vendredi, décembre 20, 2024

L’irruption des technologies numériques dans l’espace du politique impose t-elle la notion de démocratie fermée ?

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Les théoriciens politistes retiennent que se sont les régimes autoritaires/totalitaristes sont ceux que l’on peut qualifier de « fermés ». La fermeture était jusque là retenue comme une caractéristique ou un attribut d’une dictature qui s’appuie sur une démarche unilatérale et « militarisée » d’information. La notion de fermeture faisait alors référence à la rétention de l’information « publique »et à son inaccessibilité. Le secret et la confidentialité entourent toutes les informations de l’Etat.  La presse et la liberté d’expression paient un lourd tribut à l’autel de la violation des droits de l’homme et la confiscation de la parole libre. Les dossiers criminels sont estampillés « raison d’Etat ».

Cependant aujourd’hui, force est de reconnaître qu’il faut évoquer la notion de « démocratie fermée » en considérant les gouvernements dit démocratiques qui, de manière volontaire, ne partagent pas les informations sur les politiques publiques, ne mettent pas de dispositifs pour dialoguer avec les citoyens et de surcroit ne veulent pas saisir l’opportunité que donnent les Technologies de l’Information et de la Communication pour communiquer avec les citoyens.

Cela est d’autant plus intéressant qu’il faut constater que les politiques, quand ils le souhaitent ou quand ils en ont besoin, font usages des TIC pour se faire entendre et faire passer leurs messages surtout pendant les compétitions électorales et il faut aussi reconnaître que la plupart des hommes politiques sont dans les réseaux numériques et les plateformes citoyennes en général ou politiques en particulier pour écouter et suivre les débats de citoyens mais quand ils s’agit de mettre en place des dispositifs pour écouter les avis et les propositions des citoyens sur certaines questions, les initiatives venant des gouvernants sont quasi inexistantes. Ce qui expliquent cette prise d’aussi des réseaux numériques par les citoyens pour donner un écho de leur contestation mais aussi de leurs contributions expertes pour la construction d’un destin national meilleur.

A ce jour, même si les structures nationales physique ou virtuelles de dialogue ne font pas l’unanimité autour d’elles, il faut avouer les difficultés objectives relatives à l’encadrement, l’accessibilité, la diversité, la pluralité et l’expertise citoyenne qui sont les gages d’un dialogue et d’une concertation pertinents et crédibles.

En effet, la participation politique peut-elle se limiter à des élections ? Le citoyen peut-il se contenter uniquement de ses représentants et de des institutions ? Aujourd’hui, contrairement aux années précédentes l’avènement des TIC et la connaissance approfondie du modèle de démocratie représentative et de ses contradictions comme le décrit à juste titre l’ouvrage de Bernard MANIN, les Etats connaissent des limites objectives dont la participation citoyenne peut être une solution pour lui redonner le souffle et plus de légitimité. C’est la raison pour laquelle, la conscience de la nécessité d’une ouverture des démocraties modernes en saisissant les opportunités que leur donnent les TIC doit être considérée comme une orientation majeure pour sauver ce modèle politique qui s’éloigne de plus en plus de l’idée de ses fondateurs.

Les limites et les défauts de la démocratie représentative sont de plus en plus constatés et imposent une remise en cause des systèmes politiques qui sembles les plus élaborées et les plus achevées et cela « délégitime » les décisions des gouvernants et accentuent également les « abstentions électorales » qui sont une preuve non négligeable du « désintéressement » des citoyens à l’égard de la politique. Au chapitre du mouvement de remise en cause, l’on peut inscrire les technologies citoyennes plus connues sous l’appellation anglaise de « Civic tech ».

Ainsi, le concept de démocratie fermée fait référence en s’opposant à celle du gouvernement ouvert relativement au programme de Partenariat pour un Gouvernement Ouvert (PGO) qui, il faut le reconnaître est une bonne initiative mais dont les engagements de transparence dans la gestion des affaires de l’Etat et de publications des données des pays membres restent encore des vœux pieux dans une certaine mesure.

Fernand Nino MENDY