Ce 30 Juillet 2024, le Président de la république a présidé la cérémonie de remise de prix aux lauréats du concours général.
Cette fête de l’excellence peut créer l’émulation entre élèves et entre établissements; c’est une bonne chose.
Mais si l’on en juge par la baisse du niveau général des élèves, ceux qui sont excellents peuvent être considérés comme des valeurs aberrantes ou « outliers » (terme utilisé en statistique) ; c’est-à-dire des exceptions
Malgré l’engagement constant de l’Etat pour le secteur de l’éducation, les urgences sont nombreuses pour le relèvement de la qualité.
✍️ Un effort budgétaire considérable mais des performances à améliorer
En 2024, le budget de l’éducation nationale dépasse les 900 milliards, celui de la formation professionnelle est de plus de 90 milliards alors que l’enseignement supérieur est doté d’un budget de plus de 300 milliards. C’est pratiquement 20% du budget national qui est affecté à ces 3 ministères.
La baisse constatée du niveau général des élèves peut être la conséquence d’un écosystème éducatif perturbé (mauvaises conditions d’apprentissage, qualité douteuse) ou d’évaluations biaisées.
Pour beaucoup de parents, l’enseignement public n’inspire plus confiance alors que l’enseignement privé a du bon et du moins bon. Même ceux qui n’ont pas les moyens envoient leurs enfants dans le privé, surtout à Dakar.
✍️ Les urgences du système éducatif
Le constat est unanime, les études sont trop longues au Sénégal. Jusqu’en terminale on a du mal à savoir à quoi servent certaines matières qu’on apprend. Si on est chanceux, on a la réponse lorsqu’on intègre le marché du travail; cette réponse est souvent « elles ne servent à rien, pour notre profil ». La révision des programmes dans le sens de leur allègement est une urgence.
Le déploiement efficace des enseignants sur l’étendue du territoire, en termes de spécialité, est une autre urgence. Il n’est pas rare de voir des établissements qui manquent de professeurs dans certaines spécialités alors que globalement il y en a suffisamment pour tout le système.
La rupture d’avec un système éducatif très élitiste est urgente. Autrement dit, il faut adopter une approche plus pragmatique visant à permettre la révélation du talent de chaque élève. Le système doit lui donner une chance de mettre en valeur ce talent, au lieu de l’éjecter sans s’occuper de la valorisation des autres acquis qu’il a eu à capitaliser à l’école et qui pourraient être utiles au système productif du pays.
S’il y a un problème dans l’élémentaire et dans moyen-secondaire, il y a un vrai problème à l’université qui est encore plus élitiste alors qu’il n y a aucune sélection à l’entrée. Certaines universités ou certaines facultés ont des problèmes d’infrastructures qui font d’elles des lycées d’enseignement supérieur; une autre urgence.
Pr Abou KANE
FASEG/UCAD