Dans la sphère privée comme dans la sphère publique, on pilote une stratégie avec des ressources, des contraintes et des objectifs. Ensuite, des différences fondamentales feront que les qualités requises divergent. En voici quelques-unes:
1. Dans le privé, il y a des actionnaires exigeants alors que dans le public il y a des citoyens tolérants qui ignorent leurs droits.
2. Dans le privé, il y a des concurrents qu’il faut surveiller en permanence alors que dans le public il y a des entités rivales dont-il faut juste astucieusement s’accommoder.
3. Dans le public, il y a un cadre réglementaire qu’on peut ajuster à coup de dérogations ou de lois, alors que dans le privé, les textes fondamentaux sont immuables.
4. Dans le privé on paie des impôts, on est attrait devant les tribunaux, on dépend des banques, on peut faire faillite alors dans le public, le contribuable est un investisseur déréglé qui avalent des successions de promesses sans jamais pouvoir retirer ses billes.
5. Dans le privé, la gouvernance est encadrée et les droits des salariés garantis. On est souvent très bien payé lorsque les affaires sont florissantes et on a une faible marge de manœuvre pour s’enrichir illicitement. Dans le public, on évolue dans un championnat d’incohérences (grosses ambitions pour petits budgets, petit salaire adossé à un pouvoir démesuré, tolérance très élevé à l’absence de résultats, ingérence politique permanente, possibilité d’être médiocre et de le rester sans conséquence, …
6. Dans le privé on est obligé de faire de la croissance , d’investir judicieusement, de motiver son personnel, d’optimiser son organisation, de calibrer ses recrutements, d’être en intelligence avec sa gouvernance, d’influencer son écosystème réglementaire, de conserver ses clients, de gérer ses fournisseurs, … alors que dans le public la faillite est quasi impossible et le marché ne sanctionne pas. Ainsi, pour y faire des prouesses, il faut faire don de sa personne, avoir un sens de la responsabilité très prononcé, être revêtu d’une générosité à l’endroit de son peuple et avoir l’instinct d’un combattant invincible qu’aucune critique n’affaiblit.
Un dirigeant dans le public comme dans le privé sera souvent condamné sans procès ou plébiscité sans résultats. On lui prêtera des qualités alors qu’il est entrain de les acquérir et on lui décernera des trophées alors qu’il est entrain de construire les résultats qui le justifient. Il peut faire la une des magazines pendant qu’il coule sa boîte.
Quand au dirigeant qui est propriétaire de ce qu’ il dirige où qui croit l’être, il souffrira du syndrome du sachant et fera souffrir son entourage des travers du tyran.
PS :
En hommage à un père qui a servi dans le public et dont je ne cesserai d’imiter la façon d’être. Il est mon idole et mon inspiration. Si j’en parle pour la première fois, c’est parce que j’ai accepté sa compagnie à distance.