Le gaming s’impose au Sénégal comme une industrie en pleine effervescence. Selon une étude menée par SENGAMES, l’association nationale des gamers créée en 2011, le pays recense désormais 1,7 million de joueurs actifs. Une donnée qui confirme l’ancrage croissant du jeu vidéo dans les habitudes culturelles et économiques des Sénégalais.
Pour établir cette estimation, plusieurs indicateurs ont été croisés : une population de 18 millions d’habitants en 2024, un taux de pénétration des smartphones de 55 % — soit environ 9,9 millions d’utilisateurs — et un taux d’adoption du gaming estimé à 10 % parmi ces utilisateurs mobiles. En affinant l’analyse pour intégrer également les adeptes du jeu sur consoles et PC, tout en évitant les doublons, SENGAMES parvient au chiffre global de 1,7 million de gamers actifs.
Ce dynamisme est porté par l’accessibilité grandissante aux smartphones et à l’internet mobile, qui démocratisent l’expérience vidéoludique, jusque dans les régions les plus reculées. L’étude souligne également que cette tendance place le Sénégal parmi les marchés les plus prometteurs en Afrique de l’Ouest.
En effet, le Sénégal compte une communauté vibrante qui a organisé plus de 100 événements locaux au cours de la dernière décennie. Fort de 13 ans d’expérience, SENGAMES et ses partenaires ont permis au Sénégal de briller au-delà de ses frontières, avec plus de 30 participations à des événements esport internationaux.
L’écosystème sénégalais s’enrichit également de plus de 500 000 vues cumulées en streaming, 4 clubs professionnels actifs, et surtout, une reconnaissance continentale et mondiale : 5 titres de champions d’Afrique sur des jeux phares comme FIFA, PES, Mortal Kombat et PUBG Mobile, ainsi que 2 titres de champions du monde sur EA FC et Guilty Gear Strive IV.
Ces performances traduisent non seulement un engouement populaire, mais aussi l’émergence d’un véritable vivier de talents compétitifs, prêts à hisser le Sénégal parmi les nations fortes du gaming international.
Un secteur à fort potentiel économique et culturel
Longtemps sous-estimé, le gaming s’affirme aujourd’hui comme un levier de croissance économique et une vitrine d’innovation culturelle. À l’échelle mondiale, l’industrie du jeu vidéo domine le secteur du divertissement : 183,9 milliards de dollars de revenus en 2023, contre 128,98 milliards pour la musique et le cinéma combinés. Une progression continue qui pourrait porter le marché à 207 milliards de dollars d’ici 2026.
Pour SENGAMES, fort de ses 13 ans d’engagement, ces chiffres doivent inciter à un investissement massif dans la structuration de l’écosystème local : développement d’événements e-sportifs, création de studios de production, et mise en place de formations professionnelles dédiées aux métiers du gaming.
L’Afrique : le nouvel eldorado du gaming
Le Sénégal n’est pas seul dans cette dynamique. Plus largement, l’Afrique est identifiée comme un marché d’avenir pour l’industrie mondiale du jeu vidéo :
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41 % de la population africaine a moins de 15 ans, assurant un réservoir démographique exceptionnel pour les années à venir.
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60 % des amateurs d’esport africains ont entre 13 et 24 ans, un public jeune, connecté et passionné.
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En 2021, le marché du gaming en Afrique était évalué à 6,3 milliards de dollars, avec une croissance annuelle estimée à 10 %.
Avec sa jeunesse, son adoption rapide du numérique, et un engouement croissant pour l’esport, le Sénégal est idéalement positionné pour devenir un acteur régional incontournable du gaming africain.
Une industrie à structurer pour capter les opportunités
Face à cette dynamique, les défis sont nombreux : structuration du secteur, soutien à l’entrepreneuriat local, création de contenus africains compétitifs, professionnalisation des compétitions esportives… L’enjeu est de transformer cette base massive de joueurs en véritable moteur économique, en favorisant l’émergence de développeurs, de créateurs de jeux, de commentateurs esportifs et d’organisateurs d’événements.
Le rapport de SENGAMES envoie donc un message clair : le gaming est une opportunité stratégique pour le Sénégal. Encore faut-il savoir l’accompagner et la valoriser à travers des politiques publiques adaptées et des investissements ciblés.