Le directeur général de la Petrosen (Société pétrolière du Sénégal), Alioune Guèye, a informé hier que la société doit 800 milliards de francs CFA aux opérateurs.
Il s’exprimait au cours d’un dialogue entre les députés et Petrosen Holding sur la transparence et la redevabilité dans le domaine extractif, organisé par le Forum civil.
Hier, au cours d’une rencontre d’échanges entre des parlementaires et la société Petrosen sur la transparence et la redevabilité des projets pétro-gaziers au Sénégal, son directeur général a déclaré qu’ils doivent près de 800 milliards de francs CFA aux opérateurs.
En effet, a expliqué Alioune Guèye, cela est dû au fait que dans les contrats qui ont été négociés auparavant, pour la partie prospection, la Petrosen ne devait absolument rien payer, ce qui est toujours le cas. Mais, précise-t-il, pour la partie développement et exploitation, les parts de la Petrosen doivent être payées par la Petrosen.
Selon lui, pour le développement de Sangomar, qui a coûté près de cinq milliards de dollars à l’État du Sénégal et plus de huit milliards de dollars pour le développement de GTA, les parts de Petrosen (18 % pour Sangomar) doivent être payées par la Petrosen.
Cependant, dit-il, puisque la Petrosen et l’État du Sénégal n’avaient pas cet argent, ces compagnies leur ont accordé des crédits. “On nous a prêté de l’argent à des taux d’intérêt très élevés, 6,5 %, et ça va nous coûter 800 milliards de francs CFA, en plus des intérêts qu’on va payer”, a-t-il expliqué.
Renégociation des contrats pétroliers
Revenant sur la question de la renégociation des contrats pétroliers, très chahutée par les députés, le directeur général de la Petrosen les a rassurés que la renégociation des contrats est une normalité dans la pratique contractuelle.
Selon lui, chaque contrat inclut des clauses de renégociation. En effet, a-t-il fustigé, “beaucoup de gens se sont évertués à faire peur aux Sénégalais, en leur disant que la renégociation n’est pas possible, qu’en renégociant, le Sénégal pourrait perdre beaucoup d’argent, ce qui n’est pas tout à fait vrai”.
À l’en croire, “aujourd’hui, dans les mêmes contrats qu’on dit BP et Cosmos, qui sont des partenaires dans GTA, ils sont en arbitrage, c’est-à-dire qu’ils sont en train de renégocier des contrats qu’ils ont tous signés”. De même, poursuit-il, “BP est également en arbitrage avec un fournisseur avec lequel elle avait signé des contrats”.
Pour le DG de Petrosen, “tous les pays le font tous les jours. C’est pourquoi ils ont un tribunal arbitral. Le Sénégal a la main forte dans ces renégociations. Nous avons la forte certitude que le Sénégal va avoir gain de cause dans ces renégociations, tant dans la manière dont les contrats ont été octroyés dans le passé que par ce qui se passe aujourd’hui dans les mêmes contrats”, a-t-il rassuré les parlementaires qui tiennent cette question à cœur.
Audit des coûts pétroliers
La renégociation concerne également, fait savoir Alioune Guèye, les coûts pétroliers. À ce sujet, dit-il, ils sont dans des phases d’audit qui ont montré que certains coûts ont été inclus dans les coûts pétroliers, alors qu’ils ne devraient pas y être. De même, a-t-il souligné, les parts que le Sénégal a par rapport à ces contrats pétroliers seront aussi renégociées.
En novembre 2023, a révélé le DG de la Petrosen, “BP, qui avait 60 % des parts du bloc de Cayar, s’est retirée. Le Sénégal, qui devait exercer son droit de préemption, ne l’a pas fait. Aujourd’hui, dit-il, ces 60 % sont au profit de Cosmos, qui a 90 %, alors que nous avons 10 %”.
À en croire Alioune Guèye, même les 800 milliards de francs CFA de dettes seront renégociés en faveur du Sénégal. Le DG de la Petrosen a rassuré que toutes ces questions seront mises sur la table des renégociations pour faire en sorte que le Sénégal puisse avoir sa part qui lui revient véritablement. Parce que, soutient-il, “on ne peut pas, en tant que nation de 18 millions de Sénégalais, avoir nos ressources et qu’en fin de compte, on n’en tire que 10 ou 20 %. C’est totalement inacceptable et nous ne l’accepterons pas. Nous allons renégocier au profit des Sénégalais”.
Dans le même ordre d’idées, M. Guèye a souligné que le Sénégal ne possède aucun droit de veto sur les décisions concernant le pétrole, contrairement à la Mauritanie qui possède un droit de veto de 7 %. À l’en croire, aujourd’hui, si le Sénégal veut agir et que la Mauritanie est contre, il est obligé d’abandonner.
La Petrosen a sollicité l’aide des parlementaires afin de devenir régulatrice pour pouvoir sanctionner en cas d’irrégularités.
Avec Enquêteplus