vendredi, décembre 20, 2024

Piratage et escroquerie Web : Le bourreau des célébrités

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Longtemps considérée comme une délinquance pratiquée par des étrangers qui ont pignon sur rue au Sénégal, la cybercriminalité semble aujourd’hui changer d’acteurs. Car elle met malheureusement en vedette des Sénégalais pur jus qui sont doués dans l’art d’arnaquer, d’escroquer et harceler sur Internet. Chronologie des agissements de cybercriminels… sénégalais.

Il est vrai que ce phénomène de la cybercriminalité a, très tôt, établi ses quartiers dans notre pays par l’effet de la mondialisation et de l’expansion d’Internet. Mais convenons-en qu’il a été toujours pratiqué silencieusement par des étrangers vivant parmi nous. Seulement de nos jours, cette donne a tendance à changer puisque la criminalité sur le web enregistre de plus en plus la participation de Sénégalais en tant que membre ou chef de gang de cyber-crimes. Si en 2000, un gérant de cybercafé à Dakar a été le premier et seul cybercriminel sénégalais épinglé par la Brigade nationale de lutte contre la criminalité, aujourd’hui aussi bien la Commission de protection des données personnelles (CDP) que les différents commissariats du Sénégal n’en finissent pas d’être aux trousses des détourneurs de systèmes informatiques. Avec des techniques sophistiquées propres aux films policiers, les cybercriminels arrivent à attenter à la vie privée de leur concitoyen. Ce qui a pour effet de les mettre, surtout ces dernières années, au cœur de scandales tous plus rocambolesques les uns que les autres. La dernière en date dévoile au grand jour les manœuvres frauduleuses d’un certain El Hadji Assane Demba, un jeune informaticien de vingt-sept ans qui a eu l’outrecuidance de se cacher sous les noms de personnalités pour soutirer, via le web, des sommes colossales à quelques uns de leurs connaissances.

CHEIKH AMAR ET MACKY SALL, PARMI LES VICTIMES.

Macky-sall

Ayant d’abord été condamné il y a quelques mois pour accès frauduleux dans un système informatique et usurpation d’identité au préjudice de Yérim Sow et de Cheikh Amar, sous les noms de qui, il avait ouvert des comptes Facebook, Demba va récidiver en se présentant, sous l’e-mail mcksall@yahoo.fr , comme le président de la République. En plus, dans le souci de bien huiler son plan d’arnaque, concocté avec deux jeunes femmes complices, l’informaticien va pirater l’adresse mail de la directrice commerciale de la SICAP SA, dans le but de proposer des terrains à vendre à ses cibles.

De tels agissements feront entrer dans ses poches quatre millions neuf cents mille, envoyés de Paris par une femme qui croyait avoir affaire avec le patron de TSE et un million sept cents mille d’un émigré à qui, « le faux Macky Sall » promettait le poste de directeur de la compagnie Sénégal Airlines. S’étant rendus compte très tard qu’ils ont été roulés dans la farine par quelqu’un qui maitrise, comme un génie, les rouages du web, les victimes ont déposé depuis le 20 mars dernier leur plainte. Sentant certainement le danger venir, El Hadji Assane Demba a pris la fuite. N’empêche, les éléments de la Division des investigations criminelles (DIC) qui ont hérité de l’enquête sont actuellement à ses trousses.

NEUF CENTS MILLE POMPES A L’INSU DE SELBE NDOM.

facebook mort

L’autre personne dont la célébrité a inspiré les informaticiens malintentionnés, c’est Selbe Ndom. En effet, en septembre 2013, pendant qu’elle envahissait les média, pour les besoins de ses prédictions sur les verdicts des combats de lutte, la célèbre voyante n’avait pas vu avec ses cauris qu’un nommé Mamadou Lamine Ndiaye, utilisait son nom et son Facebook pour donner des séances de « tani » à des gens soucieux d’un avenir meilleur, moyennant des sous. C’est ainsi qu’il informe Birame Sèye, émigré vivant à Londres de ses fortes chances de gagner le jackpot de l’Euro million. Croyant avoir affaire avec la célèbre voyante, le Modou-Modou sera plumé à hauteur de neuf cents mille francs. La vraie Selbe, elle, ne découvrira le pot aux roses que lorsqu’elle a reçu une plainte de l’émigré. Pour défendre son honneur, elle portera plainte contre son « double » à son tour.

LE MOBILE, LA SECONDE CIBLE

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Même si le web constitue le principal théâtre de manifestation de la cybercriminalité qui concerne toutes les infractions liées aux technologies de l’information et de la communication, il faut aussi se rendre à l’évidence que le mobile est aussi un terreau fertile des agissements des cybercriminels. En atteste d’ailleurs l’affaire de l’usurpation d’identité au détriment de la chanteuse Viviane Ndour qui a éclaté la semaine dernière dans le département de Mbour. A l’origine du scandale, un jeune élève nommé Elimane Gningue a profité de l’absence du Sénégal de la diva, pour récupérer, par on ne sait quelle magie, son numéro de téléphone suspendu pour les besoins du voyage. Se faisant passer pour une femme, notamment Viviane, il (elle) joignait les contacts de la chanteuse, à qui il envoyait des SMS pour solliciter de l’argent auprès d’eux, arguant qu’il (elle) est dans une impasse financière.

Son stratagème va payer, bien que sera de courte durée. Puisque même si son butin avoisinera les 300.000 francs FCFA, le délinquant sera alpagué par les éléments du commissaire Mbaye Seck de la ville touristique qui l’ont actuellement mis hors d’état de nuire. Mais, bien qu’étant la victime la plus récente, Viviane n’est pas la seule musicienne à avoir subi le revers des TIC. Aby Ndour en a eu aussi pour son grade avec les agissements outrageux d’un certain Amadou Baba Kane.

Seulement, son « bourreau » ne s’est pas enrichi sur son dos, mais plutôt va, sous le couvert d’un numéro de téléphone inconnu, irriter l’auteur de « Djiguene » à force d’injures, d’harcèlements entre autres menaces. Et ce n’est pas fini : le jeune homme, en lui faisant croire être un homme d’affaires proche du pouvoir, lui offre un chèque de 12 millions. Sans provision. Et c’était l’écart de trop pour qu’Aby Ndour porte plainte. Ce qui lui sauvera la vie. Car, il faut dire que les menaces de Kane avaient produit une véritable psychose chez la sœur de Youssou Ndour qui, avant de le découvrir, avait lancé dans les colonnes du quotidien l’Observateur, ce cri de détresse : « Je ne me sens plus en sécurité avec ma famille au Sénégal ».

Sora Sérigne Gaye Vérité du jour pour Socialnetlink