vendredi, novembre 22, 2024

Le mobile money triomphera-t-il de la banque mobile ?

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En septembre 2018, Orange Money a célébré le dixième anniversaire de son lancement qui avait eu lieu en décembre 2008 en Côte d’ivoire. Orange Money est actuellement proposé dans dix-sept pays d’Afrique, compte quarante millions de clients, dont treize millions utilisent le service chaque mois et a atteint 26 milliards d’euros de transactions en 2017.

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Au Sénégal, où le lancement d’Orange Money a eu lieu en avril 2010, il comptait 1,3 millions d’utilisateurs actifs au premier semestre 2018 et le service qui permettait uniquement les dépôts et retraits d’argent, l’achat de crédit téléphonique et le paiement des factures a beaucoup évolué. Ainsi, en matière de transfert d’argent, il est également possible de transférer de l’argent à un tiers possédant un compte Orange Money.

Cependant, la dimension la plus innovante est sans conteste le paiement de services via un téléphone portable qui permet régler des factures d’eau, d’électricité, de téléphone, d’Internet, etc. mais également d’acheter des biens et services dans des restaurants, des commerces, petits ou grands, des stations-service, etc. ou encore de payer des frais de scolarité dans les établissements scolaires ainsi que des salaires voire des taxes et impôts. Par ailleurs, depuis le début de l’année 2016, Orange Money a obtenu un agrément d’Etablissement de Monnaie Electronique (EME) de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) pour la Côte d’ivoire, le Mali et le Sénégal et de la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG), qui lui permet de faire du mobile banking dans ses pays.

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Le principal intérêt de l’obtention de ce statut est de ne pas être obligé de s’affilier à une banque commerciale pour opérer et de pouvoir par ailleurs accorder des prêts dans le cadre d’opérations de micro crédit. Ainsi au Sénégal, les clients disposant d’une carte Orange Money, peuvent retirer de l’argent directement dans les guichets automatiques de banque (GAB) des établissements bancaires affiliés au Groupement interbancaire monétique de l’Union économique et monétaire ouest africaine (GIM-UEMOA) et faire des transactions entre leur compte bancaire et leur compte Orange Money.

Cela étant, il existe quelques freins au développement du mobile money tels que la faible, voire l’absence, d’interopérabilité entre les plateformes utilisées par les différents opérateurs qui limite fortement l’accès et l’utilisation de ces services financiers ou encore les accords d’exclusivité que les opérateurs de téléphonie mobile peuvent signer avec tel ou tel prestataire de services et qui interdisent, de fait, aux clients des autres opérateurs d’opérer des transactions avec ces prestataires.

Le succès d’Orange Money ne doit pas nous faire oublier que le mobile money a vu le jour au Kenya avec le lancement de M-Pesa par Safaricom avant de se répandre à travers le continent africain. Son succès s’explique par le faible taux de bancarisation et le faible déploiement des réseaux postaux, qui constituent une entrave à l’inclusion financière et au développement économique. Cependant, l’irruption du numérique dans ce secteur provoque d’importantes disruptions avec d’une part des opérateurs de télécommunications qui concurrencent désormais les banques et d’autre par des établissements bancaires qui proposent des applications mobiles.

Au Sénégal, face à Orange Money, les offres se multiplient et les services se diversifient. Tigo Cash, Joni Joni, Expresso E-money, Wari, Tam Tam, PosteCash, Intouch et d’autres encore se disputent vigoureusement des parts d’un marché en plein essor.

Ces tendances fortes, posent avec acuité, la nécessaire coordination des activités de régulation, dans un contexte de convergence de l’économie numérique, qui dépendent jusqu’à présente d’autorités et d’instances spécialisées. S’il est trop tôt pour désigner le vainqueur de ce qui s’annonce comme un combat de titans, il est clair que c’est celui qui saura se montrer le plus innovant qui triomphera.

Alex Corenthin
Secrétaire aux relations internationales