Malgré le contexte difficile lié particulièrement au Covid-19, la Banque des institutions mutualistes d’Afrique de l’Ouest (Bimao) a réalisé des performances remarquables en 2020.
Avec un résultat net de 2,475 milliards Fcfa, elle a fait mieux qu’en 2019 (1,491 milliard). Soit une hausse de 66%. Dans cet entretien, son directeur général, Mbaye Dione explique les raisons de cette performance, évoque la restructuration en cours de la banque et se fixe comme ambition d’être prochainement le partenaire financier privilégié du système financier décentralisé.
La Bimao s’est inscrite dans une bonne dynamique d’amélioration continue qui passe d’abord par un assainissement de son portefeuille compromis. Cette année encore nous avons sensiblement amélioré le coût du risque avec comme conséquence subséquente un résultat net très important dans le processus en cours de recapitalisation.
En dépit de la pandémie de Covid-19, et pour la première fois depuis de longues années, vous affichez un résultat bénéficiaire de plus de 2,5 milliards. Comment expliquez-vous cette performance ?
Ce résultat est le fruit d’un travail acharné sur le point faible de la banque, qui est le poids de ses créances compromises. Une bonne stratégie de recouvrement a permis de réaliser des résultats remarquables. Les performances notées ne sont pas le fruit du développement, il faut le noter puisque la banque n’a pas encore les fonds propres requis pour attaquer le marché avec des produits adéquats. Une mise en conformité des fonds propres en cours avec les autorités de tutelle permettra à la banque de mieux jouer son rôle, avec une très bonne restructuration permettant une prise en charge optimale de sa vision et ses orientations stratégiques.
Où en êtes-vous dans la restructuration de la banque ?
C’est notre priorité number one. C’est la principale mission qui nous a été assignée par le Conseil d’administration de la banque. La restructuration financière de la banque suit son cours. Plusieurs investisseurs étrangers ont marqué leur intérêt à intégrer le capital de la Bimao avec des offres fermes.
L’actionnaire majoritaire de la banque, l’Uccms, leader du secteur de la microfinance, pour des raisons stratégiques, veut garder le contrôle. L’option retenue pour le moment est une prise en charge des besoins en fonds propres par cette institution qui en a les capacités.
Quelles sont les perspectives de la Bimao?
La Bimao ambitionne d’être le partenaire financier de référence du système financier décentralisé(Sfd). Elle veut se positionner comme une mini banque centrale pour ces structures qui n’ont pas accès aux services de la banque centrale.
La finalisation de la restructuration permettra à la banque de jeter les bases de son développement et de jouer pleinement son rôle au sein du système financier.
Par son agrément unique comme Banque des institutions mutualistes d’Afrique de l’Ouest, l’institution BIMAO-SA est le réceptacle naturel des fonds destinés au refinancement des Systèmes financiers décentralisés. En ce sens, elle peut participer très sensiblement à la diminution des taux d’intérêt des Sfd par une offre de ressources reçues de l’Etat et des partenaires à des taux concessionnels.
Par ailleurs, nos services internes ont déjà mis au point, dans une dynamique d’accompagnement et de prise en charge des besoins des Sfd, une solution d’identification instantanée des virements reçus par le client. C’est déjà une réponse à un besoin spécifique et très important des Sfd, nos principaux partenaires et/ou clients.
Et dans le cadre de sa restructuration, une convention a été signée entre la Bimao, le ministère des Finances et du Budget, le Fonsis, le Crédit mutuel du Sénégal qui en est l’actionnaire majoritaire. Avec ses indicateurs financiers encourageants, les investisseurs qui ont commencé à se manifester pour entrer dans le capital de la banque seront rassurés des bonnes perspectives de la Bimao.
Parce que la BIMAO ambitionne de se positionner dans le futur sur son cœur de métier originel, la banque des Imf de la sous-région. La Bimao recapitalisée se présente comme un levier très important pour le développement des Sfd et du secteur de la microfinance.