lundi, décembre 23, 2024

Faut-il abandonner le développement d’applications natives en Afrique pour la PWA ?

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Le mobile est l’avenir, pour ne pas dire le présent de l’Afrique en matière d’inclusion technologique et de l’accès à l’Internet. Faudrait-il le rappeler, nous avons fait notre saut temporel (Leapfrogging) et avons réinventé les usages, notamment niveau secteur financier. L’innovation frugale demeure notre ADN, et pour plusieurs raisons, les organisations africaines devraient-elles se passer du développement d’applications natives, des boutiques d’applications propriétaires dans l’objectif d’impulser davantage l’accès aux contenus et services web, dans nos contrées à la connectivité encore aléatoire ? Ma réflexion.

C’est un fait avéré. La majeure partie du temps d’utilisation d’un smartphone s’effectue dans des applications, temps principalement divisé entre Facebook, Youtube et Instagram. Bien dommage ! Ainsi, la proportion de téléchargement de nouvelles applications est moindre par rapport à la pléthore existante ( ~5 millions d’applications mobiles sur Apple Store + Google Play + Microsoft). comScore, (Entreprise américaine d’analyse publicitaire réputée), dans son rapport consacré aux usages mobiles de l’an 2017 dit que « 51% des utilisateurs ne téléchargent aucune application mensuellement ». (Dév africains, wake up buddy !). Il apparaît dès lors que la navigation mobile web reste l’autre proportion de temps que les mobinautes utilisent, soit pour faire des recherches, soit pour autre chose.

« 51% des utilisateurs ne téléchargent aucune application mensuellement » comScore (2017)

Historique

Lorsque l’iPhone a été lancé de façon brute de décoffrage en 2007 sous nos mirettes de geek  , il a révolutionné le paysage mobile en termes d’utilisation. Coup de génie de feu Steve Jobs, un pan entier d’une nouvelle industrie naquit, des studios et agences spécialisées en développement applications fleurissent. Les téléphones sont devenus intelligents grâce aux applications mobiles [ Logiciel applicatif développé spécifiquement pour un appareil électronique mobile]. Pour installer ces applications développées pour une plateforme déterminée, il faut passer par la case soumission aux « magasiniers » d’applications . Deux grands magasins d’applications se partagent le marché dans le monde (Bizarre non ?) : Apple Store et Google Play. Ces deux là, non seulement le développeur paie pour avoir le droit d’y déposer le fruit de son labeur (un investissement, comme dirait l’autre!), mais ils, tels de puissant faiseurs de roi, décident selon leurs propres règles si oui ou non l’application est valide pour publication ou pas; que tu sois un Etat, une multinationale, ou simplement une petite structure. Voila un fondement du web qui est malmené dès le départ. Une petite illustration de ce que cela voudrait dire – les Etats soumettent leur « Apps officielles » aux géants américains – La souveraineté numérique ne peut s’épanouir dans ce genre de tableau.

1 contenu, 2 développements, voire 3 ??

Je cligne des yeux chaque fois que je vois ou entends ceci quelque part : « Pour le moment l’application n’existe que dans sa version iOS®, le portage Androïd® arrivera plus tard« . Ceci pour dire que  les organisations qui ont un projet de développement, le font généralement sur les deux plateformes, avant soumission aux stores et généralement, le contenu ou service délivré, est le même. Ce qui entraîne une double dépense et un temps conséquent qui est perdu. Dépense qui pourtant pourrait servir dans l’amélioration du contenu ou en tout cas de l’expérience utilisateur (UX) si les tâches étaient concentrées à destination d’une une seule plateforme.  Plateforme accessible , trouvable, atteignable et non contraignante. Tien! Cela me rappelle le WEB, ou la solution de la Fondation Mozilla, B2G, devenue FireFox OS pour démocratiser l’accès applicatif sur le mobile avec les technologies issues du Web. Solution qui hélas, incomprise n’a durée que le temps d’un crépitement de flammes et fut enterrée rapidement, malgré les tentatives de phœnix de la communauté Open Source tel que le projet Astian OS, de la faire renaître de ses cendres.

Du RWD, à FireFox OS et maintenant PWA

La définition des écrans et moniteurs de consultation a considérablement évoluée ces 15 derniers années. Le web statique est passée au web dynamique et de Ajax au CSS3 en passant par les CMS et les Framework, un site web qui n’est pas adaptatif (la disposition du contenu s’adaptant au terminal de l’utilisateur) est déclassé sur les moteurs de recherches. L’onomatopée de la Y Generation  « Google est ton ami » en devient « Google est ton Dieu« . Ainsi le Responsive Web Design (RWD) est le standard pour assurer sa présence en ligne.

FireFox OS, à travers la Fondation Mozilla, fidèle à sa philosophie et son ADN (le Web, l’Open Source, la Liberté) propulsa le projet selon lequel, le web est et devrait être la plus grande plateforme applicative mobile au monde de par le développement des Web Apps. En effet, selon la démarche que la Fondation propose,  les technologies web doivent supplanter les stores des géants puisque déjà éprouvées techniquement, accessibles, gratuites, équitables et surtout totalement libre de droit. Projet qui semblait utopique, a subit multiple rebondissements, tantôt abandonné, tantôt forké et pourtant a évolué aujourd’hui et adopté par ces mêmes géants pour devenir la Progressive Web App (PWA). Attention je ne dis pas que les Web Apps sont devenues la PWA, mais que cette dernière est une évolution naturelle des Web Apps.

