mardi, février 11, 2025

Donald Trump, sa révolution du bon sens et le « Compter sur ses propres forces »

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20 janvier 2025 : Donald Trump deuxième mandat à la tête des États-Unis d’Amérique.

Discours d’investiture. « Aujourd’hui, je vais signer une série de décrets historiques. Grâce à ces mesures, nous entamerons la restauration complète de l’Amérique et la révolution du bon sens. C’est une question de bon sens ». Et si tôt dit, si tôt fait. De nombreuses agences fédérales ferment et/ou sont promises à la disparition. L’Usaid semble être l’une des cibles privilégiées. Elon Musk n’y va pas de main morte. Il s’agit, dit-il avec force, d’une « organisation criminelle ». Oui, vous avez bien lu. Elon Musk, chargé par Trump de réduire les dépenses fédérales affirme avec aplomb que l’Usaid est une organisation criminelle. On verra bien quelle en sera la suit …
20 janvier 1949 : Harry Truman deuxième mandat à la tête des États-Unis d’Amérique.
Discours d’investiture. « Plus de la moitié des gens dans le monde vivent dans des conditions voisines de la misère. Leur nourriture est insatisfaisante. Ils sont victimes de maladies… Leur pauvreté constitue un handicap et une menace, tant pour eux que pour les régions les plus prospères ».
Ce Président, sans être contemporain de l’émigration clandestine qui décime aujourd’hui la jeunesse africaine à la recherche des «régions les plus prospères », tient là un discours dont on dirait qu’il date d’hier matin et non de soixante quinze (75) ans.
Depuis lors toutes sortes de programmes d’aides à ces pays dits pauvres ont été lancés par les puissances occidentales notamment les anciennes puissances coloniales.
Mais après Soixante quinze ans d’aide quelle est la situation de l’Afrique ? Environ 40 africains sur 100 vivent encore en dessous du seuil de pauvreté selon la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique citée par afrobaromètre en mai 2024. D’autres sources indiquent que « sur les 1,25 milliard d’habitants d’Afrique pour lesquels des données sont disponibles, 593 millions (47%) sont pauvres selon l’IPM (Indice de la pauvreté multidimensionnelle). Sur les 20 pays les plus pauvres du monde les 19 sont en Afrique. Ces chiffres sont plus éloquents que 1000 théories.
On constate toutefois qu’en Asie, en cette même année 1949 où Monsieur Truman entamait son deuxième mandat à la tête de l’Amérique, la Chine sortait d’une guerre de libération nationale de 23 ans contre les puissances étrangères notamment les États-Unis, l’Angleterre et le Japon avec plus de 20 millions de morts. Du fait de cette tragédie, la pauvreté en Chine était à des niveaux indescriptibles. Aujourd’hui la Chine est devenue la première puissance commerciale du monde et s’apprête à être la première puissance économique de la planète.
Quelque chose refuse donc manifestement de bouger en Afrique et c’est ce qu’il nous faut bien voir. En vérité, l’aide ne développe pas celui qui la reçoit mais plutôt celui qui l’octroie. Toute l’histoire récente des nations le prouve. On donne 10 de la main droite pour retirer 100 de la main gauche. Cette réalité n’est aujourd’hui réfutée par personne. Dès lors, que nous reste-t-il à faire ? Compter sur nos propres forces (à distinguer de l’autarcie). Aucune autre issue n’existe. Quelqu’un est-il opposé à cette vérité au point de jeter l’opprobre sur celui qui le proclame ? compter sur ses propres forces ne saurait être un simple slogan. C’est pratiquer, dans le contexte du Sénégal, ce que les nouvelles autorités ont baptisé « L’Agenda de transformation Sénégal 2050 » qui apparaît comme la corde principale qui doit tirer les mailles du filet qui nous libère. S’il y a un sujet qui mérite qu’on en discute et qu’on s’étripe intellectuellement s’il le faut, c’est bien celui de sortir notre pays de cette pauvreté. L’Europe, après avoir été sans retenue à la remorque de Biden, se bouge actuellement afin d’élaborer (un peu tard ?) des stratégies pour faire face aux projets de Trump qui pourraient contrarier ses intérêts. La Chine est prête depuis longtemps à faire face à l’Administration Trump. La Russie de même. En Amérique Latine on s’organise.
Et l’Afrique ? C’est le Sahel et ses guerres télécommandées, c’est le Congo Démocratique en cours de dépeçage, c’est le Soudan en flammes après avoir été partagé en deux parties. Cerise sur le gâteau, Mahamat Faky, Président de la Commission de l’Union Africaine qui a eu le « courage » au moment de boucler ses huit années de mandature, de dire la vérité et toute la vérité sur l’inanité de cette organisation et par conséquent sur l’irresponsabilité de l’essentiel des dirigeants Africains d’aujourd’hui. Il signale dans une lettre-bilan que le conseil de paix et de sécurité ne sert à rien, que le fonctionnement de l’institution dépend de l’aide extérieure et qu’en conséquence il n’y’a ni autonomie ni indépendance et qu’enfin la zone de libre-échange qui aurait pu être un puissant outil de développement est dévoyée par une Union africaine marginalisée devant la bilatéralisation des intérêts en jeu ». En somme rien à attendre de l’UA.
Quant au Sénégal, le contenu du débat laisse penser que tout ce dont il est question aujourd’hui comme défis au plan mondial se déroule plutôt sur la planète Mars loin de nous. Mais Trump se présente comme un véritable électrochoc qui pourrait nous extraire vigoureusement de cette torpeur. Le personnage est pittoresque mais certaines de ses initiatives nous rappellent que nous devons nous soustraire rapidement des controverses sur les sujets sans intérêt qui peuplent notre landerneau médiatique. Il y’a certes une relative complexité du contexte où s’entremêlent plusieurs fronts de lutte :
  • la reddition des comptes et le vacarme qui l’entoure,
  • les réformes majeures qu’attendent le pays face à des intérêts qui restent puissants et qui n’entendent pas abdiquer,
  • le nécessaire ajustement des citoyens et
  • l’organisation du peuple tout entier, non seulement ceux qui ont voté pour le nouveau régime, autour des objectifs clairement identifiés dans « l’Agenda National de Transformation Sénégal 2050 » et décliné dans la Déclaration de Politique Générale (DPG).
Rassembler le peuple. Les Sénégalais qui n’aiment pas leur pays, qui ont détourné les milliards du peuple et pillé ses richesses ne font pas 5% de la population. En effet, 5% de la population représentent près d’un million de Sénégalais. Est-ce qu’on peut imaginer que les personnes à poursuivre et à sanctionner font un million ? Bien sûr que non ! Ils ne font même pas le dixième. Tous les autres sont du peuple avec leurs qualités et leurs défauts, leurs capacités et leurs limites et peuvent, selon certaines conditions, apporter chacun sa contribution dans cette bataille pour recouvrer la dignité. La dignité ce ne sont pas des mots, ça se construit.
Trump évoque le bon sens. Mais le bon sens, dit-on, est la chose du monde la mieux partagée. Il n’est pas une propriété privée du Président milliardaire. Notre bon sens à nous est d’aimer notre pays, d’être fermes dans la défense de ses intérêts et d’être aussi avisés que quiconque d’autre dans le respect et la considération mutuels. C’est la ligne qui est tracée avec netteté par le nouveau régime et qui devrait rallier tous ceux qui prennent véritablement conscience des défis (anciens comme nouveaux) qui agitent notre planète.

Par Mamadou Diop Decroix Officiel (Facebook)