Les métiers de l’Internet, c’est plus l’affaire de jeunes professionnels. A 31 ans, Mamadou Moustapha Sarr est le chef d’entreprise de MS Media, œuvrant dans le Web. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, il se penche sur le dynamisme d’un secteur porteur.
Le monde, l’Afrique y compris, est confronté à un certain dynamisme dans les Technologies de l’information et de la communication (Tic). En quoi consiste, sur ce, votre travail professionnel sur internet ?
Notre travail consiste à faire la communication des marques sur internet, mais aussi gérer leur image (réputation). Nous savons, qu’aujourd’hui, l’internaute est devenu à la fois l’ami et l’ennemi des marques. C’est pourquoi, les entreprises ont aujourd’hui intérêt à être présent sur la toile.
C’est bien vrai que l’Afrique est très en retard sur le e-business. Un exemple banal, aujourd’hui, les Occidentaux ne parlent même plus de e-commerce (commerce électronique), mais de M-commerce (commerce sur mobile) ou de F-commerce. Le constat est qu’au Sénégal, il n’y a pas encore de boutique e-commerce de référence avec module de paiement en ligne.
Un autre problème se pose, c’est que le taux de bancarisation est très faible au Sénégal. Il y a aussi que le Sénégalais ou l’Africain n’a pas encore l’habitude de se servir de sa carte bancaire pour faire des achats en ligne. Nous pouvons juste en déduire que nous aimons plus l’aspect social du commerce, en allant à la boutique physique du coin et marchander, au lieu d’acheter à distance.
Quelles sont les opportunités d’affaires que vous offre internet dans le cadre professionnel ?
Internet nous a permis avant tout d’avoir une entreprise et d’être mon propre patron. En plus de ça, je peux faire la communication de ma boite sans payer des millions. Internet nous permet également de combler le gap du système de l’éducation sénégalaise qui est un peu archaïque et ayant longtemps favorisé le savoir, mais pas le savoir faire.
Pourquoi les métiers de l’internet ne sont pas bien connus en Afrique, particulièrement au Sénégal ?
Je vous renvoie au principe de Pareto, le principe des 80/20. C’est-à-dire que 20% de la population mondiale profite de 80% des ressources de la planète et les 80% restants se partagent le reste (20% des ressources). Ce principe est aussi valable sur internet. Aujourd’hui, l’Africain ne va sur Google que pour chercher une information, alors qu’il y a des milliers d’entreprises qui ont fondé leur business model sur la Search Marketing: SEO (Référencement naturel), SEA (Référencement payant), Gestion de réputation sur Google. Il en est de même pour Facebook. Beaucoup de Sénégalais se connectent pour retrouver des amis ou draguer, alors qu’il y a beaucoup d’entreprises dans le monde qui n’ont fondé leur communication que sur le réseau social.
Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes souvent confrontées, en tant que professionnel du net ?
Je dirai que la seule difficulté, c’est qu’on travaille rarement avec des entreprises sénégalaises. Notre portefeuille client est composé de Français, de Belges et de Canadiens. Les entreprises nationales préfèrent dépenser leur budget de communication à la télévision ou à la radio, mais elles ignorent que les téléspectateurs et auditeurs ont la commande de leur appareil et ils peuvent changer de chaine à l’heure de la publicité. Sur internet, c’est différent, parce que la publicité s’affiche par rapport aux expressions clés que l’internaute tape sur le moteur de recherche et/ou par rapport à ses centres d’intérêts ou sa situation amoureuse sur Facebook.
Comment arrivez-vous à mettre sur pied votre entreprise, à recruter, et à gagner votre vie à travers internet ?
Vous savez, quand on a une entreprise basée sur internet, on devient international, c’est-à-dire que notre entreprise peut être basée au Sénégal, mais notre clientèle peut être internationale. Donc, même si le secteur des Tics n’est pas si développé au Sénégal, par rapport à l’Occident, nous arrivons à vivre de notre métier et nous attendons un changement d’habitude des consommateurs pour pouvoir profiter davantage de notre métier.
Propos recueillis par Cheikhou Oumar SOW – La Gouvernance