Le nouveau président de la République, démocratiquement élu, se voit confier la lourde tâche de résoudre plusieurs enjeux critiques dans le secteur des TIC au Sénégal. Porté par un mandat de 5 ans et une volonté de métamorphoser le Sénégal en une plateforme numérique de référence pour l’Afrique de l’Ouest, le gouvernement de Diomaye et Sonko nouvellement investi fait face à une série de dossiers urgents, legs d’une gestion antérieure émaillée de controverses et de procrastination notable.
Au centre de cette transition stratégique, le Ministère de la Communication, des Télécommunications et de l’Économie Numérique, autrefois scène de manœuvres opaques et de gigantesques projets, appelle aujourd’hui à une réforme et à une restructuration profondes. L’ère précédente, sous l’égide de l’administration sortante, a vu s’accumuler des scandales financiers, restés dans l’ombre pour plus d’une décennie, marquant l’urgence d’un audit complet et d’une refonte des orientations stratégiques.
Révision stratégique : une exigence pour l’ère numérique
L’ambition de positionner le Sénégal comme leader numérique est confrontée à l’impératif de réexaminer la stratégie « Sénégal Numérique 2025« . Prévoyant des investissements de l’ordre de 1.362 milliards de FCFA, répartis sur 28 réformes et 69 projets, le gouvernement de Diomaye Faye est appelé à conduire un audit rigoureux pour évaluer les progrès réalisés et redéfinir les priorités, afin d’assurer l’émergence d’un secteur privé dynamique et innovant dans un écosystème numérique florissant.
Entre privatisation et transparence : le dilemme de l’ex-ADIE
Le nouveau président est également confronté à la nécessité de clarifier le rôle et les missions de l’ex-ADIE, récemment transformée en SENUM, une entité «état- privée». Cette mutation, contestée par de nombreux acteurs du secteur, soulève la question de la concurrence équitable avec le secteur privé et de la gestion transparente des ressources numériques de l’État.
Focus sur les projets gouvernementaux : audits indispensables
Dans cette perspective, le nouveau gouvernement de Diomaye Faye doit passer en revue et auditer plusieurs initiatives clés, telles que la mise en place de la 4G LTE Fixe et l’acquisition des licences de la 5G avec l’ARTP, la gestion du FDSUT, dont la transparence laisse à désirer.
La digitalisation des actes d’état civil et le programme « Accès numérique universel », visant à améliorer la connectivité dans les zones périphériques, ainsi que le programme NEKKAL, financé par l’UE à hauteur de 17 milliards FCFA, sont autant de projets nécessitant une évaluation minutieuse pour garantir un accès équitable et sécurisé aux services numériques pour tous les Sénégalais.
Avec le développement croissant des projets dans le secteur des transports, il est crucial que l’État revoie également la régulation des VTC ainsi que le secteur postal, qui souffre d’anarchie dans les services de livraison.
Vers une gouvernance renforcée des données et des infrastructures technologiques
Le cas épineux du PTN, devenu Sénégal Connect Park, mérite également l’attention du nouveau président. Ce projet majeur, retardé et nécessitant un investissement supplémentaire de l’État à hauteur de 8 milliards , souligne l’importance d’une gestion efficiente des ressources technologiques nationales.
Dans le secteur des télécoms, l’épineux dossier de la TNT et les scandales financiers qui l’entourent ne doivent pas échapper à la vigilance du nouveau gouvernement.
Le ministre qui sera chargé du secteur dans le nouveau gouvernement de Bassirou Diomaye Faye devra renforcer la Commission des Données Personnelles, essentielle à la protection de la vie privée et à la sécurité des données au Sénégal.
Sécurité en ligne et souveraineté numérique : priorités du président Diomaye Faye
Dans son programme, le président Diomaye Faye avait mis en avant l’importance de la sécurité en ligne pour les citoyens. C’est le moment pour le chef de l’État de se pencher attentivement sur les multiples accords dans le domaine de l’IA et du big data, notamment le récent Mémorandum d’Entente avec PRESIGHT Artificial Intelligence, qui avait soulevé des questions quant à son impact sur la souveraineté numérique du pays. le Datacenter de Diamniadio, le suivi des programmes sur la cyberecurité ect.
Le nouveau régime doit aussi dresser un bilan des progrès du projet de la start-up Act au Sénégal, visant à faciliter l’accès des jeunes entreprises aux marchés publics et à des avantages fiscaux.