Selon l’Instruction n°008-05-2015 régissant les conditions et modalités d’exercice des activités des émetteurs de monnaie électronique, les acteurs non bancaires sont soumis à l’agrément avant d’exercer cette activité d’émission pourtant « inclue » dans la licence bancaire.
Sur les huit (8) initiatives d’émission de Mobile Money au Senegal, seulement deux (2) acteurs sont indépendants des banques en ce qui concerne la licence d’émetteur de Monnaie électronique délivrée par la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Les deux EMEs sont des initiatives des compagnies télécoms Orange et Free qui sont agréées à travers leurs spin-off Ofms et Mobile Cash qui émettent et distribuent respectivement Orange Money et Free Money. Les autres initiatives sont des partenariats entre des banques, des fintechs et des compagnies télécoms.
En ce banque et télécom, nous notons la collaboration entre Expresso et la Bsic pour l’émission et la distribution de la monnaie électronique E-money. Comme beaucoup pourrait le croire, Expresso n’a pas de licence EME au même titre que Orange et Free mais exploite la licence bancaire de Bsic avec qui elle est en collaboration (nous reviendrons dans un autre article sur les rôles et responsabilités de chacun).
Les banques sont aussi en partenariat avec des Fintechs leur permettant de distribuer de la monnaie électronique. Il faut noter que dans ces collaborations, l’émission est du ressors de la banque qui met en jeu sa licence ; la Fintech ou la telco collaboratrices ne s’occupe que de la plateforme et de la distribution. En cas d’exemple, nous avons les offres des banques BDK et SGSN qui émettent et distribuent de la monnaie électronique à travers leurs spin-off respectifs KashKash et Yup. Ceci est une diversification externalisée pour satisfaire les clients exclus des offres bancaires classiques avec des services transactionnels de base adapté, abordable et accessible. Donc on note un degré d’implication dans la distribution plus élevée de ces deux banques que les autres banques qui collaborent unique- ment avec des télécoms ou fintech.
Concernant la collaboration entre banques et fintech, on note les exemples de Uba (en collaboration avec w@ri, zuulu et wave), Ecobank (Wizall) et Bimao (Boss). Ce dernier concernant le produit Joni Joni n’est plus disponible sur le marché.
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Récemment, on note un nouveau partenariat entre un acteur bancaire et Fmcg en l’occurrence Patisen plus connu dans le domaine agroindustriel. Le lancement d’Adja Money en collaboration avec la banque Atlantique (source non officielle) élargie le champ des acteurs et les possibilités de collaboration.
Il est aussi intéressant de noter deux initiatives de diversification bancaire en interne. Il s’agit des offres de Ecobank et de La banque Agricole qui ont respective- ment mis sur le marché leur wallet mobile Xpress et Agricash.
Au vu de tous ce qui précèdent, on note une réelle implication des banques dans l’émission de la monnaie électro- nique au Sénégal. Mais quels sont les avantages sur les offres et les cas d’utilisation que les banques peuvent apporter en plus de leur licence dans ce secteur ? Ceci est le sujet de notre prochain article dans ce domaine.
Modou SALL Certified Digital Finance
Practitioner / Cdfp
Extrait de Lii Quotidien