Lors d’une récente conférence à Johannesburg, un jeune étudiant a posé la question suivante à la présidence sud-africaine: «s’il est prévu dans l’enseignement de base l’introduction de nouvelles matières, comme le codage, pour être plus compétitif dans la Quatrième Révolution Industrielle, pourquoi avons-nous des ministres de l’Éducation qui ont plus de 60 ans ? ».
C’était une remarque intéressante de la part d’une personne parmi les plus concernées par l’ère numérique. Si on considère toute organisation lancée dans un processus de numérisation, ce qui distingue les dirigeants n’est pas juste une stratégie numérique claire, mais une culture et un leadership capable de l’exécuter. Aujourd’hui, les employés attendent des chefs d’entreprise qu’ils soient agiles et adoptent des outils numériques pour rester compétitifs et prendre des décisions stratégiques orientées vers l’avenir.
La question de cet étudiant illustre bien que les attentes escomptées de la part des gouvernements ne sont pas différentes. Tout comme les pays africains cherchent à devenir des leaders mondiaux dans la révolution numérique, les jeunes, eux, recherchent un gouvernement féru de technologie et doté de maturité numérique pour fixer les normes avec audace et montrer la voie.
Les avantages d’un gouvernement numériquement qualifié
Les avantages d’un gouvernement doté de compétences numériques sont nombreux. Se doter de technologies et des capacités pour les utiliser permet aux gouvernements d’être plus agiles, efficaces, orientés vers les données, transparents et à l’écoute des citoyens. Grâce à l’apprentissage automatique (« machine learning ») et aux compétences en analyse de données, les décideurs peuvent faire preuve de davantage de prévoyance, réexaminer régulièrement les politiques, découvrir de nouvelles opportunités et atténuer les risques en vue d’une croissance plus effective et inclusive.
Une étude de Deloitte sur le numérique a également révélé que les dirigeants du secteur public qui comprennent les tendances et les technologies numériques ont trois fois plus de chances de fournir un soutien judicieux pour un changement, comparé à ceux qui ne les comprennent pas. Des niveaux élevés d’implication dans la technologie aboutissent généralement à un investissement plus important, une adoption plus large et un plus grand nombre de mises en œuvre réussies.
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Dans un récent rapport de la SFI, l’Afrique a été jugée comme ayant une réponse politique lente et insuffisante à la transformation numérique. Ainsi, les personnes interrogées sur le cas du continent ont appelé à une accélération des efforts pour développer des plannings numériques clairs. Cela inclut la modernisation des programmes scolaires, la formation des enseignants, l’élargissement de l’accès au haut débit, la promotion d’un climat des affaires dynamique et encourageant la concurrence, et le renforcement de la cyber-sécurité. Aujourd’hui, des plateformes telles que l’IA Business School, spécifiquement destinées aux gouvernements, peuvent être la première étape pour les gouvernements qui souhaitent renforcer les compétences de leurs employés.
Avec plus de champions du numérique dans les gouvernements, imaginez à quel point l’Afrique pourrait mettre en œuvre plus rapidement cette transformation et renforcer sa position de leader de la Quatrième Révolution Industrielle.
En 2018, par exemple, les Émirats Arabes Unis ont annoncé leur intention de devenir le pays le plus préparé au monde à l’intelligence artificielle, en étant à la pointe de la recherche, du développement et de l’innovation en matière d’IA. Pour ce faire, leurs premiers efforts se sont axés au niveau gouvernemental en nommant le tout premier ministre dédié à l’intelligence artificielle. Cet effort a été salué pour avoir assuré «un appui concret à sa mise en œuvre, plutôt que d’en parler uniquement », et pour avoir veillé à ce que les solutions reposent sur les dernières connaissances en matière de technologie.
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Être au premier rang de la transformation numérique
Pour que l’Afrique réussisse véritablement dans – et dirige – la Quatrième Révolution Industrielle, les startups innovantes, les entreprises technologiques et les entreprises « intelligentes » doivent collaborer pour créer un écosystème dans lequel chacun profite de la technologie. Les chefs de file de cette marche doivent être des gouvernements progressistes avec des feuilles de route claires qui définissent et favorisent l’horizon numérique.
Des pays comme le Maroc sont en bonne voie grâce à des initiatives telles que la Stratégie numérique Maroc 2020. Toutefois, comme le souligne l’Organisation de la Coopération et du Développement Economique (OCDE), le succès de cette stratégie dépend de la capacité du gouvernement à hiérarchiser, planifier, gérer et contrôler les investissements dans les TIC. Les gouvernements doivent s’attacher à attirer, retenir et développer les compétences des professionnels qualifiés des TIC dans les effectifs du secteur public, capables de faire face aux complexités du nouvel environnement politique.
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Aujourd’ hui, le domaine d’investissement le plus important des gouvernements est certainement le développement des compétences pour un développement durable de leurs économies numériques émergentes. Le temps pour l’expertise était hier. Le meilleur moment après celui-ci, c’est aujourd’hui.
Amrote Abdella est la directrice régionale de Microsoft 4Afrika, une initiative de Microsoft visant à soutenir les startups, les PME, les gouvernements, les jeunes entrepreneurs… pour le développement économique du continent africain et améliorer sa compétitivité globale.