Le secteur de la publicité au Sénégal est sur le point de connaître une transformation majeure. Le ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, Alioune Sall, a annoncé que le gouvernement s’engage à faire adopter une nouvelle loi sur la publicité dès le premier trimestre 2025.
Cette réforme vise à moderniser et structurer un domaine resté longtemps désordonné.
Une loi adaptée à l’ère numérique
La dernière révision de la loi sur la publicité remonte à 1983, à une époque où l’ère numérique n’existait pas encore. « Cette loi est obsolète. Elle ne prend pas en compte l’explosion des technologies de l’information et l’évolution numérique, qui représentent aujourd’hui plus des deux tiers des revenus publicitaires, notamment via les GAFAM », a expliqué le ministre Alioune Sall.Cette nouvelle version de la loi inclura des dispositifs modernes adaptés aux défis actuels, tels que la régulation des plateformes numériques, la transparence des transactions publicitaires et la lutte contre les contenus nuisibles.
Au cœur de cette réforme, l’objectif est clair :
- Protéger les professionnels des médias en uniformisant les règles.
- Garantir la transparence dans les pratiques publicitaires.
- Protéger les consommateurs, en régulant les contenus pouvant porter atteinte à la santé et à la cohésion sociale.
- Identifier clairement les acteurs de la publicité, des régies aux agences de conseil, afin de mieux structurer le secteur.
« Nous voulons mettre fin à l’anarchie généralisée où il est difficile de distinguer qui est publicitaire et qui ne l’est pas », a martelé le ministre.
Alioune Sall a également évoqué une subvention de l’État pour les régies publicitaires, similaire au fonds d’appui de 1,9 milliard de francs CFA accordé au secteur de la presse. « Les régies publicitaires n’ont jamais bénéficié du soutien de l’État. Cela doit changer », a-t-il affirmé.
Dans ce cadre, le ministre a également assuré qu’une attention particulière sera accordée aux créateurs de contenus sur les réseaux sociaux tels que TikTok et Facebook. Selon Aliou Sall, les créateurs de contenus doivent être rémunérés : « Le secteur de la publicité représente plus de 500 milliards de dollars, dont les deux tiers sont captés par les GAFAM. Il est temps pour le Sénégal de revendiquer sa part légitime et de faire en sorte que ces importantes ressources financières bénéficient également aux créateurs de contenus locaux.»
Lors de l’ atelier consacré à l’avant-projet de loi, des représentants des régies publicitaires, des associations de presse et du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) se sont réunis pour discuter des avancées. Abdoulaye Thiam, président de l’Association des réseaux publicitaires du Sénégal, s’est réjoui de cette initiative et a exprimé son espoir de voir cette réforme améliorer la réglementation et la pratique de la publicité au Sénégal.