Mouhamadou Moustapha Faye, DG de KF Titrisation : « la titrisation gagnerait en notoriété avec des incitations fiscales »

Le Directeur Général de KF Titrisation, Mouhamadou Moustapha Faye, plaide pour un cadre fiscal incitatif afin d’accélérer le développement de la titrisation en Afrique de l’Ouest. Un enjeu crucial pour diversifier les sources de financement et structurer les économies africaines.

L’avenir du financement des économies africaines pourrait bien passer par un instrument encore trop peu connu du grand public : la titrisation. C’est le constat sans détour de Mouhamadou Moustapha Faye, Directeur Général de KF Titrisation, première société de gestion de FCTC à capitaux privés sénégalais qui intervenait dans un entretien avec le Magazine Africa Business . Dans un échange riche et didactique, ce spécialiste des marchés financiers rappelle que la titrisation, bien encadrée, peut jouer un rôle stratégique dans l’allocation de l’épargne vers des secteurs clés comme l’immobilier, les infrastructures ou l’industrie.

« L’industrie de la titrisation gagnerait en notoriété, si des dispositifs d’incitation fiscale étaient mis en place », déclare-t-il.

La titrisation : un levier sous-exploité pour le financement africain

La titrisation consiste à transformer des créances illiquides en titres financiers vendables sur le marché. Pour les entreprises, cela permet de générer rapidement des liquidités à partir de créances détenues, sans alourdir leur passif. Pour les investisseurs, c’est l’accès à des produits structurés adossés à des actifs réels, donc mieux sécurisés.

Selon Moustapha Faye, cette technique financière permettrait notamment à l’État et aux grandes entreprises de résorber les retards de paiements et de redynamiser leur capacité d’investissement. Mais pour cela, il faut surmonter les freins culturels et réglementaires.

Des freins à lever : fiscalité, perception, complexité

La titrisation reste marginale dans l’espace UEMOA, malgré un cadre réglementaire clair établi depuis 2010. Pourquoi ? Parce que la méconnaissance de l’outil, son association à la crise financière de 2008, mais aussi l’absence de mesures fiscales incitatives freinent son adoption.

« Une réduction de la fiscalité, notamment dans l’immobilier, permettrait de rendre les produits issus de la titrisation plus attractifs », explique M. Faye, évoquant des perspectives concrètes comme les Residential Mortgage Backed Securities (RMBS).

Il propose également d’élargir la base d’actifs éligibles et d’introduire des innovations telles que la titrisation synthétique ou les fonds de dettes pour les projets d’infrastructures.

Un cadre réglementaire robuste pour limiter les risques

Conscient des inquiétudes post-2008, le dirigeant insiste sur la robustesse du dispositif réglementaire dans l’UEMOA, notamment via l’AMF-UMOA. De nombreux garde-fous existent : mécanismes de rehaussement de crédit, obligations de transparence, implication d’agences de notation indépendantes.

KF Titrisation : 166 milliards FCFA mobilisés, deux opérations de référence

Depuis sa création en 2021, KF Titrisation s’est imposée comme un acteur de premier plan. En trois ans, l’entreprise a réalisé deux opérations majeures : la première titrisation de SONATEL, avec la participation de la SFI et d’investisseurs internationaux, et une seconde avec le Groupe Banque Atlantique, première opération multi-cédants du marché régional. Avec plus de 150 milliards FCFA d’actifs sous gestion, la société veut aller plus loin et devenir un catalyseur du financement innovant en Afrique de l’Ouest.

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