Le blogueur guinéen Djibril Agi Sylla, jugé coupable de séjour irrégulier au Sénégal, est actuellement détenu à la Division des investigations criminelles (DIC). Il est exposé au risque d’être renvoyé vers son pays. Alioune Tine attire l’attention sur les conséquences graves d’une extradition vers la Guinée où il pourrait être confronté à des persécutions.
Recherché par Conakry, le blogueur guinéen a été arrêté au Sénégal pour séjour illégale. Hier, le tribunal de grande instance hors classe de Dakar l’a reconnu coupable de cette infraction. Par conséquent, le sort du blogueur « Agi le King 224 » dépend désormais du ministre de l’Intérieur, le Général Tine, qui détient le pouvoir de l’expulser du Sénégal à tout moment.
Son extradition donnerait une très mauvaise impression à l’international
Joint au téléphone par la rédaction de SenePlus, Alioune Tine, fondateur d’Afrikajom Center, affirme que le Sénégal ne devrait pas procéder à son extradition, craignant qu’il ne soit victime de tortures aux mains des autorités de son pays.
« L’extradition de ce blogueur risquerait de ternir l’image du Sénégal, qui est actuellement saluée à l’international pour sa démocratie. Ce serait donc un signal négatif pour le nouveau gouvernement dirigé par Bassirou Diomaye Faye. »
Le défenseur des droits de l’homme souligne que « depuis l’époque du président Léopold Sédar Senghor, le Sénégal a une longue tradition d’hospitalité et de protection des personnes persécutées dans d’autres pays. Le pays est respecté en tant que terre d’asile, et cette tradition devrait être préservée, surtout maintenant que nous avons un gouvernement dont les militants ont été ciblés, condamnés… lorsqu’ils étaient dans l’opposition. »
Alioune Tine rappelle ainsi que le Sénégal a accordé l’asile à beaucoup de persécutés dans le monde. Dès lors, le jeune blogueur Djibril Agi Sylla ne devrait pas être extradé.
Le Sénégal s’expose à être poursuivi devant les cours des droits de l’Homme, notamment la cour de la Cédéao
Interrogé par Rfi, son avocat, Maître Amadou Aly Kane soutient qu’il « n’existe pas un texte sénégalais qui permette de le condamner pour séjour irrégulier, parce que c’est un ressortissant de la Cédéao, il est dans l’espace communautaire, il est un réfugié politique – quelqu’un qui fuit la persécution dans son pays. »
Par conséquent, il ne doit pas être refoulé. Car, on « ne peut pas refouler quelqu’un dans un pays où il fuit la persécution, où il court donc en danger pour sa vie. En violant des textes communautaires, en violant des textes du droit international des droits de l’Homme, le Sénégal s’expose à être poursuivi devant les cours des droits de l’Homme, notamment la cour de la Cédéao. Et donc, il serait bon qu’il y ait une décision de principe qui puisse affirmer avec force qu’un ressortissant de la Cédéao ne peut pas être en séjour irrégulier dans l’espace communautaire. »
Source: Seneplus