Rien ne va plus au conseil des gouverneurs de la Banque africaine de développement (Bad). La raison de ce profond malaise est liée au fameux document produit par des lanceurs d’alerte interne et portant sur 16 allégations de mal gouvernance du Dr Akinwumi Adesina, le président de la Bad, jusque -là candidat unique à sa propre succession.
Le contexte dans lequel intervient cette sorte de bras de fer entre la présidente du conseil des gouverneurs Nialé Kaba, ministre ivoirienne du plan et du développement et le représentant américain au conseil est, faut -il le rappeler liée à la décision prise par cette haute instance de la BAD selon laquelle le conseil des gouverneurs devrait adopter les conclusions du comité d’éthique de la Banque et ainsi disculper le président Adesina de toutes les incriminations formulées à son endroit.
Le même conseil, sur injonction du secrétaire du département au trésor américain Steven T. Mnuchin , quelques jours après, va revenir sur sa décision pour cette fois confier à une personne neutre , intégre de haut calibre ayant une expérience incontestable et une réputation internationale avérée pour procéder à un réexamen du rapport qu’il avait naguère disqualifié.
Pendant ce temps, les délais qui séparent de la date de la prochaine élection du président de la Bad se réduisent.
C’est le moment choisi par la Vice-Présidente le Dr.Jennifer Blanke pour annoncer sa démission et ainsi allonger la longue liste des membres du top management et de l’encadrement supérieur de la BAD qui ont quitté l’institution.
Avant la remise des conclusions de l’expert indépendant déjà, le Nigéria pays d’origine de Adesina qui lui avait bruyamment accordé son soutien pour un second mandat, agite subitement la candidature de Mme Ngozi Okonjo Iweala pour briguer la succession de Roberto AZEVEDO dont le mandat à la tête de l’OMC prend fin au mois d’Août suite à sa démission.
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Cette nouvelle donne renseigne l’avis des observateurs sur les maigres chances pour Adesina de rempiler sans frais à la tête de la Bad. Un air de lâchage est très ressenti si l’on sait que les chances de Mme Ngozi sont très minces face à sa potentielle rivale Mme Amina Muhammed du Kenya, qui connait les rouages de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) sur le bout des doigts.
Akinwumi Adesina serait-il alors l’agneau du sacrifice ou comme banquier « la monnaie d’échange » de ce deal, qui ferait de Mme Ngozi Okonjo Iweala la prochaine directrice générale de l’OMC?
Ou alors en cas d’échec, maintenir sa candidature par orgueil ( ce que l’on ne souhaite pas) en sachant très bien que la position américaine sera quasiment celle des non régionaux dans le collège des gouverneurs, ce qui ne lui garantirait même pas une victoire à la Pyrrhus, qui d’ailleurs entamerait inévitablement la crédibilité de la Bad. Le mode de scrutin à la Présidence de la BAD reste, quoiqu’il advienne un sérieux « os », qu’Adesina devra avaler pour avoir un second mandat. A quel prix ? Ne devrait-il pas songer à démissionner s’il est convaincu qu’il ne pourra pas passer la muraille américaine ?
Ces différents soutiens, à l’intérieur de la banque (ils ne sont pas nombreux et certains sont d’ailleurs en embuscade pour un positionnement d’intérim) comme à l’extérieur s’effrite jour après jour. L’Afrique ne parle plus le même langage sur la ré élection de Akinwumi Adesina. Même la Cedeao malgré le soutien affiché sur la vitrine est aujourd’hui divisée sur le sort qui lui sera réservé.
Une chose est sûre. Rien ne sera plus comme avant dans les procédures et la gouvernance de la Bad après l’épisode Akinwumi Adesina.