Il est le clone d’Ousmane Sonko. Même fougue. Même verve. Même tempérament. Même amour pour les arts martiaux. Même look : souvent crâne rasé, barbe bien taillée. Lui, c’est Bassirou Diomaye Faye, Président du Mouvement national des cadres patriotes (Moncap). Il peut se targuer d’être parmi les premiers qui ont cru au projet Pastef/Les patriotes, même s’il ne fait pas partie de ses géniteurs. Au quotidien ‘’L’As’’, il confiait : ‘’J’ai eu l’honneur de concevoir la feuille de route du comité de pilotage provisoire qui a été mis en place, à l’occasion de l’assemblée générale du 4 janvier 2014.’’
Au seuil de ses 40 ans, le jeune leader boxe déjà dans la cour des grands. Derrière ses apparences d’homme candide, à la limite timide et sans histoire, se cache une personne belliqueuse, prête à utiliser même des armes non-conventionnelles pour déstabiliser ses adversaires. L’histoire retiendra cette phrase assassine balancée à la figure du teigneux avocat Maitre El Hadj Diouf, en plein débat télévisé : ‘’Quand il est parti en France violer une jeune fille…’’ Il n’aura jamais le temps de la terminer. Car la robe noire était dans tous ses états. Ici, pour Diomaye, l’objectif était moins d’avoir raison, mais de venger son mentor, face à un de ses adversaires les plus irréductibles.
De Diomaye, un camarade de parti dit ceci : ‘’Il est le portrait craché d’Ousmane Sonko. De tous les responsables, c’est lui qui ressemble le plus à Ousmane, du point de vue du style et du discours. A telle enseigne que beaucoup voient en lui un n°2 de fait, même si Birame Soulèye est statutairement le n°2.’’ A l’appel de la politique, le petit-fils de Ndiouma Cor Faye a résisté pendant longtemps, avant de céder aux avances de son ami Ousmane Sonko. Ensemble, avec leurs camarades patriotes, ils envisagent de combattre le système. Un système au cœur duquel il a pourtant grandi, lui le fils de Samba Ndiagne Faye, responsable connu du Parti socialiste à Ndiaganiao. Ce dernier, informe un proche de la famille, faisait partie des amis de Niadiar Sène (grand responsable socialiste, ancien député). ‘’Aujourd’hui, son père a pris de l’âge, mais il continue de clamer haut et fort qu’il est et restera un socialiste’’, souligne notre interlocuteur.
Très coriace dans l’adversité, Diomaye a de qui tenir, selon les témoignages. Son grand-père est un ancien combattant de la Grande Guerre (14-18). Ce dernier, rapportent d’ailleurs nos sources, s’était battu avec véhémence pour inviter les Sérères de son terroir à amener leurs enfants à l’école. Et il fut l’un des premiers à donner l’exemple en inscrivant son fils, le père de Diomaye, dans la première cohorte des élèves de l’école élémentaire de Ndiaganiao. C’était en 1945.
Grandi dans cette atmosphère familiale, Bassirou va très tôt se forger un tout autre destin. Un destin contre l’impérialisme vécu par son grand-père. Un destin contre le système soutenu par son propre père. Très vite, il comprend l’importance des études pour aller au-delà de ses ascendants. Présenté comme un garçon très brillant, l’ancien pensionnaire de la mission catholique et du CEM de Ndiaganiao a passé son cycle secondaire au lycée Demba Diop de Mbour, avant de rejoindre, contrairement à son leader, l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, d’où il est sorti avec une Maitrise en droit en 2004. Dans la foulée, il passe et réussit simultanément aux concours de l’Ecole nationale d’administration et du Centre de formation judiciaire/Section magistrature. Celui qui aurait pu devenir magistrat opte pour une carrière dans l’Administration fiscale.
C’est d’ailleurs dans cette administration qu’il a connu son futur leader politique, après avoir cheminé ensemble, pendant très longtemps, au niveau du Syndicat des agents des impôts et domaines. Depuis 2018, il est le secrétaire général de ce syndicat qui a révélé son leader Ousmane Sonko.
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