lundi, novembre 25, 2024

Révélations Aby Ndour et Famille Babacar Ngom- Qui est Pierre Goudiaby Atépa, cet architecte de renom?

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Après avoir bâti des édifices gigantesques qui lui survivront, écrit des livres confidences qui ont fait réfléchir des leaders en recherches de repères, c’est à la politique qu’il a décidé de s’essayer. Alors que le Sénégal s’interroge sur son devenir et que des signes annonciateurs de troubles sociales graves pointent à l’horizon, Pierre Goudiaby Atépa a décidé de s’engager. De se jeter dans cette mare aux marigots qu’est la politique. Et tout cela, pour le Sénégal. Et les futures générations.

Cela fait si longtemps qu’on a entendu parler de lui, vu ses gigantesques réalisations trôner dans les grandes capitales africaines, entendu parler de ses rêves devenus réalités que tous les sénégalais croient le connaître. Mais, y a-t-il seulement un seul Sénégalais qui connaît bien Pierre Goudiaby? Né en 1947 à Baïla, en Casamance, « le jeune » Pierrot vient de souffler ses 73 bougies, le 30 juin dernier. Passé par la ville de Ziguinchor, Pierre Goudiaby a grandi entre la Médina et Reubeus. Très tôt bercé par la douceur des vents côtiers, Atépa -qui a appris à cohabiter avec le littoral maritime- n’a jamais voulu quitter la Corniche Ouest sur laquelle il bâtira, plus tard, la Villa Eva, résidence principale du clan Goudiaby. Très tôt éloigné de sa terre natale, il a, au cours des années, réussi à garder de très attachantes relations avec des amis de son enfance ziguinchoroise.

Des amis, Pierre Goudiaby en a eu. S’il a perdu certains d’entre eux, en cours de vie, beaucoup sont ceux qu’il a gardé jalousement. Et l’un de ceux qui l’ont connu depuis presqu’une éternité, Babacar Ndiaye, ne l’a jamais quitté. Comme lui, Soumaré et Moctar Bâ sont de ceux-là qui ont toujours partagé les nombreux combats de cet ancien « peureux » qui, enfant, s’était toujours réfugié sous l’aile protecteur de sa maman pour ne pas subir les coups de ses aînés. Fils choyé, Pierre Goudiaby Atépa a grandi à l’ombre de parents aimants. Alors que ses amis passaient leur temps à jouer au football et assistaient à des séances de Mbaapaat et de Sabaar, le jeune Pierrot, lui, était plutôt attiré par le théâtre et la lecture. « Il n’aimait pas le sport. Il en a jamais fait d’ailleurs même si, aujourd’hui, il marche beaucoup« , ont confié des proches du « Président Atépa. »

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« Il était très curieux, il voulait comprendre tout ce qui était complexe à ses yeux. Je me souviens, enfant, il aimait éventrer les grenouilles. Et mon père, qui ne comprenait pas ses actes, lui a, un jour, demandé s’il voulait devenir médecin. Et, Pierre lui a répondu qu’il n’était pas intéressé par la médecine. Mais, il voulait simplement comprendre comment fonctionnait le corps des animaux« , a confié Félicité, une de ses soeurs. « Il a hérité la création de sa mère qui était tailleur et il aimait dessiner des bateaux, des voitures etc.« , avait confié dit de lui Tidjane, un ami d’enfance.

Alors qu’il avait du mal à se remettre de sa séparation d’avec la ville de son enfance, voilà que le nouveau bachelier doit quitter Dakar pour suivre des études de bâtiment aux Usa. Conséquence de ces séparations momentanées et, aussi, de peur de devoir choisir entre sa ville natale et celle de sa jeunesse, Pierre Goudiaby ne cesse de répéter -comme pour faire taire ses détracteurs- qu’il est « Casamançais jusqu’à l’os et Sénégalais jusqu’à la moelle« . Après de brillantes études effectuées au Rensselaer Polytechnic Institute et après un stage réussi au pays de l’Uncle Sam, le jeune diplômé a décidé de rentrer au Sénégal alors que la mode était de s’installer en occident. « Sur 10 étudiants africains partis étudier aux Usa, 9 restaient travailler », a confié Pierre Goudiaby.

