Au Mali, le projet d’urgence de filets sociaux (Jigisémèjiri) protège les ménages ruraux les plus pauvres et les plus vulnérables de l’impact des chocs économiques et d’autres crises. Depuis le lancement du projet en 2013, le gouvernement malien, avec le soutien de la Banque mondiale, a déjà accordé des transferts monétaires à plus de 103 000 ménages. Cet appui, rendu possible notamment par un financement de l’IDA d’un montant de 122,4 millions de dollars, permet aux bénéficiaires de répondre à leurs besoins urgents, d’investir dans le capital humain de leurs enfants et de renforcer leur résilience.
En 2021, le programme a mis en place avec succès des transferts monétaires mobiles pour près de 3 000 ménages dans la région de Mopti, en remplacement de la méthode traditionnelle de distribution en espèces. Les bénéficiaires ont constaté que l’utilisation des technologies mobiles pour accéder à leurs paiements était plus facile, plus rapide, plus sûre et moins coûteuse. Une évaluation récente du projet pilote, soutenue par l’Initiative G2Px (a), a fourni des preuves solides, ouvrant la voie à l’expansion des transferts monétaires par téléphone mobile dans les programmes de filets sociaux.
Habituellement, ces transferts sont distribués aux bénéficiaires en espèces dans des points de paiement, à une date spécifique. Cependant, la communication concernant les dates de paiement peut être lente dans les zones reculées de la région de Mopti. Ce qui signifie souvent que les bénéficiaires doivent organiser rapidement leur transport depuis leur village pour atteindre les points de paiement à temps, interrompant ainsi leur travail ou leurs occupations familiales. Comme le décrit un homme : « Nous recevons l’information le jour même où le paiement doit être effectué. Souvent, l’information arrive alors que nous sommes déjà partis travailler. Nous devons donc interrompre notre travail pour aller chercher l’argent, ce qui représente pour nous un inconvénient majeur. »
Les transferts d’argent mobile offrent une plus grande flexibilité aux bénéficiaires. Ils reçoivent une alerte par SMS lorsque leur paiement est disponible et peuvent choisir le jour, l’heure et le lieu où retirer leur argent. Ainsi, ils n’ont pas à sacrifier de jours de travail et les paiements peuvent être retirés sans précipitation. Pour ceux qui ont participé au projet pilote de transfert mobile de Mopti, le temps et les coûts de déplacement ont été réduits, voire éliminés. Les agents de transfert d’argent mobile sont facilement accessibles dans la plupart des villages, et les bénéficiaires peuvent souvent se rendre sur place à pied depuis leur domicile.
Le risque sécuritaire au Mali est élevé et les attroupements de personnes peuvent favoriser des activités malveillantes. Avec la méthode de paiement en espèces, d’importants groupes de bénéficiaires se rassemblent le jour de la collecte. Ils doivent souvent attendre longtemps au point de paiement jusqu’à ce que leur village soit appelé pour la distribution, et peuvent ne rentrer chez eux qu’après la tombée de la nuit. Comme le décrit un bénéficiaire : « Lorsqu’il y a un paiement, nous passons toute la journée au bureau municipal. Nous partons de notre village le matin et ne rentrons que le soir – une vraie difficulté pour nous. »
Avec les transferts monétaires mobiles, les bénéficiaires sont mieux protégés contre ces risques et ces retards. Ils sont libres de choisir quand et où retirer leurs paiements, ce qui signifie que moins de personnes se présentent le jour dit et le temps d’attente aux points de service s’en trouve réduit. Avec le paiement mobile, il ne faut généralement pas plus de 15 minutes pour collecter les paiements : « Une fois sur place, ils nous remettent l’argent sans problème. Nous n’avons jamais eu de problèmes avec les files d’attente. »
Pour que les transferts monétaires mobiles fonctionnent, les bénéficiaires doivent fournir une pièce d’identité et avoir accès à un téléphone portable. Par ailleurs un solide réseau d’agents mobiles ainsi que des liquidités suffisantes doivent être disponibles. Le processus d’inscription est simple et, une fois inscrits, les bénéficiaires reçoivent une carte SIM pour les notifications et pour retirer leurs paiements auprès des agents de transfert d’argent mobile. « À dire vrai, nous n’avons rencontré aucune difficulté à aucune des étapes [d’inscription] ». L’accès aux téléphones portables et l’utilisation de l’argent mobile sont déjà largement répandus dans la région de Mopti, ce qui rend cette option encore plus pratique pour la plupart des bénéficiaires.
Même les personnes qui ne savent ni lire ni écrire peuvent utiliser un téléphone avec l’aide de membres de la famille et d’amis de confiance. Une femme explique : « Ma petite-fille est toujours disponible pour me lire mes messages téléphoniques. »
Parmi les opportunités d’études complémentaires, on peut citer l’option d’utiliser les portefeuilles d’argent mobile dont disposent déjà les bénéficiaires pour les paiements par transferts monétaires, la mise en place d’alertes vocales pour les bénéficiaires qui ne savent pas lire, le développement d’un processus de retour d’information par téléphone pour améliorer la communication en amont, et l’éducation des bénéficiaires sur l’utilisation sûre et sécurisée de transferts monétaires mobiles.
Source: worldbank.org
Auteurs
Anne Hilger, Economist
Sarah Patella, Consultant
Tounwende Alain Sawadogo, Senior Digital Development Specialist
Kalilou Sylla, Senior Social Protection Specialist