Plusieurs priorités ont été identifiées durant la 19ème réunion annuelle du Forum sur la gouvernance numérique de l’Internet, dans l’optique de favoriser un avenir numérique sécurisé permettant à l’Afrique de promouvoir son développement durable.
La 19ème réunion annuelle du Forum sur la gouvernance de l’internet (FGI), ouverte dimanche à Ryad, a permis de se pencher sur la manière dont l’Afrique peut développer des technologies numériques, dans la foulée de l’adoption, en septembre dernier, du Pacte numérique à New York.
Durant la rencontre, plusieurs sessions ont été organisées par la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (UNCEA) avec les représentants des pays africains mais aussi d’autres participants.
‘’L’objectif était d’examiner, suite à l’adoption du Pacte numérique au mois de septembre dernier, à New York, comment l’Afrique, sur la base de ce pacte, peut développer des technologies numériques pour son développement durable’’, a expliqué Mactar Seck, chef de section des technologies émergentes, innovation et de la transformation numérique à l’UNCEA.
Dans un entretien accordé ce mercredi à l’APS en marge d’une présentation sur les ‘’échanges autour des priorités francophones dans la gouvernance de l’internet’’, Matar Seck a mis en exergue les cinq priorités du pacte numérique.
La première priorité est relative à la manière de réduire la fracture numérique dans un contexte où l’Afrique a atteint un taux de 68% pour la connexion internet et où 800 millions d’Africains n’ont pas accès à la connexion.
‘’Il fallait discuter pour trouver des mécanismes afin d’augmenter les infrastructures au niveau des pays africains. Comment mettre en place une réglementation adéquate mais surtout connecter le monde rural’’, a-t-il expliqué.
L’idée est aussi de ‘’réduire la fracture genre entre les hommes et les femmes avec des orientations stratégiques’’.
Selon lui, ‘’les discussions ont permis de trouver plusieurs pistes, notamment l’implication du secteur privé dans le développement des TIC, qui reste une priorité pour l’Afrique’’.
Les participants ont aussi tenté de voir ‘’comment mettre en place une bonne régulation pour permettre aux Etats et aux intervenants en TIC, de tirer profit de tout cela’’.
L’autre aspect portait sur les infrastructures numériques publiques qui concernent tout ce qui est lié aux services administratifs, financiers et à l’identité numérique, a poursuivi Matar Seck.
‘’L’Afrique a un rôle à jouer en étant leader dans le transfert mobile d’argent. C’est un atout sur lequel on doit se focaliser’’, a-t-il exhorté.
De même, la promotion de l’inclusion numérique a été au centre des discussions. Matar Seck estime qu’il faut pour cela revoir les politiques de développement, assurer le renforcement de la formation en technologies émergentes, la nano technologie, l’intelligence artificielle (IA), entre autres.
Concernant la sécurité du réseau, il prévient que tout effort sera anéanti si les données ne sont pas sécurisées. ‘’L’Afrique doit être un continent souverain dans la gestion des données’’, a-t-il préconisé.
A cet égard, il est ressorti des échanges la nécessité d’une collaboration étroite entre les Etats membres mais aussi au niveau mondial, pour lutter contre la cybercriminalité qui représente près de 10% du produit intérieur brut (PIB) des Etats africains.
Matar Seck préconise de ‘’renforcer les capacités des acteurs en cybercriminalité’’, relevant qu’il ‘’existe un déficit d’experts en la matière’’.
‘’Il faut en plus, revoir et harmoniser notre cadre réglementaire et préparer nos diplomates à l’ère de la cyberdiplomatie, pour un bon usage des TICs’’, a-t-il ajouté.
Concernant la gestion des données, il déplore le fait que ‘’la plupart des données africaines ne sont pas hébergées sur le continent mais dans des serveurs de multinationales’’.
De son point de vue, l’Afrique doit prendre des mesures idoines pour gérer ses propres données.
‘’L’Afrique est un continent spécifique avec un nombre considérable de jeunes. D’après nos estimations, en 2050, la population jeune africaine va représenter 42% de la population jeune mondiale. C’est un atout mais également un inconvénient’’, a-t-il relevé.
Il recommande de mettre en place des stratégies pour une meilleure gestion des données aux niveaux national, régional et international pour le devenir et la sécurité des pays africains.
Pour la cinquième priorité relative à l’intelligence artificielle, il estime que l’Afrique doit être au diapason pour former sa population et mettre en place les politiques nécessaires afin de tirer bénéfice de l’IA.
Source : APS