Un des tous premiers ingénieurs sénégalais, Pierre Goudiaby a terminé sa formation par un diplôme d’architecte avant de rentrer au bercail où, presque, rien ne l’attendait. Bouillonnant de projets, le nouveau diplômé américain, qui s’est ouvert au président Senghor dans le but d’obtenir un coup de pouce, s’est entendu dire: « aide-toi et le ciel t’aidera. » Sachant qu’il n’avait pas d’oncle richissime de qui hériter comme cela se fait en pays Diola ou d’un père proche des milieux d’affaires de qui emprunter des moyens, il travaillera comme un forcené pour visser sa plaque d’architecte sur la Corniche la plus prisée de Dakar.

Alors que ce glacial accueil de Léopold Sédar Senghor aurait pu tuer l’ardeur de plus d’un jeune ambitieux, Pierre Goudiaby Atépa a trouvé, dans cette réponse, les ressources nécessaires à la poursuite de son rêve de construire La Ville idéale africaine. Et la sagesse de faire du premier président du Sénégal son ami, son référent…lorsqu’il va emprunter la somme de 3 millions de F CFA auprès du banquier, Magic Ndaw, pour lancer son business. Et la petite entreprise Atépa est aujourd’hui devenue la marque déposée de l’empire Atépa Technologies. A force d’abnégation, Atépa a réussi à placer ses pierres dans presque toutes les grandes capitales africaines et ouvert ses bureaux aux quatre coins du monde. Alors que tous ses proches s’attendaient, à défaut de le voir décrocher d’Atépa Technologies, aspirer à une retraite apaisée, voilà que l’éternel jeune Pierrot se trouve de nouveaux challenges. De nouvelles causes à défendre.

Presque seul avec son ami Mactar Ba, il a fait face aux nombreux promoteurs et autres fonctionnaires affairistes qui ont voulu construire pleins de projets immobiliers sur le littoral. Et, le fait de voir de riches promoteurs empêcher l’accès à la mer aux citoyens lui fend le coeur. «Je suis un peu comme Saint-Paul lorsqu’il s’est converti sur le chemin de Damas. Il y a quarante ans, moi aussi je voulais construire sur le littoral», a confié Pierre Goudiaby Atepa à ceux qui pensent qu’il aurait des ambitions cachées pour ce même littoral qu’il cherche coûte que coûte à protéger.

Intelligent, curieux et amateur de nouvelles technologies comme des oeuvres d’art, c’est à force de travailler durement que ce madré, natif du petit village de Baïla, a réussi à devenir l’architecte africain le plus connu. Et le plus apprécié, en dehors du continent. Le siège de la banque centrale de Dakar, la ville de Malabo en Guinée équatoriale, l’aéroport de Banjul, l’Institut du pétrole de Dakar, le monument de la Renaissance, le siège de la Cedeao à Lomé etc. sont bâtis par ses pierres. Bâtisseur accompli, Pierre Goudiaby Atépa est un homme d’affaires prospère qui aurait pu passer le restant de sa vie en vacances. Et n’avoir aucun souci ni pour ses enfants ni pour ses petits enfants.

« Mais, après avoir réalisé tous mes rêves personnels, il est temps, pour moi, d’aider mes compatriotes à réaliser leurs rêves d’un Sénégal où il fera bon vivre. C’est mon devoir de rendre à ce pays un peu de ce qu’il m’a donné. Et je suis prêt à servir le Sénégal. Je ne peux pas me dérober de mes responsabilités historiques« , a-t-il déclaré au monument de la Renaissance lors du lancement de son livre, « Sénégal Rek« . Paternaliste et toujours jovial, quand il parle de ses rêves pour le Sénégal, Pierre Goudiaby sait se montrer capable de bons mots face à des jeunes en qui il croit.

Aussi, quand ça lui chante, il n’a pas son pareil pour exaspérer ses nombreux « enfants » pour leur faire comprendre qu’ils doivent apprendre à voler de leurs propres ailes. Toujours tiré à quatre, cet homme élégant -qui aime rappeler que ses costumes comme ses habits sont tous réalisés au Sénégal et par des Sénégalais- est un homme généreux qui aide énormément les artisans. Et finance les artistes et les créateurs d’entreprises. Pour lui, « si un jeune veut réussir dans les affaires, s’il veut réellement que les gens croient en lui, il doit d’abord savoir se vendre. Et cela, commence par bien s’habiller. »