Le cinéma et l’audiovisuel sénégalais va aborder un autre tournant d’ici peu. L’étude de préfaisabilité de la Cité du cinéma et de l’audiovisuel, présentée lundi aux professionnels du 7e art, s’appuie sur six principaux chantiers réalisables en deux phases d’une durée globale de cinq ans, avec un investissement total de 16 milliards de francs CFA.
De nombreux acteurs du cinéma (réalisateurs, producteurs, distributeurs…) ont pris part à l’atelier de présentation de ce projet du gouvernement sénégalais, sous la présidence du secrétaire général du ministère de la Culture et de la Communication, Habib Léon Ndiaye.
Les cinéastes Moussa Sène Absa, Mansour Sora Wade, Nicolas Sawalo Cissé, Alain Gomis, Moly Kane, Pape Abdoulaye Seck, et le producteur Oumar Sall ont pris part à l’atelier. L’Agence française de développement, chargée du financement de l’étude, était représentée.
Selon l’APS, Les experts du cabinet français BearingPoint, auteurs de l’étude, préconisent ‘’une rupture avec les projets architecturaux envisagés au préalable’’.
Selon Olivier Lenne et Adèle Nuvolone, du cabinet BearingPoint, la matérialisation de la Cité du cinéma et de l’audiovisuel doit s’appuyer sur six principaux chantiers : la formation, la production, la post-production, la distribution, l’exploitation et l’archivage du projet.
Le cabinet recommande de privilégier ‘’la réutilisation d’infrastructures ou d’initiatives déjà existantes dans un premier temps, avant d’envisager’’ des ‘’actions et investissements complémentaires’’.
Auparavant, une enquête a été menée pendant quatre mois (novembre 2019-février 2020) par des experts sollicités par les autorités sénégalaises, sur le cinéma sénégalais, lequel dispose, selon les enquêteurs, de nombreux atouts favorables au développement d’une industrie cinématographique.
Ils voient le Sénégal comme un endroit à partir duquel il est facile de faire des tournages dans le reste de l’Afrique de l’Ouest. De même louent-ils le soutien étatique dont bénéficie le 7e art sénégalais, avec le Fonds de promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuel.
Mais, souligne Olivier Lenne, ‘’l’écosystème audiovisuel sénégalais reste encore artisanal’’.
Un cadre institutionnel plus incitatif doit être créé, en même temps que des structures pouvant assister financièrement le cinéma et travailler au développement d’infrastructures audiovisuelles, dans la production, la post-production, la diffusion, la formation et la professionnalisation des acteurs, selon M. Lenne.
’’La filière doit se structurer autour d’un projet commun et ambitieux, pour faire progresser l’écosystème. (…) Seul un écosystème structuré, uni et professionnalisé permettra d’encadrer correctement l’évolution digitale du marché audiovisuel, surtout avec l’arrivée des GAFAM (les géants du web) et des plateformes SVOD (services de vidéos à la demande), et le développement des usages numériques’’, a-t-il souligné.
L’étude propose un investissement global de 16 milliards de francs CFA, pour une durée de cinq ans, en vue de la réalisation de la Cité du cinéma et de l’audiovisuel, avec un partenariat entre le secteur public et le secteur privé.
Les experts de BearingPoint envisagent une croissance du chiffre d’affaires de la filière de 50 à 60 %, d’ici à 2025, une croissance portée par le volume des productions, des emplois directs et indirects.
Ils estiment que ’’le chiffre d’affaires de la filière audiovisuel au Sénégal peut être évalué à 34 milliards de francs CFA en 2019, pour plus de 3.200 emplois directs et 113 autorisations de tournage accordées cette année’’.
Selon eux, que les activités générées par la Cité du cinéma et de l’audiovisuel devraient permettre de ‘’générer 2,1 milliards de francs CFA en termes de revenus directs, sur cinq ans’’, un montant auquel s’ajouteraient des revenus supplémentaires indirects pouvant atteindre 17,7 milliards, en cinq ans.
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L’étude de préfaisabilité suggère d’installer la future cité dédiée au cinéma à Diamdiadio, au lac Rose ou devant l’ancien palais de justice du cap Manuel, à Dakar.
Elle sera présentée aux ministères de la Culture et de la Communication, de l’Economie, du Plan et de la Coopération, ce mardi. Une étude de faisabilité sera menée ensuite.