Aissatou Philomene MBOUP Lors d’un atelier organisé à Dakar par Kaspersky, consacré à la sensibilisation sur la cyberhygiène et l’état de la menace cyber au Sénégal, un sujet a particulièrement retenu l’attention : les deepfakes. Ces manipulations sophistiquées de vidéos, d’images ou d’audios, rendues possibles grâce à l’intelligence artificielle et au deep learning, représentent aujourd’hui une menace sérieuse et croissante.
À première vue, les deepfakes peuvent sembler fascinants, mais derrière cette prouesse technologique se cachent des usages frauduleux qui inquiètent de plus en plus les experts. Gladys Salmouth, Responsable de la communication corporate pour l’Afrique du Nord, Centrale et de l’Ouest chez Kaspersky, alerte sur leur potentiel destructeur : « Les deepfakes, notamment vocaux, permettent à des escrocs d’imiter des voix humaines de manière troublante. Aux États-Unis, nous avons déjà vu des cas où des voleurs ont réussi à se faire passer pour des dirigeants d’entreprise, obtenant des virements frauduleux allant jusqu’à 243 000 dollars. »
Ce type d’arnaque, encore méconnu de nombreux citoyens et entreprises, pourrait se généraliser si des mesures préventives ne sont pas prises à temps. Kaspersky met en garde contre l’accessibilité croissante de ces technologies. Autrefois réservées à des experts, elles sont aujourd’hui disponibles à travers des logiciels faciles à utiliser, ce qui les rend d’autant plus dangereuses.
Pour faire face à cette menace, des stratégies existent. Selon les spécialistes, il est essentiel de développer une culture de vigilance numérique. Les vidéos deepfake, par exemple, peuvent être identifiées grâce à des indices subtils : mouvements anormaux, éclairages incohérents ou synchronisation imparfaite des lèvres. Côté deepfake vocal, la mise en place de mots de passe ou de codes secrets entre collaborateurs ou proches peut s’avérer une arme redoutable contre l’usurpation.
La prudence doit également s’étendre à la gestion des données personnelles. Ne pas partager d’informations sensibles sur des plateformes publiques, chiffrer les données avant de les transmettre, et vérifier l’authenticité des messages ou appels reçus sont autant de réflexes à adopter. Kaspersky insiste également sur l’importance de vérifier les liens avant de saisir des informations confidentielles et d’être particulièrement méfiant face aux emails ou publicités promettant des offres trop avantageuses.
Alors que la technologie progresse à une vitesse fulgurante, les deepfakes s’imposent comme une des plus grandes menaces de l’écosystème numérique. La sensibilisation et la prévention demeurent les meilleures armes pour protéger les citoyens, les entreprises et les institutions face à cette nouvelle ère de cybercriminalité.
