mardi, juillet 2, 2024

Le numérique et la fin du monde – par Ibrahima Nour Eddine DIAGNE

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Le numérique est une dimension qui s’applique à tous les aspects de la vie économique et sociale d’une nation. Son impact est de plus en plus prononcé car il est passé de simple support à déterminant. Initialement conçu pour améliorer les processus en qualité et en temps, il a progressivement été un modèle économique et le moteur des mutations sociales et économiques.

Il ne peut plus être considéré comme un secteur qui se construit de façon autonome et qui influence d’autre secteur. Il a désormais une existence diffuse et à chaque étape de son évolution, il conditionne de nouvelles réalités économiques et sociales qui elles-mêmes redéfinissent la gouvernance, la citoyenneté en rendant obsolète des réglementations, des formes d’organisation et des approches qui jadis permettaient de définir l’efficacité et la performance.

La croissance économique est la mesure de l’évolution de la somme des valeurs ajoutées des entités économiques d’un pays d’une période à une autre. Les entreprises produisent de la valeur ajoutée en utilisant des ressources dont le facteur capital et le facteur humain, dans un marché dicté par les lois de l’offre et de la demande. La notion de marché est sans doute le critère central autour duquel les entreprises compétissent pour générer de la valeur ajoutée.

Chaque entreprise doit accroître sa productivité pour accroitre sa compétitivité et donc dégager de la valeur ajoutée. Le numérique est devenu un élément qui redessine la géographie du marché, la performance de la production et les modes de consommation ainsi que les modèles économiques. Tout cela impacte sur la capacité d’une économie ouverte à générer des emplois. Les emplois ne sont plus prisonniers des frontières géographiques. Un pays peut voir son tissu économique à terre par le faits de facteurs étrangers à son contrôle, comme il peut aussi créer des emplois massifs en faisant juste en sorte qu’il y ait adéquation entre sa capacité à produire des compétences et les attentes exponentielles du marché international.

La notion de disruption qui correspond à la capacité d’une technologie à redéfinir de façon radicale la dynamique d’un marché est une réalité qui échappe aux mécanismes traditionnels de prévisions et de planification des entreprises comme des États. De nombreux exemples de disparition, de transformation ou d’émergence d’industries ont été notés au cours de ces trois dernières décennies. Le divertissement, le voyage, l’hôtellerie, la finance, la cinématographie, la presse, le livre, le commerce, la restauration, la médecine, l’enseignement, le transport,… sont quelques secteurs qui ont lourdement été redessinés par le numérique tant dans leur modèle économique que dans leur mode de prestation.

De ce qui précède, il est essentiel de retenir les points suivants :

  • Le numérique n’est pas un secteur mais un déterminant.
  •  Le numérique redessine l’économie et la société.
  •  Le numérique est la nouvelle clé de compétitivité des entreprises.
  •  L’Etat régalien s’affaiblit avec le fait numérique.
  • La mondialisation est devenue un risque et le protectionnisme un remède pour contenir la vague numérique.
  •  Les approches traditionnelles de fabrication des compétences sont de moins en moins adaptées aux nouvelles dynamiques du marché de l’emploi.
  • La naissance, la transformation et la disparition des industries (sens secteurs d’activités) a atteint une vitesse rendant caduque les approches traditionnelles de prévisions de de planification.

En résumé, le numérique est désormais un levier stratégique, qui oblige toutes les politiques publiques et tous les écosystèmes à redéfinir leur modèle économique, leur logique d’appropriation et leurs critères de mesure de la performance.

Son appropriation par toutes les composantes de la société, son caractère quasi indispensable à l’évolution de tous les secteurs de la vie économique et sociale, en fait une dimension dont l’intérêt n’est plus seulement cloisonné en vertical dans sa dimension technologique.

La croissance économique, l’emploi, l’autonomisation financière des jeunes et moins jeunes de même que l’efficacité de l’action publique sont entièrement tributaires du niveau d’appropriation de la dimension numérique, de son usage intensif dans tous les secteurs avec pour finalité, l’efficacité, la création de valeur et la capacité à générer de nouvelles opportunités en dehors du marché de référence.

Ibrahima Nour Eddine DIAGNE