Maram Kaïré, DG de l’ASES : « nous nous acheminons vers la fabrication de la première constellation de satellites » | Socialnetlink

Maram Kaïré, DG de l’ASES : « nous nous acheminons vers la fabrication de la première constellation de satellites »

Promouvoir la science pour mieux relever les défis du développement. C’est la conviction de Maram Kaïré. Dans cet entretien, le directeur général de l’Agence sénégalaise d’études spatiales explique les enjeux et opportunités des sciences spatiales. Il estime que le Sénégal a une position de leader à conforter grâce à des initiatives prometteuses.

En tant que militant des sciences, pensez-vous que le Sénégal ait vraiment pris la pleine mesure du potentiel des sciences spatiales ?

Oui, parce qu’il y a des actes forts qui ont été posés. Ces dernières années, nous avons déjà eu la création de l’Agence sénégalaise d’études spatiales qui est la 22e agence créée sur le continent africain. C’est une course actuellement vers l’espace et beaucoup de pays africains sont en train de faire des efforts pour créer leur agence d’État. Donc, quand le Sénégal décide de créer cette agence spatiale, c’est qu’il y a un vrai intérêt à s’organiser pour saisir les opportunités en rapport avec l’industrie spatiale. Il faut aussi dire qu’on a compris l’importance de l’utilisation des services qui proviennent de l’espace.

Au-delà de cela, il y a beaucoup de projets qui sont en gestation pour pouvoir développer le secteur spatial à travers son écosystème. Les entreprises sont en train de se mettre en place avec des startups qui s’y intéressent de plus en plus.

Justement, quel peut être l’apport des sciences spatiales pour l’économie sénégalaise ?

Aujourd’hui, ce qu’il faut comprendre, c’est que les feuilles de route que vous avez au niveau national viennent s’adresser de façon directe à l’Union africaine qui vise à développer ce que l’on appelle l’économie du savoir. L’objectif est d’aller vers une indépendance en termes de création de richesses, et les sciences spatiales sont au cœur de cette transformation.

Si vous prenez aujourd’hui un pays comme le Sénégal où nous allons mettre l’accent sur l’éducation, la santé et l’agriculture, il y a forcément des réponses par rapport au développement de solutions d’énergie et d’assainissement. Sur la santé qui est fondamentale, si un hôpital ne peut pas être en mesure de bénéficier de télé-expertise en termes de diagnostic ou de positionnement du citoyen, cela veut dire que l’expertise du personnel médical sur le terrain va être limitée.

Dans l’agriculture, aujourd’hui, il y a une question de planification qui vise à se mettre à l’abri de toute perturbation liée à la production et à la transformation. C’est la science spatiale qui nous permet de mesurer la capacité de résilience et de production agricole. Vous savez que dans la production agricole, nous avons des éléments qui sont à bord de satellites pour pouvoir avoir des informations et nous permettre d’optimiser les récoltes.

Donc, en fonction de la planification et de la production, nous devons aussi anticiper des solutions en rapport avec la gestion de l’eau. Il y a également une question qui est liée à la distance, les nouvelles méthodes de circuits courts sont importantes avec l’utilisation de la science spatiale.

Aujourd’hui, nous avons un modèle de planification qui nous permet de voir que sur la période de 10 ans, il y a un certain nombre d’éléments qui vont être mis en place et qui vont nous permettre de savoir comment on va organiser notre espace.

Concrètement, c’est à quel niveau ?

Aujourd’hui, si nous voulons pouvoir structurer des solutions en rapport avec la défense nationale, nous avons besoin de prendre en compte la question de l’altitude. Nous avons deux zones : il y a l’altitude dite basse qui est à 400 kilomètres et qui permet de faire ce qu’on appelle l’observation de la Terre, mais à une plus faible résolution. Ensuite, nous avons l’altitude dite moyenne qui est entre 500 et 1 000 kilomètres de hauteur et qui permet d’avoir une vision plus large.

L’une des plus belles solutions pour nos frontières, c’est ce qui se passe à de faibles résolutions. Aujourd’hui, nous sommes sur des projets de constellations de satellites qui vont être de l’ordre de 100 mètres de résolution. Cela permettra de détecter des mouvements de troupes, de pouvoir observer des zones et surtout de pouvoir avoir des images très rapidement.

Au-delà des questions de surveillance, il y a également la lutte contre le terrorisme. Aujourd’hui, il y a des éléments qui permettent de suivre en temps réel des positions qui sont stratégiques par rapport à la gestion de notre espace.

Enfin, dans le domaine du pétrole et du gaz, il y a des solutions qui sont en rapport avec la gestion des infrastructures. La sécurisation de nos plateformes de pétrole et de gaz, on ne peut pas les mettre à l’abri de fuites, on ne peut pas les mettre à l’abri de tout ce qui est dans le cadre du transport de production, si on n’est jamais à l’abri de fuite ou de résolutions qui ne nous permettent pas de surveiller.

Le satellite nous permet, en passant de façon régulière, de pouvoir établir un système artificiel qui nous donne les informations nécessaires aux autorités rapidement.

En termes d’infrastructures satellitaires, où en est le Sénégal ?

Nous avons commencé la mise en place d’un cadre qui nous permet de structurer les solutions. Aujourd’hui, nous sommes en train de travailler avec des partenaires sur la mise en place d’un cadre juridique et institutionnel qui va nous permettre d’avoir un outil qui sera efficace et qui nous permettra de capter tout ce qui est ressources en rapport avec la gestion du secteur spatial.

Nous avons commencé à réfléchir sur la mise en place d’un centre qui permettra de nous structurer en interne, et ce centre devra être mis en place cette année. Également, nous avons des projets de constellations de satellites qui vont permettre d’aller vers une structuration spatiale du projet que nous avons.

Entretien réalisé par Oumar FÉDIOR du Journal Le Soleil 

La Redaction

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