Les Progressive Web App (PWA) vont remplacer petit à petit les applications natives.  

Lancées en début d’année 2017, les PWA (Progressive Web App), selon la tendances, vont être amenées à remplacer petit à petit les applications natives. Une illustration frappante est TheVerge lors du lancement de son nouveau site web a choisi de ne plus maintenir ses applications mobiles au bénéfice du 100% Responsive Design. La PWA est le rejeton du meilleur des deux mondes, application native + web app car  l’expérience utilisateur y a une place prépondérante. C’est avec l’utilisateur en point de mire que les développeurs se tournent vers un panel de technologies issues du Web, d’outils et de bonnes pratiques. Objectif : établir en retour de nouveaux standards, sur le web, et sur tous les types d’écrans.

Lire Développement de sites web : le programme mJangale initie des élèves au codage informatique

 La PWA une affaire de géants. Encore ?

Initiative de Google,  les premières Progressive Web Apps n’étaient conçues que pour son navigateur Chrome, tout systèmes confondus et dans la foulée, tonton Google fournit des tips ainsi que des outils de développement disponibles en open-source que sont : Les Framework Polymer et Angular avec l’extension Chrome, Lighthouse.

infographic stores apple google-microsoft

infographic stores apple google microsoft

« Certaines fonctions nécessaires à leur fonctionnement comme la gestion des notifications ou les service worker n’étaient pas initialement supportées par Safari chez Apple et Edge chez Microsoft. Il y a quelques mois, en août 2017, Apple a communiqué sur le lancement d’un projet de mise en œuvre des service workers dans la version Open Source de son Webkit, socle de Safari.

Microsoft a récemment annoncé que les PWA seront bientôt supportées par Microsoft Edge. Comme évoqué lors de la conférence BUILD 2017, Microsoft a confirmé l’arrivée des PWA dans le Windows store disponible avec Redstone 4, une mise à jour Windows 10 prévue début 2018. »

La PWA en clair c’est quoi ?

Il s’agit en fait d’un site Web dans sa version mobile qui ressemble à une application mobile native, tant au niveau de l’expérience utilisateur que de ses fonctionnalités : Possibilités d’ajouter l’icône de l’app à l’écran d’accueil du smartphone, d’activer les push notifications, chargement rapide du contenu grâce au cache et du support des Service Worker , accès aux modules GPS (Geofencing), camera, micro, vibreur etc.

Progressive Web App vs Native mobile Apps

Progressive Web App vs Native mobile Apps

Les 10 règles d’une application Web progressive (PWA) selon Google

• Progressive : Elle est construite sur un principe d’amélioration constante

• Adaptative : S’adapte à n’importe quel format : bureau, mobile, tablette etc.

• Indépendante de la connectivité : Elle peut fonctionner hors ligne ou sur des réseaux de mauvaise qualité

• App-like : Ressemble à une application

• Fresh : Toujours mise à jour grâce au processus de déploiement et de mises à jour rapides

• Sécuritaire : Fonctionne via HTTPS

• SEO-Friendly : C’est facile pour les moteurs de recherche d’indexer leurs contenus

• Réengageante : Rend le réengagement facile grâce à des fonctionnalités telles que les notifications push

• Installable : Permet aux utilisateurs d’ajouter des applications qu’ils trouvent les plus utiles à leur écran d’accueil sans les tracas d’une boutique d’applications

• Linkable : Permet aux utilisateurs de partager facilement l’application un URL

Les avantages et les désavantages d’utiliser une Progressive Web App

Avantages
• Meilleur taux de conversion
• Indépendance pour une entreprise de déployer des nouvelles versions rapidement
• Ne nécessite pas du code supplémentaire comme une application native
• Fonctionne à même le navigateur de l’utilisateur
• Rien à installer à partir de Google Play ou du Apps store
• Relativement moins chère en coût de développement

Désavantages
•Les Progressive web app conviennent principalement pour les applications simples.
•Les fonctionnalités web hors-ligne utilisent le stockage local et ne sont pas disponibles sur Safari pour le moment.
•Les PAW n’ont pas accès à toutes les API du téléphone (exemple : Bluetooth). Mais certaines API sont disponibles après autorisation par l’utilisateur, telles que le GPS, la caméra et le microphone

Source http://uxconseil.com

Conclusion

En Afrique, il existe encore des zones ou la vitesse de la connexion à Internet laisse à désirer en 2018. Le mobile est déjà pleinement entré dans les usages, mais malheureusement la mainmise des géants du web sur la trouvabilité et l’accessibilité des applications et la dépense aux stores sont à considérer avec la plus grande rigueur. Miser sur le mobile est extrêmement louable puisque l’avenir est au mobile mais en maîtriser tout le processus, du développement à la diffusion tout en ne négligeant pas l’expérience utilisateur, semble primordiale pour garder sa souveraineté numérique. La Progressive Web App est une option sérieuse à prendre en compte.

Liens utiles : Google Progressive Web Apps

Blog IPPON.FR : Progressive Web App