Si son père Babacar Ngom a bâti l’entreprise, aujourd’hui, c’est elle qui est aux commandes. A 38 ans, Anta Babacar Ngom est la directrice générale de SEDIMA, l’une des plus grosses filiale agroindustrielle du Sénégal. Une entreprise qu’elle a transformée depuis son arrivée. Avec une expérience démontrée de travail dans l’industrie de la production alimentaire, des compétences en gestion de projets internationaux, planification d’entreprise, commerce international, entrepreneuriat et consolidation d’équipe, la jeune entrepreneure n’hésite pas à prendre des risques pour implémenter, investir et conquérir de nouveaux marchés. Son objectif, rendre l’entreprise plus pérenne pour pouvoir la transmettre à son tour. Portrait d’une femme qui ose et qui voit au-delà du bout de son nez !
Née à Pikine au Sénégal, Anta Babacar Ngom a passé son enfance dans la ferme familiale de Malika. Anta Babacar Ngom a grandi dans un environnement difficile. Elle a passé son enfance dans un village privé d’eau et d’électricité et devait parcourir 40 km pour se rendre à l’école. Cela ne l’a pas empêché d’avoir un parcours marqué par l’excellence. A l’âge de 12 ans, elle commence à travailler dans l’entreprise familiale en y effectuant des stages pendant les vacances.
Plus tard, elle s’envole pour le Canada, où elle va étudier. Elle obtient ainsi à l’Université York de Toronto, un Master 1 en économie. Ensuite, elle s’en va en France où elle va valider son Master 2 en Management International de Projets et NTIC, puis son Executive MBA en Communication à Sciences Po Paris.
« Je me suis donné les moyens d’intégrer Paris-Dauphine et Sciences Po en France pour la communication, et l’université York, au Canada, où je suis arrivée major de ma promotion. »
Une fois ses études terminées, elle avait la possibilité de rejoindre l’Organisation internationale de la Francophonie mais elle a préféré intégrer Sedima, l’entreprise pour laquelle son père « s’est battu toute sa vie ».
Après son MBA, elle a travaillé chez HP France ou on lui a proposé de rester mais, elle va préférer rentrer au Sénégal. Son choix, elle le justifie par son amour pour son pays, pour son continent. « (…) On part à l’étranger pour apprendre, pour acquérir le savoir. Mais nous voulons rentrer pour construire, parce que d’une façon ou d’une autre, la jeunesse africaine aujourd’hui est consciente que c’est elle qui va construire ce continent », déclarait Anta Babacar dans une interview.
L’aventure avec SEDIMA !
De retour à la maison, la jeune diplômée, mais surtout passionnée rejoint l’entreprise familiale. « J’ai rejoint cette entreprise en 2009 en tant que stagiaire et à partir de là, j’ai commencé à développer ma vision », raconte-elle. Au cours de cette première année, Anta a travaillé dans l’usine d’aliments pour poulets de Sedima avec son père qui lui a dit ceci : « Maintenant, tu commences par le bas. Personne ne se souciera vraiment de vos résultats scolaires à moins que vous ne soyez meilleur qu’eux dans leur travail. Alors ils sauront que tu es là, pas seulement parce que tu es ma fille. »
Après 12 mois, Anta a pris son premier poste de direction chez Sedima en tant que directrice de la stratégie et de la planification. « Mon travail était de réorganiser l’entreprise et de la remodeler en quelque chose de nouveau, mais basé sur des valeurs africaines fortes et, en même temps, de maintenir l’identité de l’entreprise, car c’est un trésor familial », dit-elle.
« J’avais parcouru le monde et vu comment les choses se faisaient à l’échelle internationale. Ma tâche consistait à trouver le bon équilibre entre le global et le local. Cela impliquait d’intégrer verticalement Sedima et d’approfondir son implication dans divers processus liés à l’aviculture, y compris la production d’aliments pour poulets, la production d’œufs, et même l’immobilier », ajoute-t-elle.
Fin 2015, la jeune femme est nommée PDG de SEDIMA. Dans ses nouvelles fonctions, elle étend l’entreprise géographiquement, développant des partenariats d’exportation avec des voisins comme le Mali, la Guinée équatoriale et la République du Congo. « Dans certains pays, nous investissons seuls, et dans d’autres pays, nous nous associons à des partenaires locaux. Il s’agit de savoir comment être plus forts », explique-t-elle.
Sedima poursuit sa diversification avec un partenariat avec KFC
En effet, sous la houlette d’Anta Babacar, Sedima poursuit sa diversification notamment vers la restauration avec un partenariat avec KFC. On peut donc dire qu’Anta incarne la relève du Groupe leader de l’aviculture au Sénégal.
Admirative de son père, ce brave homme qui est parti de rien pour bâtir cet empire, cette grosse firme agro-industrielle qui existe aujourd’hui au Sénégal, Anta, dit vouloir marquer son temps et laisser un bel héritage à la génération à venir.
Diversifier les produits du groupe, tel est le défi de l’entreprise
En 2017, SEDIMA a investi 3 milliards de francs CFA pour créer le plus grand couvoir d’Afrique francophone. Sa capacité de production s’élève à 30 millions de poussins par an. Elle a également installé le plus grand abattoir d’Afrique subsaharienne. Abattage, plumage, nettoyage etc. Tout y est automatisé. SEDIMA produit jusqu’à 4 000 poulets par heure.
Pour atteindre ses objectifs, Anta a renouvelé ses effectifs et fait de la place à plus de jeunes et de femmes. Diversifier les produits du groupe, c’est le défi que doit relever cette jeune patronne dans les années à venir. L’entreprise veut se lancer dans la production de charcuterie à base de poulet.
Entrepreneuriat et politique
Si certains pensent que ces deux « corps » de métier ne vont pas ensemble, Anta est prêt à faire « sauter » le cliché. En effet, la directrice générale du groupe Sedima s’est engagée en politique il y a peu. Dans une déclaration adressée à ses compatriotes sénégalais, au mois de juillet dernier, Anta Babacar Ngom Diack, a annoncé sa candidature à la présidentielle de 2024.
Exprimant sa vision pour un Sénégal uni et prospère, la jeune épouse et mère de trois enfants a reconnu les défis auxquels son pays est confronté, notamment la division sociale, la pauvreté, et l’incertitude économique, et a exprimé son désir de changer les choses. Elle a ainsi appelé à l’unité et à la mobilisation de tous les Sénégalais pour construire ensemble un projet innovant, ambitieux et bénéfique pour chacun d’entre eux.
Peut-elle braver la présidentielle 2024 ? En tout cas, nous lui souhaitons bonne chance dans cette nouvelle aventure !!!
Avec theafricabusinessindex.com