Des acteurs et spécialistes des technologies de l’information et de la communication ont invité vendredi à Dakar les députés sénégalais à amender le dernier alinéa de l’article 27 du projet de loi portant code des communications électroniques, une fois soumis à leur examen, compte tenu des risques de ce passage fait selon eux peser sur le « dynamisme » du numérique, la liberté d’expression et l’accès à l’information.
« Nous demandons que le code qui est positif dans sa globalité soit amendé par les députés quand cela leur sera présenté’’, a déclaré Abdou Khadre Lô, spécialiste des technologies de l’information et de la communication, lors d’un point de presse.
« Vous êtes les députés du peuple et il faut voir ce qui est de l’intérêt des populations sénégalaises », a ajouté M. Lô, directeur et fondateur de Primum Africa Consulting, s’adressant aux parlementaires sénégalais.
Des experts des TIC rencontrait des journalistes pour leur faire part de leur craintes relatives à l’article 27 du projet de loi portant code des communications électroniques du Sénégal, lequel menacerait de leur point de vue l’accès des citoyens sénégalais aux applications de téléphonie par internet, à savoir WhatsApp, Facebook Messenger, Skype, Viber, entre autres.
Selon Abdou Khadre Lô, il est important que cet article soit amendé afin que « le dynamisme du numérique et la paix sociale soient préservés pour libérer l’espace numérique économique, libérer les citoyens qui s’activent et pour une avancée démocratique ».
« Le code dans son ensemble est progressiste, mais cet aliéna permet aux opérateurs de faire l’usage qu’ils veulent de la gestion du trafic. Alors que ce terme n’est pas défini dans le code », a-t-il fait valoir.
Le spécialiste fait observer que « beaucoup de séries télévisées sont sur Youtube, des start-ups dépendent de l’Internet et quand on gère le trafic pour éviter une cogestion, cela peut avoir des conséquences dramatiques sur tous ces acteurs ».
« Ce projet, s’il n’est pas amendé, risque d’ouvrir une brèche pour les opérateurs qui vont s’y engouffrer pour limiter l’utilisation à WhatsApp », a soutenu l’enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis, Mamadou Diouma Diallo.
« Internet est devenu un lieu de prise de parole, de sociabilité et on porte atteinte aux droits à la connexion, à l’accès à l’information et à la liberté d’expressions si ce sont les opérateurs qui régulent le flux », explique-t-il.
« La neutralité de l’Internet veut que tous les citoyens puissent disposer des mêmes droits. Si cette neutralité est atteinte dans son principe, on peut être dans des logiques de discrimination qui auront comme conséquence l’injustice », a-t-il prévenu.
SK/BK
Texte: par APS