Ce n’est pas nouveau : le e-commerce est en train de complètement exploser en Afrique. Les ventes en lignes pourraient atteindre 45 milliards d’euro en 2018, contre seulement 7 en 2012. En même temps, l’Afrique, avec ses 54 pays et sa population de plus d’1 milliard d’habitant – dont 21% d’internautes – représente un terrain d’opportunité incroyable pour le e-commerce. Et qui dit e-commerce, dit aussi livraison, et donc, logistique ! Alors que dans le monde entier, la logistique connaît une véritable révolution digitale, qu’en est-il en Afrique ?
Une connexion Internet principalement mobile
Même si la pénétration Internet est encore faible en Afrique – 20% – elle se fait majoritairement via mobile, à plus de 60%. Cette connexion à Internet via téléphone mobile pose de nouveaux enjeux : le nombre de data est limité, la taille de l’écran est plus petite que celle d’un ordinateur, etc. Pour y faire face, Jumia a notamment collaboré avec MGN au Nigéria, en ne décomptant pas les data utilisées sur l’application éponyme entre août 2015 et janvier 2016.
La livraison du dernier kilomètre : un poste d’investissement indispensable
Également, seuls 15% à 20% de la population africaine possède un compte en banque. Les sites de e-commerce ont donc dû trouver des alternatives au paiement par carte bancaire, beaucoup utilisé en Europe et aux États-Unis. Le paiement en espèce lors de la livraison est très répandu et représente plus de 90% des commandes en Afrique.
S’ajoutent à cela le faible taux d’adresses postale et la quasi absence de routes – seules 14% des routes sont goudronnées au Kenya et 60% de la population vit à plus de 2 km d’une piste bitumée. La livraison du dernier kilomètre doit donc faire face à une triple difficulté. Non seulement, les livreurs doivent trouver l’adresse, mais en plus, s’y rendre, et recevoir directement le paiement de la commande. Pour faire face à cela, Jumia a notamment mis en place un système performant de vérification des commandes et a développé des réseaux de livreurs spécialisés par région, souvent équipés de moto pouvant contourner le problème de réseau routier. Dans tous les cas, une chose est sûre : ils investissent énormément dans la livraison du dernier kilomètre, par exemple via leur propre service de logistique Jumia Services.
Télécharger l’infographie complète.
L’émergence de nouveaux acteurs digitaux
Jumia est loin d’être le seul acteur africain en termes de logistique. ZemExpress, par exemple, fonctionne comme AmazonFlex et UberFreight aux États-Unis, en mettant en relation des coursiers et des personnes voulant envoyer un colis (professionnels ou particuliers) au Bénin.
Bifasor propose un service similaire pour les professionnels, en permettant aux expéditeurs de directement entrer en contact avec les entreprises de transports au Ghana, en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso.
Enfin, certaines entreprises se penchent sur la livraison par drones, à l’instar de Paps et Drones Africa – pour les produits “classiques” – ou de Zipline – qui livre des poches de sang par drones au Rwanda. Les drones permettent notamment de palier au manque de routes goudronnées.
Que nous réserve la suite ? L’Afrique va-t-elle suivre les États-Unis, ou sont développer les taxis-drones et autres camions autonomes ?
Camille Richer ( TradeMachines) pour Socialnetlink.org