, du passage à l’échelle de FassE.

Un partenariat judicieux avec les pays de destination, à l’instar de celui qui est envisagé dans le cadre du Pacte de Marrakech pourrait y contribuer grandement. Il s’y ajoute qu’il viendrait administrer à ceux qui en doutent encore une preuve supplémentaire que l’espérance peut, comme l’aurore qui tous les jours enveloppe la plage de Soumbedioune, avoir une couleur locale. Manquer de le faire serait, plus qu’une faute, une erreur stratégique en ce que pareille déficience ferait le lit au désespoir de ces jeunes que le destin semble desservir et à toutes les conduites anomiques, y compris le déploiement de l’extrémisme violent dont nos pays ont été bien trop souvent le théâtre au cours de la décennie écoulée.

Le deuxième fléau est incontestablement la pandémie de la COVID-19. Le premier décès imputé au nouveau coronavirus remonte pour le Sénégal au 2 mars 2020.Cela fait donc un an que, à l’instar des autres pays du monde, l’économie sénégalaise est au ralenti , la croissance en berne, la récession ,avec son lot de destructions d’emplois et de perspectives économiques, Installée dans certains secteurs tels que le tourisme et l’hôtellerie, habituellement grands pourvoyeurs de devises.

Cela fait un an que la société sénégalaise vit dans un état de « sidération »,pour utiliser un terme prisé par les philosophes, d’une ampleur inédite, inégalée. Un plan de relance a été élaboré par le gouvernement dont la mise en œuvre requiert la mobilisation de ressources additionnelles évaluées à 1000 milliards CFA. Dans la lutte contre les effets de la COVID-19, FassE joue déjà sa partition :des équipements de protection individuelle des masques chirurgicaux, des cartons de gel antiseptique, des thermo flash, ont été mis à la disposition de la commune; des dispositifs de lavage à mains ont été placés dans les endroits stratégiques ; des tonnes de denrées alimentaires (riz, ont été distribuées à 2354 ménages les plus vulnérables sous forme de paniers de solidarité ; Enfin des Kits de serviettes hygiéniques ont été distribués à 120 filles par un centre de conseil et d’animation pour adolescents polarisant 4971 jeunes dont 2804 filles (56%) et 2167 garçons (44%). Le projet a donc pu et su s’adapter aux exigences de l’heure avec une agilité remarquable. Mais ce que le projet peut apporter d’encore plus significatif serait de transformer un plan de relance en un plan de résilience ou, dit autrement, de faire de la résilience la pierre d’angle de tout plan de relance.

Parce que le terme est quelque peu galvaudé, il convient de préciser que la résilience dont il est question est, par essence pourrait-on dire, multidimensionnelle.

La résilience est :

• démographique :il s’agit de créer les conditions pour que les politiques de population puissent donner la pleine mesure de leurs potentialités à contribuer à l’accélération de la transition démographique.

• économique: il s’agit de valoriser, notamment par une industrialisation bien pensée, les productions locales et d’accorder à la satisfaction des besoins des groupes locaux une place de choix dans la définition des politiques. Quant au financement, il s’agit tout autant de rechercher des ressources nouvelles, additionnelles, que de procéder à un redéploiement plus optimal de celles qui existent

* sociale : bâtie autour de valeurs et de référents axiologiques partagés .Une résilience culturelle ayant pour socle une appréciation positive de la diversité des expressions et des héritages identitaires en serait un élément incontournable.

• politique : le dialogue fécond entre l’Etat, les citoyens et les acteurs non-étatiques et de larges concertations entre partenaires sociaux deviendraient des armes de construction massive d’un contrat social toujours renouvelé.

• territoriale :la rationalisation des moyens dont il est question sera d’autant plus efficace qu’elle s’inscrira dans une politique d’ aménagement du territoire où chaque partenaire pourra volontairement intervenir sur la base de ses avantages comparatifs et de ses propres ressources et en parfaite intelligence avec les bénéficiaires et autorités locales. Il se trouve que FassE comporte tous ces volets et peut donc, pour cette raison, grandement contribuer au relèvement d’économies et de sociétés sinistrées par la COVID-19. Son expérience sera encore plus utile, plus féconde, si le relèvement en question fait du partenariat une modalité privilégiée d’intervention. Si,comme nous y invitent nombre de décideurs, l’humanité doit apprendre à vivre le virus, il nous faut trouver de nouvelles formes de coopération avec la claire conscience qu’avec la COVID-19 les échappées solitaires sont vouées à l’échec, le nouveau coronavirus ignorant allègrement les frontières. Plus que jamais le partenariat,dont on ne soulignera jamais assez qu’il est un trait distinctif de FassE, s’impose non comme une option que l’on peut choisir d’adopter ou de rejeter mais comme un impératif de survie.

L’on soulignera, pour terminer, que les quelques réflexions issues de l’expérience de FassE s’appliquent quasiment sans réserve pour tous les pays du Sahel car, des iles du Cap Vert au Soudan, de l’Algérie au Togo, le développement durable et inclusif, durable parce qu’inclusif, reste la meilleure arme pour assoir la paix et la sécurité, ainsi que l’on montré les travaux de modélisation statistique et les études empiriques menées avec le soutien du UNFPA dans le Sahel Central et qui ont fait l’objet d’une publication récente. Face à la myriade de défis auxquels ils sont confrontés, les pays du Sahel ont besoin de dizaines, de centaines, de milliers de FassE car, à bien y réfléchir, ce que FassE exprime c’est le refus de la fatalité et la conviction qu’un autre développement est possible qui concilie les impératifs de croissance et de justice sociale et réconcilie les communautés avec elles-mêmes et avec les autres qui paraissent mieux nanties. Ce sera à l’honneur de la communauté internationale que d’apporter son concours à la matérialisation d‘une ambition qui est tout à fait à la portée des acteurs sahéliens si, comme dans la commune de GTFC, ils unissent leurs forces et rangent les glaives dans les fourreaux dont ils ne devraient plus jamais sortir.

Mabingue Ngom
Directeur Régional UNPA