dimanche, novembre 24, 2024

La littératie numérique, une solution contre les dérives sur Internet et bien plus.

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Internet et les réseaux sociaux sont de formidables outils de communication et de partage. Les informations y circulent à la vitesse de l’éclair et le nombre d’internautes ne cesse d’augmenter au fil des années.

Selon le rapport Digital 2018 publié par la plateforme Hootsuite et l’agence We Are Social, la barre des 4 milliards d’internautes a récemment été franchie, ce qui correspond à plus de la moitié de la population mondiale. Parmi ces internautes, 3 milliards utilisent les réseaux sociaux et 9 fois sur 10 via des appareils mobiles. Le rapport révèle également que l’Afrique affiche la plus forte croissance du nombre d’internautes en 2017 avec une progression annuelle de 20 %.

Récemment, des évènements relayés sur les réseaux sociaux au Sénégal ont suscité de nombreux débats passionnants et passionnés sur la question de l’usage d’Internet et des réseaux sociaux en
général.

Les affaires Amy Collé Dieng, Ouleye Mané, Penda Ba ou encore le phénomène Assane Diouf pour ne citer que ceux-là, ont donné l’occasion aux Sénégalais de débattre sur des sujets relatifs à la liberté d’expression, à la frontière entre domaine privé et public dans l’espace numérique, à l’obsolescence de la loi, etc. Là où certains voyaient dans ces cas des situations de dérapages voire de graves dérives, d’autres considéraient cela comme diverses manifestations de la liberté d’expression.

Ces questions sont légitimes et ont permis de faire avancer les débats, cependant, un élément majeur a, selon moi, été occulté ou très peu inclus dans les nombreux échanges et c’est la question de la formation et de la sensibilisation aux outils numériques. Internet jadis cantonné dans les cybercafés, les écoles, les universités et au sein d’une minorité de familles, s’est brusquement invité ces dernières années dans la vie quotidienne d’une grande majorité de Sénégalais avec l’arrivée de la mobilité et notamment des téléphones intelligents. Le taux de pénétration du mobile est passé de 34,31 % en 2007 à 103,25 % en 2017.
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Nombreux sont ceux qui se sont retrouvés à utiliser ces technologies du numérique sans avoir eu la moindre formation ; sans aucun mode d’emploi sur une utilisation efficace, éthique et sécuritaire de ces derniers. Aujourd’hui encore, rares sont ceux qui pensent au milliard d’utilisateurs de Facebook ou aux 29 millions d’utilisateurs de WhatsApp avant de poster une vidéo potentiellement compromettante.

Et dans ce contexte où Internet est de plus en plus facile d’accès, il ne serait pas superflu, bien au contraire, de regarder de plus près le concept de littératie numérique et d’envisager sa mise en place afin de permettre à chaque citoyen d’acquérir les compétences nécessaires pour utiliser les technologies du numérique à bon escient.

La littératie numérique peut être définie comme étant l’ensemble des aptitudes et connaissances permettant d’utiliser, de comprendre et de créer du contenu numérique.

En d’autres termes, elle permet au citoyen d’avoir les compétences techniques de base pour utiliser de manière efficace un ordinateur ou n’importe quel autre dispositif ainsi qu’une série de logiciels et d’applications, d’être en mesure de comprendre, de mettre en contexte, d’évaluer et surtout de poser un regard critique sur les informations véhiculées par les médias numériques.

Particulièrement dans un contexte mondial de désinformation, de fake news, de théorie du complot et autres hoax.

Les avantages de la littératie numérique sont nombreux (développement de l’innovation et de la créativité, augmentation de la production, etc.) et des pays comme le Sénégal gagneraient à lui
donner plus de place et de poids, voire à en faire la pierre angulaire de leur stratégie numérique. La littératie numérique permet non seulement d’endiguer certaines dérives en promouvant des
comportements et pratiques éthiques, mais également et surtout de passer d’une société majoritairement consommatrice de contenus numériques à une société plus proactive au sein de laquelle les citoyens auront les aptitudes et connaissances leur permettant de participer et de contribuer pleinement à l’économie numérique.

Pour en arriver là, les investissements d’infrastructures doivent être accompagnés d’investissements du même ordre dans des programmes de formation et de sensibilisation. Il est également nécessaire d’impliquer les acteurs clés du secteur public et privé incluant les spécialistes du numérique, les juristes ainsi que les intervenants dans les domaines de l’éducation, de la formation professionnelle et de la sensibilisation au grand public dans les stratégies de mise en œuvre de la littératie numérique.

En contribuant à l’avènement d’une culture et d’une citoyenneté numériques, les gouvernements permettront à leurs citoyens d’acquérir les compétences nécessaires pour s’extraire notamment d’une utilisation essentiellement de divertissement au profit d’une participation active à la compétition mondiale.

Oumar Watt